La qualité de l’air dans les hôpitaux laisse à désirer
Le résultat est sans appel: par manque d’aération ou de présence d’une ventilation efficace, il y a un réel problème de renouvellement de l’air intérieur dans la plupart des hôpitaux visités. L’organisation de consommateurs a transmis les résultats de son enquête au Ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, à qui elle demande de se saisir du sujet.
Une qualité de l’air qui a son importance
La crise covid nous a fait réaliser que des microbes et des polluants contaminent l’air que nous respirons et que ceux-ci peuvent avoir un impact négatif sur notre santé. La qualité de l’air est dès lors devenue une question importante de santé publique. Il est apparu essentiel de la contrôler et de l’améliorer, notamment et surtout dans les établissements de soins comme les hôpitaux. L’air dans ces établissements est chargé de toutes sortes de microbes et de substances chimiques, mais aussi organiques. Ils sont fréquentés par des personnes malades qui, sans le vouloir, émettent des contaminants dans l’air en éternuant, en parlant et en respirant. Or, certaines maladies se propagent par voie aérienne, comme la grippe, la tuberculose, le rhume ou la covid. Des produits chimiques spécifiques aux activités médicales sont utilisés et peuvent émettre des substances dans l’air.
Enquête mystère dans 25 hôpitaux
Pour vérifier la qualité de l’air, Testachats a envoyé des enquêteurs, équipés d’appareils portatifs de mesure du CO2 – appelés Testo 315-3. - dans 25 grands hôpitaux belges. En effet, lorsque nous respirons, parlons, toussons, nous émettons du CO2 et des aérosols potentiellement contaminés par des micro-organismes, des bactéries ou des virus. Une concentration élevée de CO2 indique que l’air n’est pas assez renouvelé et qu’il y a plus de risque de transmission de maladies et de contamination par d’autres polluants par l’air. Mesurer le niveau de CO2 permet donc de détecter des seuils de référence à partir desquels il est recommandé de renouveler l’air de la pièce en aérant, en mettant en route la ventilation ou d’activer un dispositif de purification de l’air. Les mesures de Testachats ont été réalisées à la réception, dans 3 salles d’attente, à la cafétaria, dans les couloirs, les ascenseurs et les toilettes. Le seuil de concentration retenu était de 800 ppm, sur base des recommandations du Conseil Supérieur de la Santé.
Résultats inquiétants
Sur les 25 hôpitaux visités par Testachats, seuls 3 ont tous leurs résultats en dessous des 800 ppm, ce qui indique que l’air y semble assez bien renouvelé. En revanche, 7 hôpitaux présentent des mesures qui dépassent les 800 ppm (et souvent même les 1000 ppm) dans plus de la moitié de leurs locaux, ce qui semble indiquer que l’air intérieur y est trop peu renouvelé. C’est aux réceptions que les mesures de CO2 les plus basses ont été observées, sans doute parce qu’en général, elles se trouvent près de la porte d’entrée. Et c’est dans les cafétarias que l’on a mesuré les taux de CO2 les plus élevés, vu l’impossibilité de garder son masque puisque l’on y mange et l’on y boit.
Testachats interpelle le Ministre de la Santé
Une législation a été adoptée en 2022 avec pour objectif d’améliorer la qualité de l’air intérieur dans tous les lieux fermés accessibles au public, en prévoyant notamment la mise en place de niveaux de référence, de contrôles de la qualité de l’air et de systèmes de certification. Malheureusement, il semblerait qu’aucun arrêté d’exécution n’ait encore été adopté. « On se rend à l’hôpital pour se faire soigner, pas pour y tomber malade » réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats, pour qui « une attention toute particulière devrait donc être apportée par les établissements de soins et nos autorités publiques à la qualité de l’air intérieur ». L’organisation de consommateurs a interpellé le Ministre de la santé, Frank Vandenbroucke, à qui elle a demandé une réaction et des mesures face aux résultats inquiétants de son analyse.
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