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Produits “artisanaux” : encore souvent trompeurs

28 mars 2019

"Façon grand-mère", "Recette artisanale"... Vous en avez l'eau à la bouche. Mais l’allégation ne fait pas le produit. Si la situation a déjà bien évolué, notre dernière enquête montre qu'encore trop d'emballages arborent des descriptions trompeuses. Nous prônons un cadre plus strict.
Qui n'a jamais acheté des biscuits " artisanaux" ou "façon grand-mère" pour y découvrir arômes, émulsifiants, conservateurs, épaississants, colorants... ? Or, n'est pas "artisanal" qui veut. Les lignes directrices édictées en Belgique en 2017 demandent le respect de trois critères : qualité des ingrédients, processus de fabrication et échelle de l’entreprise.

Au hasard des supermarchés, nous avons porté notre attention sur quelques produits présentés comme artisanaux ou similaires afin de vérifier le respect de ces règles. Après analyse des étiquettes, nous constatons qu'il reste encore du pain sur la planche. 

Plusieurs fabricants adaptent leurs emballages

Un an après la mise en place des lignes directrices, nous avons voulu savoir quelles évolutions étaient nées de ces changements. Nous avons donc parcouru les rayons et internet.

Au cours de nos recherches, nous avons trouvé des emballages ou des sites utilisant encore des déclarations potentiellement trompeuses. Nous avons ensuite contacté les producteurs et distributeurs pour leur faire part de nos remarques. Un certain nombre d’entre eux étaient déjà prêts à ajuster les informations jugées trompeuses. D’autres se sont engagés à y travailler. Quelques-uns s’estiment dans leur droit et disent respecter les règles existantes.

Voici 4 exemples de produits analysés pendant notre enquête :

 

Trop de dénominations non réglementées

Mais comment se fait-il que des "madeleines à l’ancienne" composées d’ingrédients industriels se retrouvent encore dans votre caddie ?

D’abord, parce que seule l'utilisation du terme "artisanal" est encadrée. Or, comme toujours, tout se joue dans les nuances. Les descriptions évocatrices comme "gaufres grand-mère", "oignons à l’ancienne", "pain de viande traditionnel", ne sont pas visées par ces limites. Il reste donc encore une panoplie d’allégations à réglementer.

Ensuite, parce que l’utilisation d’images ou de logos qui ont pour objectif d’invoquer le savoir-faire d’autrefois n'est pas non plus réglementée. Or, 71% des répondants à notre enquête trouvent que les termes mais aussi les images peuvent être trompeurs si le produit contient des ingrédients industriels. 32% de nos répondants estiment même qu’un artisan ne peut pas vendre ses produits en grande distribution en conservant le terme "artisanal".

Enfin, le caractère non contraignant des règles belges a ses limites. D’autant que celles-ci ne sont pas applicables aux aliments étrangers qui vous font pourtant de l’œil dans nos rayons.

A quoi vous fier?

Vous ne pouvez pas vous fier aveuglément aux dénominations artisanales des emballages. Mais certains labels fiables peuvent vous aider à y voir plus clair.
Le STG européen (Spécialité Traditionnelle Garantie) par exemple, fait référence à la composition ou au procédé de fabrication traditionnel. C’est l’un des labels les plus anciens et les plus fiables pour les produits régionaux. Il est également étroitement lié à l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et à l’Indication Géographique Protégée (IGP).

En Flandre, le label "streekproduct" est fiable et plus répandu que les labels européens. Au niveau belge,il existe aussi un logo pour les artisans reconnus. Vous pouvez retrouver ce logo ainsi que tous les autres logos utilisés sur les emballages dans notre dossier Labels alimentaires.

A quels labels alimentaires vous fier ?

La réglementation existante doit être affinée

Notre enquête montre que 65 % des répondants pensent que nous devons exiger une meilleure réglementation. Nous estimons effectivement que certains points doivent être revus :

  • Les directives doivent également s'appliquer aux images, photos et marques suggérant un processus artisanal de fabrication (photo d’un cuisinier, d’une grand-mère...). Idem pour les termes tels que "façon grand-mère", "à l’ancienne", "traditionnel", "fait maison" qui font croire qu’il ne s’agit pas d’une fabrication à échelle industrielle.
  • Le terme "à petite échelle" doit être défini de manière plus claire. Combien de personnes cela représente-t-il ? Quelle quantité de production ?...
  • Une définition légale précise avec de sanctions est nécessaire. De préférence au niveau européen. En attendant une telle avancée, les directives belges doivent être appliquées à tous les produits introduits sur notre marché.
  • Les contrôles doivent être suffisants et stricts. Et, le respect des trois critères doit être simultané. Ces critères doivent être cumulatifs.