Allégations sur les préparations à base de plantes : la Belgique doit adopter une position claire

Extraits de fèves de cacao séchées pour perdre du poids, jus de carottes pour une bonne vue, ... Pareilles allégations relèvent plus souvent du mythe que de la réalité. Pourtant, la Belgique hésite encore à les interdire.
Gélules de poisson pour la mémoire, thé noir pour l'attention ou café pour maigrir : l'industrie alimentaire n’est jamais avare d’allégations pro santé sur ses emballages. La vérité est toutefois rarement au rendez-vous et la Commission européenne a dès lors décidé que des centaines de produits ne pouvaient plus présenter de telles affirmations non avérées, ou du moins pas suffisamment. Malheureusement, il n'existe toujours pas d'approche univoque pour les préparations à base de plantes.
Législation plus stricte pour les produits alimentaires
Notre alimentation est associée à de nombreuses vertus pour notre santé, mais les raisons commerciales ne sont jamais bien loin. Les produits assortis de telles allégations se vendent en effet toujours plus que les produits sans allégation. Or, il n'existe pas forcément de preuves irréfutables pour chaque allégation de santé, loin s'en faut.
Un règlement européen fixe dès lors, depuis 2007, les conditions auxquelles les allégations de santé doivent répondre. Plus de 4.500 ont ainsi été soumises à l'approbation de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) et la majorité ont été rejetées après des études scientifiques. Tantôt parce qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves, tantôt parce que la substance nutritive n'était pas suffisamment définie ou encore parce que l'allégation n'était pas suffisamment précise. Au final, 222 allégations à peine ont reçu le feu vert et été publiées sous forme de liste. Les affirmations qui ne figurent pas sur celle-ci devaient avoir disparu des emballages et sites internet pour le 14 décembre 2012.
Besoin de preuves irréfutables
Sur les 4 500 allégations de santé proposées, quelque 1 500 sont toutefois des “allégations botaniques”, soit des affirmations sur les effets des préparations à base de plantes comme le millepertuis, le raifort et le ginseng. Ces préparations promettent des ongles, des cheveux et des articulations en bonne santé et se retrouvent surtout dans toutes sortes de compléments alimentaires, le plus souvent sous la forme de comprimés, capsules ou poudres. Elles sont disponibles dans les pharmacies, les grandes surfaces, les magasins spécialisés et sur internet. Il n'existe pas encore d'accord, au niveau européen, sur l'approche à suivre par rapport à ces allégations et les autorités belges n'ont hélas pas non plus de point de vue clair.
La Commission européenne a proposé deux scénarios et les États membres ont été invités à donner leur avis sur les options. Soit l'évaluation se fait avec la même rigueur que pour les autres allégations de santé et très peu d'allégations botaniques survivront. Soit on se contente, pour ces allégations botaniques, de renvoyer à "l'usage traditionnel" et elles bénéficient alors d’un traitement spécial. Pour nous, les allégations botaniques doivent être évaluées de la même manière que les autres allégations de santé.
Non aux allégations non fondées sur l'étiquette
En résumé, nous exigeons donc des preuves scientifiques. Un renvoi à “l'usage traditionnel” est tout simplement inacceptable pour les préparations à base de plantes présentes dans l'alimentation et les compléments alimentaires. Ces préparations ne doivent pas nécessairement disparaître du marché, mais les étiquettes et publicités ne devraient plus présenter d'allégations trompeuses ou infondées sur la santé. Accorder un traitement préférentiel spécial aux allégations botaniques conduira inévitablement à des affirmations exagérées et non démontrées et reviendra donc aussi à induire le consommateur en erreur. De plus, cela laissera le champ libre pour remettre en question toutes les autres décisions sur les allégations de santé, ce qui est inacceptable.