Communiqué

L’opacité des hôpitaux met en danger la vie des femmes atteintes d'un cancer du sein

16 mars 2023

Une étude du KCE (Centre fédéral d’Expertise des soins de santé) démontre que les patientes atteintes d’un cancer du sein présentent un risque sensiblement plus élevé de décéder de leur maladie que celles qui sont soignées dans une clinique du sein disposant d’un agrément spécifique pour la prise en charge de ce type de tumeur. Ce type de clinique - appelée clinique coordinatrice - doit avoir un seuil de 125 diagnostics par an. Or, non seulement la liste de ces cliniques n’est pas facile à trouver pour les patientes, mais le rapport montre que même pour ces cliniques agréées, le seuil n’est pas toujours atteint ! Testachats, qui se bat depuis des années pour la transparence de la qualité des soins dans les hôpitaux, demande au gouvernement de rendre immédiatement publiques et facilement accessibles ces informations essentielles pour les patientes.

Choix à l'aveugle

Il est conseillé aux patientes atteintes d’un cancer du sein de se diriger vers une clinique du sein coordinatrice afin de pouvoir bénéficier des meilleurs soins possibles. Les conditions d’agrément de ce type de cliniques prévoient un seuil d’au moins 125 nouveaux diagnostics par an afin d’en faire un centre spécialisé qui garantit des soins de qualité.

Or, trouver une clinique du sein coordinatrice n’est pas chose simple pour les patientes: en effet, la liste était jusqu’à présent difficile à trouver et peu pratique. La Flandre a développé un site web qui compare la qualité des soins entre les hôpitaux (www.zorgkwaliteit.be), ce qui n’est toujours pas le cas à Bruxelles et en Wallonie, malgré les demandes répétées de Testachats depuis de nombreuses années.

Encore plus grave, l’étude du KCE démontre aujourd’hui que près de 40% de ces centres accrédités ne respectent pas le seuil de 125 diagnostics par an. Or, ce seuil a un impact très concret sur les chances de survie des patientes.

Risque de décès plus élevé

Il y a 10 ans, une étude du KCE avait malheureusement déjà souligné que les femmes traitées dans des hôpitaux à faible volume avaient un risque de décès sensiblement plus élevé que les femmes traitées dans des hôpitaux à fort volume. La nouvelle étude confirme ce malheureux constat: les femmes traitées dans une clinique à faible volume (moins de 60 cas par an), ont 44 % de chance en plus de décès que celles traitées dans une clinique à fort volume (plus de 125 cas par an). Malgré la connaissance de ce risque accru de décès, les autorités ont autorisé des hôpitaux sans agrément à traiter des patientes atteintes d'un cancer du sein. Elles ont également diminué le seuil de diagnostics pour les cliniques coordinatrices (de 150 à 125), permis l’établissement de centres satellites (entre 60 et 124 diagnostics), et ce, sous l'influence du lobbying des hôpitaux et des médecins. Inacceptable, pour Testachats.

Plus de transparence

Testachats, qui se bat depuis des années pour plus de transparence sur la qualité des soins dans les hôpitaux, fait face à une forte résistance de la part des hôpitaux. “Nous jugeons scandaleux que l’opacité sur la qualité des soins mène à des risques de décès plus élevés pour les patientes” réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats. “Les intérêts financiers des hôpitaux seraient-ils plus importants que les vies humaines ?” se demande-t-elle.

En 2014 déjà, Testachats et d’autres associations avaient lancé une pétition récoltant plus de 36 300 signatures pour demander de pouvoir comparer la qualité de soins dans les hôpitaux, via un site web central facilement accessible. On en est toujours très loin à l’heure actuelle.

Dans ce contexte, Testachats soutient les recommandations du KCE, en appelant notamment les autorités compétentes à:

  • veiller à ce que les éléments essentiels des soins soient concentrés dans les sites qui enregistrent au moins 125 nouveaux diagnostics par an;
  • dans l’intervalle, à faire en sorte que les femmes puissent choisir en pleine connaissance de cause un centre où la qualité des soins est suffisamment garantie :
    • en rendant publiques les cliniques du sein coordinatrices  accréditées qui n'atteignent pas la condition requise de 125 diagnostics par an;
    • en publiant les résultats pour chaque campus à très court terme. Cela signifie concrètement que Bruxelles et la Wallonie travaillent enfin à la transparence sur la qualité des soins fournis par les hôpitaux. 

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