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Covid-19 : les autotests ne constituent pas la solution-miracle espérée

13 avril 2021
Les autotests de diagnostic de la Covid-19 bientôt disponibles en pharmacie ne constitueront pas la panacée, expliquent les experts de Test-Achats et Test Santé.

Dès le 6 avril, chaque citoyen pourra se procurer un autotest Covid-19 en pharmacie. Nous regrettons toutefois l’absence de projet pilote au préalable. Nous demandons une analyse approfondie de leur utilité, la transparence sur leur fiabilité, et la fixation d'un prix maximum. Une campagne d'information est également indispensable pour garantir que ces tests soient utilisés à bon escient.

A en croire les médias ces dernières semaines, les autotests Covid-19 ouvriraient la voie à plus de liberté et à un assouplissement. Est-ce vraiment le cas ? Loin s'en faut.

Peu de preuves scientifiques

L'idée, là-derrière, est qu'en mettant des autotests à disposition du public, davantage de tests pourront être effectués. Permettant d'identifier d'éventuels « super-propagateurs » à un stade précoce, et d'ainsi contenir la diffusion du virus.

En réalité, à l'heure actuelle, il existe peu de preuves scientifiques sur l'utilité des autotests comme outils de dépistage de l'infection à coronavirus chez les personnes asymptomatiques (qui ne présentent pas de symptômes de la maladie). Nous regrettons donc que cette stratégie n'ait pas d'abord été évaluée via un projet pilote, avant d'être déployée à grande échelle. Nous demandons au gouvernement de suivre et d'évaluer scrupuleusement l'impact de cette stratégie, puis de rendre les résultats publics afin qu'un débat plus large puisse avoir lieu sur son efficacité réelle. 

Une telle approche ne peut en pratique fonctionner que si les autotests sont suffisamment fiables, et que s'ils sont utilisés correctement par les citoyens. Ce dernier point est étroitement lié à l'information que le gouvernement et les pharmaciens - canal de vente exclusif dans un premier temps - fourniront. 

Fiables, ces tests ?

L'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) a établi une liste de critères auxquels les autotests doivent répondre pour pouvoir être mis sur le marché. Une bonne chose à notre avis, bien que nous regrettions l'absence d'études sur la fiabilité de ces tests chez les personnes ne présentant aucun symptôme - public qui semble pourtant constituer le coeur de cible, selon le gouvernement, dans cette stratégie.

Par ailleurs, nous demandons la transparence : la publication des informations des firmes pour approbation de ces tests par l'AFMPS, ainsi que sa propre évaluation. Ce n'est qu'ainsi que les prestataires de soins et les citoyens pourront évaluer correctement leurs avantages et inconvénients.

Un autotest négatif ne signifie pas liberté !

Du côté du grand public, le souhait est avant tout de disposer d'un test qui, en cas de résultat négatif, puisse garantir des contacts « sûrs » avec les autres. Cependant, un test négatif n'exclut pas complètement que vous soyez infecté. Il s'agit alors d'un résultat faussement négatif. Le test ne donne un résultat positif que chez les personnes qui excrètent beaucoup de particules virales. Un test mal effectué pourra également donner un résultat négatif...

Bref, vous l'aurez compris, l'autotest ne dispensera pas de respecter les mesures de précaution (port du masque, distanciation). Un autotest négatif risque pourtant de conférer un faux sentiment de sécurité. Voire de créer l'effet inverse à celui escompté: voir le taux de contagion repartir à la hausse.   

Une bonne information et un prix plafonné

Une campagne d'information claire est absolument nécessaire. Tout consommateur est en droit de savoir à quelles fins ces tests peuvent être utilisés, comment, leur taux de fiabilité chez les personnes asymptomatiques, leurs avantages et inconvénients et, enfin, quelles mesures prendre en fonction du résultat.

Nous saluons la décision des autorités de réserver la vente de ces autotests aux officines. Les pharmaciens sont les mieux placés pour fournir des informations de qualité. Rappelons toutefois que nos enquêtes mystères, en 2019, auprès de plus d'une centaine de pharmaciens, avaient montré que dans 7 cas sur 10, des autotests (VIH ou cancer du côlon) étaient délivrés sans poser les bonnes questions, ni fournir d'informations correctes. Nous appelons donc les pharmaciens à bien jouer leur rôle de prestataires de soins et d'informateurs.

Enfin, puisque le gouvernement promeut l'autotest comme outil de stratégie nationale pour limiter la propagation du virus, il nous semble essentiel qu'un prix de vente maximum soit fixé afin de garantir son accessibilité financière à tous.

Retrouvez davantage d'informations à ce sujet dans notre dossier complet.

Notre dossier sur les autotests