Sel : autorégulation ou limites légales ?

Cinq grammes de sel par jour : telle est la quantité recommandée par l'Organisation mondiale de la santé. Mais le Belge en consomme le double ! Un changement de politique s’impose.
Tant l'Organisation mondiale de la santé que notre propre Conseil supérieur de la santé recommandent de limiter la consommation de sel à cinq grammes par jour. Mais en réalité, le Belge atteint le double. Rien d’étonnant en fait dans la mesure où de nombreux produits, comme la charcuterie fine, le fromage et les plats préparés, contiennent énormément de sel. À l'image de ce qui se passe dans d'autres pays européens, la politique en Belgique doit être suivie et ajustée.
À consommer avec modération
L'ingestion moyenne de sel chez les adultes en Belgique est d'environ 10,5 g par jour. Le Conseil supérieur de la santé aimerait ramener ce chiffre à moins de 5 g par jour. Les aliments préparés à l'extérieur surtout, comme le pain, la charcuterie ou le fromage et les plats cuisinés, contiennent beaucoup de sel et représentent environ 75 % de notre consommation quotidienne.
Tout excès de sel est mauvais pour la santé. Il peut ainsi provoquer de l’hypertension artérielle qui, à son tour, augmente le risque de maladies cardiovasculaires. Un excès de sel peut également favoriser le cancer de l'estomac et l'ostéoporose. Selon une étude américaine, une réduction de 1 g par jour seulement aurait déjà un effet positif sur la santé publique !
Réduction progressive
Compte tenu des risques inhérents à une grande consommation de sel, le Conseil supérieur de la santé et le Comité scientifique de l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) ont publié un avis conjoint. Les deux organisations recommandent ainsi une réduction progressive de la consommation de sel, plutôt que de recourir à des substituts de sel. La reformulation des aliments ne peut toutefois pas s'accompagner, par exemple, d'une augmentation de la teneur en graisses ou en sucres. De plus, le produit ainsi reformulé doit répondre aux normes en matière de sécurité alimentaire, tant sur le plan chimique que microbiologique.
L'avis renvoie à une étude australienne indiquant qu'il est préférable d'opter pour une limite légale plutôt que pour une réduction volontaire du sel. Les avantages pour la santé publique seraient en effet bien plus importants. Le pain est à ce jour le seul aliment en Belgique pour lequel la teneur en sel est réglementée par la loi. Pour le reste, notre pays a opté jusqu’à ce jour pour l'autorégulation.
Chose promise, chose due
Malgré les promesses et efforts de l'industrie alimentaire et les campagnes publiques, notre dernière enquête (Test Santé 101 de février 2011) a encore montré que les teneurs en sel dans de nombreux aliments comme les plats préparés, la charcuterie fine ou les apéritifs étaient toujours aussi élevées, si pas plus, qu'il y a quelques années. Le pain et les céréales de petit-déjeuner contiennent par contre déjà moins de sel. Quatre étiquettes sur dix ne font par ailleurs aucune mention de la teneur en sodium.
Nous plaidons dès lors pour une réduction sensible de la teneur en sel et pour une indication obligatoire, claire et uniforme des teneurs en sodium et en sel sur les étiquettes. L'industrie alimentaire belge a ainsi promis de ramener progressivement la teneur en sel de toute une série de produits à 10 % d'ici fin 2012. Gageons que les autorités et l'industrie n'en resteront pas au stade des bonnes intentions et des promesses non tenues. Une approche plus stricte avec des contrôles et des sanctions dans un contexte européen ne serait quoi qu'il en soit, selon nous, pas un luxe superflu.
Quelques conseils en attendant
- Mangez équilibré et varié, et évitez les aliments trop riches en sel comme les céréales de petit-déjeuner, la charcuterie, le fromage, la soupe, les pizzas, les plats préparés, la mayonnaise, le ketchup, etc.
- Goûtez avant d'ajouter du sel !
- Il n'y a pas que le sel pour donner du goût à vos plats. Les herbes, les épices, les oignons et le citron peuvent parfaitement faire l'affaire.
- Préparez autant que possible vos repas vous-même (évitez les plats préparés).
- Lisez toujours les étiquettes et aidez-vous des deux petits aide-mémoire suivants pour les déchiffrer : 1 g de sodium = 2,5 g de sel (NaCl), et un aliment qui, selon l'étiquette, contient 1,2 g sel par 100 g peut être considéré comme riche en sel.
- Empêchez vos enfants de s'habituer dès le plus jeune âge au sel.