ViruProtect Coldspray ne vous aidera pas à contrer le coronavirus

L’entreprise qui commercialise ViruProtect affirme qu’il réduit les risques de rhume. Il raccourcirait par ailleurs la durée d’un rhume, pour autant qu’il soit utilisé à un stade précoce de l’infection. Différentes sources vont plus loin et font la promotion de ce produit dans le cadre du coronavirus.
Aucune preuve qu’il fasse effet
Rien ne prouve que ViruProtect réduise effectivement le risque d’infection, ni sa durée. Quelques études cliniques, uniquement auprès d’adultes, ont été effectuées. Leur qualité est cependant trop faible pour en tirer des conclusions fiables. Sans compter que l’étude à laquelle il est fait allusion dans les publicités a été réalisée in vitro. Aucun test n’a donc été effectué sur un être humain, condition indispensable si l’on veut prouver l’efficacité et la sécurité d’un médicament. Aucune étude n’a été réalisée concernant l’efficacité de ce produit sur le coronavirus actuel.
La sécurité mise en cause
Nous nous posons autant de questions sur l’efficacité de ViruProtect que sur sa sécurité. Ce produit contient en effet de la trypsine, connue pour sa capacité à digérer les tissus cellulaires propres et pour activer des virus en certaines circonstances. Ce qui est par exemple prouvé pour le virus provoquant les boutons de fièvre. La trypsine peut également aggraver l’inflammation de la muqueuse de l'œsophage en cas de brûlures d’estomac et de reflux gastrique, provoquer de la toux voire un enrouement.
Cette substance peut par ailleurs interagir avec certains médicaments. L’entreprise ne semble pas avoir tenu compte de ces aspects. Si le traçage des effets secondaires d’un produit représente déjà une gageure une fois mis sur le marché, cela devient quasi mission impossible lorsqu’il s’agit de produits sans ordonnance. Les règles à ce sujet sont bien plus strictes pour les médicaments que pour les dispositifs médicaux comme ViruProtect.
Nous le déconseillons tant qu’aucune information scientifique n’est disponible à son sujet.
Dispositif médical versus médicament
ViruProtect est disponible dans notre pays entant que dispositif médical. A tort, selon nous. Notre analyse révèle que ce produit agit comme un médicament : il exerce une action chimique sur le corps. Il contient en effet de la trypsine, une enzyme agissant principalement sur la digestion, tout comme sur certaines interactions entre les cellules. Le produit ressemble d’ailleurs à s’y tromper à un médicament : il s’administre par voie orale, l’emballage comporte une indication médicale (rhume) et contient un papier ressemblant à une notice.
Beaucoup d’entreprises préfèrent opter pour le statut de dispositif médical pour éviter de devoir satisfaire à une législation sur les médicaments bien plus sévère. Leur produit peut ainsi atterrir sur le marché bien plus rapidement et facilement qu’un médicament. Pour en savoir plus, consultez notre dossier sur les dispositifs médicaux.
Nos actions
Vu la publicité actuelle, nous avons déposé plainte auprès de l'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé), ainsi qu'auprès du SPF Economie. La crise actuelle à cause du coronavirus suscite énormément de craintes au sein de la population. Il est de la plus haute importance de disposer d'informations fiables. Il est inacceptable qu'une telle situation soit utilisée pour promouvoir un produit.
Nous avions déjà fait part de nos préoccupations concernant ce produit à l'AFMPS l'année dernière. Pour nous, il ne s'agit pas d'un dispositif médical, mais d'un médicament. Ni l'efficacité ni l'innocuité de ce médicament n'ont été démontrées.