Réponse d’expert

Eco-score : 3 questions sur le score d'impact environnemental

03 mars 2023
eco score implémenté chez Colruyt

L’Eco-score a été développé pour évaluer l’impact environnemental des produits alimentaires et en informer le consommateur. Ce score environnemental est toujours en développement et n’est pas encore assez fiable. 
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Gwendolyn Maertens
Experte alimentation
En ce qui nous concerne, l'Eco-score est un pas dans la bonne direction. Toutefois, la question est de savoir dans quelle mesure ce score d'impact environnemental est désormais suffisamment mûr pour être utilisé au quotidien.

L’Eco-score est une tentative d’améliorer l’information du consommateur à ce propos. En Belgique, ce label n’est encore utilisé actuellement que par Colruyt Group. Début janvier, on comptait un total de 14 500 Eco-scores en ligne et sur les étiquettes des produits vendus en magasin. Si on se limite aux supermarchés physiques, ce sont quelque 550 produits qui portent ce label sur leur emballage ; il s’agit uniquement des produits de la marque Boni. 

Comment l'Eco-score est-il calculé par Colruyt Group ? 

 

Notre experte alimentation, Gwendolyn Maertens, explique : “Pour calculer cet Eco-score, on procède d’abord à l’analyse du cycle de vie du produit, c’est-à-dire tout son cheminement, des matières premières utilisées au traitement final des déchets”.  

Les résultats de cette analyse du cycle de vie des produits alimentaires sont enregistrés dans la base de données française Agribalyse. Celle-ci respecte dans une large mesure la méthode PEF (Product Environmental Footprint) établie par la Commission européenne. Elle contient les données moyennes des produits alimentaires et l’impact environnemental qui y est lié. Sur cette base, les produits se voient attribuer un score sur une échelle de 0 à 100. Ainsi, une pizza surgelée obtient le score de cycle de vie correspondant au plus près à celui de la pizza en question dans la banque de données. Mais il ne tient pas compte de la quantité exacte des ingrédients de la pizza en question ; il s’agit dès lors d’un score moyen.  

Ensuite, les produits spécifiques, une pizza margherita par exemples, se voient attribuer des points positifs et négatifs pour des aspects comme la méthode de production, l’emballage, l’origine (transport et politique environnementale) et la biodiversité. Cela peut rapporter jusqu’à 25 points de plus ou de moins, qui sont ajoutés ou retirés au score de cycle de vie (selon un système de bonus-malus), pour obtenir finalement l’Eco-score total.  

Comment l’ Eco-score a été obtenu, s explique en cliquant sur « consulter le calcul » pour chaque produit. 

Qu'est-ce qui pourrait être amélioré dans l'Eco-score ?

Maertens évalue cet Eco-score à notre intention : “La durabilité est un concept très difficile à définir et à représenter dans un score global. Comme les données disponibles dans la base de données française ne sont pas le reflet intégral de la réalité, chaque produit reçoit des points plus ou minus se selon le système de bonus-malus. L’influence de ces points sur l’Eco-score total est assez importante. Ainsi Colruyt Group réclame à ses fournisseurs différentes données pour calculer l’Eco-score de chaque produit alimentaire. Si ces données ne sont pas disponibles, le produit est sanctionné en se basant sur le pire scénario envisageable, et donc par les plus mauvais points possible dans le bonus-malus. Certains produits reçoivent ainsi un score plus bas, non pas en raison de leur impact réel sur l’environnement, mais seulement en raison de l’absence de certaines informations. Et cela n’est pas clair pour le consommateur."  

Conclusion : que gagnez-vous, en tant que consommateur, avec l'Eco-score ? 

"Vu le changement climatique et l’urgence d’un système alimentaire plus durable, l’Eco-score est selon nous un pas dans la bonne direction. Ce label est facile à interpréter pour le consommateur et nous encourageons les choix alimentaires durables", poursuit notre experte. "On peut toutefois se demander dans quelle mesure l’Eco-score est déjà suffisamment mûr pour une utilisation quotidienne. Nous avons en effet nos doutes sur les méthodes choisies”.  
 
En outre, Colruyt Group est aujourd’hui le seul supermarché belge à utiliser l’Eco-score et, même chez lui, ce label figure sur 4 sur 5 des produits alimentaires. Il est dès lors difficile de comparer l’impact écologique réel de tous les produits alimentaires dans les supermarchés.  

Maertens conclut: “Pour l’instant, l’Eco-score est encore en phase expérimentale. Ce n’est qu’au moment où la version finale de l’Eco-score sera scientifiquement validée que nous pourrons recommander ce label en tant qu’indicateur pour poser des choix alimentaires durables. Nous suivons en tout cas l’évolution de l’Eco-score.  

En attendant, si vous voulez faire des choix alimentaires plus durables, il s’agit surtout de mettre vous-même davantage de produits végétaux au menu et de remplacer régulièrement la viande par un plat végétarien. Ce sera déjà un beau résultat.” 

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