Un ménage belge sur cinq incapable de payer ses soins médicaux

Les soins coutent trop cher pour près d'un million de ménages belges. Malgré un système de sécurité sociale étendu, 23 % d'entre eux ont dû, l'an dernier, stopper un traitement. Les familles monoparentales, les ménages à faible revenu et les familles comportant un malade chronique sont les plus touchés.
Nous avons interrogé près de 700 ménages belges afin de déterminer dans quelle mesure ceux-ci arrivaient à faire face au coût des traitements considérés comme essentiels, médicalement parlant. L'an dernier, les ménages belges ont dû débourser (après intervention de la mutuelle et d'une éventuelle assurance hospitalisation) une moyenne de 1276 €. Soit 12 % environ du revenu annuel net d'un ménage moyen. Ces frais pèsent cependant bien plus lourd sur le budget de certaines tranches de la population, plus précisément les ménages à bas revenu, ceux dont un membre souffre d'une maladie chronique et les familles monoparentales.
Sécurité sociale inadéquate ?
Pourtant certaines mesures ont été prises: le maximum à facturer, l'intervention majorée, le système du tiers payant et le statut spécial accordé aux personnes atteintes d'une affection chronique. Ces systèmes ne sont toutefois pas accessibles à tous les ménages. L'an dernier, ils n’étaient pas moins de 5 % à avoir interrompu un traitement, 20 % à l'avoir postposé et 7 % à avoir renoncé à l'entamer pour raisons financières.
On note, ici aussi, des différences flagrantes selon les tranches de la population. L'an dernier, 33 % des ménages à faibles revenus ont dû renoncer à un traitement pourtant nécessaire. Ce chiffre atteignait 40 % pour les ménages dont un membre souffre de maladie chronique, et 72 % pour les familles monoparentales. Ce sont les soins dentaires qui, l'an dernier, ont été le plus souvent mis de côté (12 % des sondés), suivis des soins ophtalmologiques (7 %), de la rééducation (3 %) et des soins orthopédiques (3 %).
La qualité de vie en danger
Les ménages belges économisent régulièrement sur d'autres dépenses pour faire face au coût d'un traitement. Les voyages, les vêtements, les loisirs et les hobbies sont les premiers à disparaître de la liste des priorités. La situation est parfois plus grave: 16 % des sondés avouent avoir déjà remis à plus tard des travaux dont leur habitation avait pourtant besoin, 7 % économisent sur l'alimentation et 9 % sur le chauffage. Les personnes qui doivent le plus souvent renoncer à ces besoins de base sont aussi celles dont l'état de santé est le plus précaire.
Nos exigences
Bien que de nombreux efforts aient été consentis ces dernières décennies, nous militons pour une amélioration de l’accessibilité financière en plaidant pour :- des mesures contre les suppléments d’honoraires dans le secteur de la médecine ambulatoire et dans les hôpitaux pour les chambres individuelles,
- une réduction de la surconsommation dans certains domaines et l’utilisation des moyens ainsi libérés en vue du remboursement des soins qui posent problème.