Communiqué

L’industrie alimentaire oriente nos jeunes vers la malbouffe

27 septembre 2021

Les enfants et les jeunes sont massivement ciblés par les publicités pour des aliments malsains. 83% de produits qui les ciblent sont ultra-transformés et ont majoritairement un Nutri-Score D ou E. L’autorégulation de l’industrie alimentaire est donc inefficace ; c’est ce qui ressort d’une étude menée par Test Achats avec le BEUC et neuf organisations de consommateurs à travers l’Europe. Il est grand temps que l’Europe propose un encadrement légal strict pour enfin protéger nos jeunes européens.

83% de produits ultra-transformés ou avec Nutri-Score D ou E

Au printemps dernier, les experts de Test Achats ont passé au crible les emballages et les publicités diffusées à la télévision et en ligne (YouTube, Instagram et Facebook) de 179 collations pouvant être assimilées à des goûters (biscuits, produits laitiers, compotes, jus et boissons). Les experts ont ciblé les aliments dont l’emballage ou la promotion était conçu pour attirer le jeune public (entre 4 et 16 ans), c’est-à-dire des emballages attrayants, avec des mascottes, des sportifs, des personnages célèbres ou de dessins animés.

Le constat est très alarmant puisque la majorité de ces collations étaient des produits ultra transformés (83 %), le plus souvent avec un Nutri-Score D (28 %) ou E (43 %).  Certaines contiennent de grandes quantités de sucres, de graisses ou de sel. Seules 27 % étaient acceptables d’un point-de-vue nutritif.

 

Critères trop laxistes

Test Achats avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2016. La situation ne s’est donc pas améliorée. Actuellement, il n'existe pas de règles contraignantes à l'échelle de l’UE pour limiter le marketing alimentaire auprès des enfants.  Le seul garde-fou est une initiative volontaire des grandes entreprises alimentaires - appelée "EU Pledge", et dont le pendant belge se nomme le “Belgian Pledge” - visant à restreindre leur marketing. Mais les organisations de consommateurs jugent les critères repris dans ces engagements beaucoup trop laxistes. Ainsi, selon les critères nutritionnels de l’EU Pledge 2021, 68 aliments parmi les 179 analysés par Test Achats peuvent faire l’objet de publicités auprès des enfants alors que, selon les critères nutritionnels de l’OMS, cela ne serait le cas que pour 16 aliments.

 

EU Pledge inefficace

Pour vérifier l’efficacité des mécanismes mis en place, Test Achats, le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) et neuf autres organisations de consommateurs ont sélectionné les exemples de marketing qui enfreignaient les engagements pris dans l’EU Pledge. Ces 81 cas ont été portés devant le "mécanisme de responsabilité" mis en place par le Pledge. Au moment de la finalisation du rapport de cette étude (15/09/2021), sur les 81 plaintes déposées, seules 7 plaintes avaient été retenues par l'EU Pledge, 7 messages publicitaires retirés par les entreprises, et une affaire est toujours en cours. Ainsi, moins de 2 plaintes sur 10 font l’objet d’un suivi digne de ce nom. Non seulement les critères sont laxistes, mais en plus, ils ne sont pas respectés, déplore Test Achats.

 

Test Achats plaide pour un encadrement légal strict

A l’heure où l'obésité et le surpoids touchent un enfant sur trois en Europe et où de nombreuses institutions - dont l’OMS - ont reconnu la forte influence qu'exerce le marketing des aliments malsains sur les comportements alimentaires des enfants, il est urgent d’encadrer la publicité qui leur est destinée” déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats, qui ajoue qu’ “au vu de l'inefficacité de l'autorégulation du marketing alimentaire par l'industrie, nous plaidons en faveur de règles européennes contraignantes qui imposeraient notamment la suppression de l’utilisation de techniques promotionnelles ayant une grande force d’attraction sur les enfants”. “Il y a urgence” conclut-elle. Ce constat et ces recommandations sont par ailleurs partagées par Sciensano qui avait également publié un rapport alarmant à ce sujet il y a quelques semaines.

 

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