De l'Eco-Score au Green-Score : Colruyt change son système d’évaluation environnementale

Qu’est-ce que le Green-Score de Colruyt ?

Depuis septembre 2025, l’Eco-score du groupe Colruyt porte un nouveau nom : le Green-score. Le consortium français qui gère ce label procède à ce changement de nom et élargit également l’échelle, qui comprendra désormais six couleurs et lettres.

Le Green-Score, un outil pour évaluer l’impact environnemental des produits

Le Green-Score est une initiative visant à informer les consommateurs sur l’impact environnemental de leur alimentation. En Belgique, ce label est actuellement utilisé uniquement par Colruyt Group et Danone. En septembre 2025, on recensait environ 25 000 Éco-scores accessibles en ligne ou présents sur les étiquettes de prix en magasin.

Si l’on se limite aux supermarchés physiques, environ 940 produits portent ce label directement sur leur emballage — exclusivement des produits de la marque Boni, marque propre de Colruyt.

Pourquoi Colruyt a-t-il remplacé l’Eco-Score?

En fait, Colruyt n'est pas seul à la manœuvre.

En effet, le label Eco-Score, que Colruyt a commencé à afficher au printemps 2021, avait été développé par un consortium d’acteurs français indépendants (dont Yuka, Open Food Facts et Eco2). À l'époque déjà, l'objectif était bien de guider le consommateur pour réaliser des choix à plus faible impact environnemental. Et c'est bien ce consortium - et pas uniquement Colruyt - qui a décidé de renommer le label Green-score. En cause: des remarques venues de l'Association européenne d’agriculture biologique IFOAM, qui estimait que le terme « éco » pouvait prêter à confusion avec les produits biologiques dans certains pays.

Comment le Green-Score est-il affiché en magasin et en ligne?

Ce changement de nom s’accompagne aussi d’un léger ajustement de l’échelle : celle-ci passe de cinq à six couleurs et lettres. Une couleur rouge foncé avec la lettre F est ajoutée pour désigner les produits ayant un très mauvais Green-score. À l’autre extrémité de l’échelle, côté vert foncé, une distinction est désormais faite entre A et A+, afin de signaler les produits ayant le plus faible impact environnemental.

En quoi le Green-Score aide-t-il le consommateur ?

Comparer rapidement l’impact environnemental de ses courses

Le Green-score repose sur le même principe visuel que le Nutri-score : grâce à l'utilisation de couleurs et de lettres, il permet de comparer facilement les produits entre eux d’un simple coup d’œil. La différence entre ces 2 outils est que si le Nutri-Score a été créé pour nous permettre de faire des choix plus sains au supermarché, le Green-Score, lui, nous aide à repérer les produits ayant un impact environnemental plus faible.

Encourager des choix plus durables au quotidien

L’utilisation du Green-score aide à faire des choix qui ont un moindre impact sur le climat. Il joue un rôle à la fois informatif et éducatif pour le consommateur. Mais il ne s’adresse pas uniquement à ce dernier : les producteurs sont eux aussi encouragés à adapter leur processus de production là où c’est possible, afin de réduire l’impact environnemental de leurs produits.

Quelles sont les limites du Green-Score?

1. Le risque de confusion avec d’autres labels ou scores

On l'a vu: le Green-Score repose sur le même principe que le Nutri-Score: une combinaison de couleurs et de lettres. Et en raison de cette forte ressemblance justement, le risque est évidemment grand que le consommateur confonde les deux. 

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2. Une initiative privée qui manque d’harmonisation européenne

Notre experte alimentation, Gwendolyn Maertens, explique : “Pour calculer ce (désormais) Green-Score, on procède d’abord à l’analyse du cycle de vie du produit, c’est-à-dire tout son cheminement, des matières premières utilisées au traitement final des déchets. Les résultats de cette analyse sont enregistrés dans la base de données française Agribalyse. Celle-ci respecte, dans une large mesure, la méthode PEF (Product Environmental Footprint) établie par la Commission européenne. Elle contient les données moyennes des produits alimentaires et l’impact environnemental qui y est lié.

Sur cette base, les produits se voient attribuer un score sur une échelle de 0 à 100. Ainsi, une pizza surgelée obtient le score de cycle de vie correspondant au plus près à celui de la pizza en question dans la banque de données. Mais il ne tient pas compte de la quantité exacte des ingrédients de la pizza en question ; il s’agit dès lors d’un score moyen.  

Ensuite, les produits spécifiques, une pizza margherita par exemple, se voient attribuer des points positifs et négatifs pour des aspects comme la méthode de production, l’emballage, l’origine (transport et politique environnementale) et la biodiversité. Cela peut rapporter jusqu’à 25 points de plus ou de moins, qui sont ajoutés ou retirés au score de cycle de vie (selon un système de bonus-malus), pour obtenir finalement le Green-Score total.  

Curieux d'en savoir plus sur cette méthode? Sur le site de Collect&Go, vous pouvez cliquer sur « voir le calcul » pour chaque produit affichant un Green-Score afin de comprendre comment cette note a été déterminée.

Que peut-on encore améliorer dans le Green-Score?

« La durabilité est un concept très difficile à définir et il est complexe de la résumer en un seul score parfait et global. Les données disponibles dans la base française ne reflètent pas toujours fidèlement la réalité, c’est pourquoi chaque produit reçoit des points positifs ou négatifs via le système de bonus-malus. L’impact de ce système sur le score final est assez important », explique encore notre experte.

Par exemple, Colruyt Group demande certaines données aux fournisseurs pour pouvoir calculer le Green-Score de chaque produit alimentaire. Si ces données ne sont pas disponibles, le produit est pénalisé : on part alors du pire scénario possible, ce qui entraîne automatiquement le score le plus bas dans le système de bonus-malus.
« Résultat : certains produits reçoivent une mauvaise note non pas à cause de leur véritable impact environnemental, mais simplement parce que certaines informations manquent. Et cela, le consommateur n'en est pas conscient», détaille Gwendolyn Maertens.

Conclusion : que vaut le Green-Score pour le consommateur ?

« Face au changement climatique et à l’urgence de rendre notre système alimentaire plus durable, le Green-Score constitue, selon nous, un pas dans la bonne direction. Ce type de label est facile à interpréter pour les consommateurs, et nous encourageons les choix alimentaires plus durables », explique Gwendolyn Maertens. « Cela dit, on peut se demander dans quelle mesure le Green-Score est déjà suffisamment mûr pour un usage quotidien. Nous avons en effet des doutes sur certaines des méthodes utilisées. »

Par ailleurs, Colruyt Group est actuellement la seule chaîne de supermarchés en Belgique à utiliser le Green-Score, qui est affiché sur environ 4 produits sur 5 dans ses rayons. Cela complique la comparaison de l’impact environnemental réel entre les produits disponibles dans l’ensemble des supermarchés.

À notre sens, le Green-Score semble encore en phase expérimentale, comme l'était déjà l'Eco-Score d'ailleurs. Ce n’est qu’au moment où sa version finale sera validée scientifiquement que nous pourrons réellement recommander ce label comme outil fiable pour faire des choix alimentaires plus durables. En attendant, nous continuons de suivre son évolution de près.

Et si vous souhaitez, dès maintenant, aller vers une alimentation plus durable, le plus important est de miser sur une alimentation plus végétale et de remplacer régulièrement la viande par des repas végétariens. Cela représente déjà un grand pas en avant.

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