Coronavirus: l'inégalité vaccinale dans le monde favorise les nouveaux variants comme Omicron

Le variant Omicron a fait son apparition en Belgique. Ce n'est pas une surprise: la proportion de personnes non vaccinées dans le monde est encore bien trop élevée pour pouvoir tuer dans l'œuf les nouveaux variants, qui pourraient s'avérer plus dangereux et/ou contagieux. Les pays riches se réservent une belle part des vaccins pour leur propre population, et s'opposent par ailleurs aux mesures qui visent à éliminer cette inégalité en matière de vaccination.
Un booster pour la vaccination de base
L'été dernier, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait demandé aux pays riches d'attendre avant d'entamer l'administration de doses vaccinales supplémentaires. Le report à la fin de l'année 2021 aurait permis de mettre davantage de vaccins à la disposition des groupes vulnérables ailleurs dans le monde, groupes qui ne bénéficient même pas encore d'une vaccination de base. Cela aurait permis d'augmenter la couverture vaccinale dans le monde entier.
Cet appel est malheureusement resté lettre morte. De nombreux pays ont promis leur soutien pour réaliser un partage plus équitable des vaccins disponibles, mais ils ont finalement décidé d'utiliser eux-mêmes les vaccins. Tout d'abord pour la vaccination des adolescents, qui présentent peu de risques de problème de santé graves. Puis, pour donner un coup de pouce supplémentaire à certains groupes à un moment où il y avait encore des incertitudes quant à son utilité.
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Les variants ont le champ libre
Nous savons maintenant que ce vaccin supplémentaire présente des avantages pour certains groupes. Mais le bénéfice global pour la santé est inférieur à ce qu'il aurait été si ces vaccins avaient été administrés à des groupes à haut risque ailleurs dans le monde, groupes qui n'ont pas encore été vaccinés ou ne l'ont été que partiellement.
Début novembre, il y avait six fois plus de rappels effectués quotidiennement dans le monde que de premières ou secondes injections de la vaccination de base dans les pays défavorisés.
Se réserver le plus grand nombre possible de vaccins pour sa propre population ne nuit pas seulement aux nations moins favorisées: cette décision nuit au monde entier. Des chercheurs ont calculé que distribuer équitablement les vaccins est le meilleur moyen d'empêcher le développement de nouveaux variants. Car plus le nombre de personnes susceptibles d'être encore infectées à l'échelle mondiale est élevé, plus grand aussi est le risque d'apparition de nouveaux variants - plus contagieux et aussi peut-être résistants aux vaccins.
Il est urgent d'agir
Cela n'aurait malheureusement guère de sens de refuser notre propre dose de vaccin en espérant ainsi qu'elle sera envoyée dans les pays moins riches. La façon dont les vaccins sont utilisés relève d'un choix politique et non individuel. Mais il est urgent d'adopter une vision mondiale pour lutter contre les inégalités vaccinales. Pour l'instant, chaque pays fait ses propres choix en fonction de sa population.
Outre une approche coordonnée, la suspension temporaire des brevets en particulier devrait garantir la disponibilité de vaccins en quantité suffisante dans le monde entier. Une proposition à laquelle un certain nombre de pays riches, dont l'UE, résistent désormais. Les firmes pharmaceutiques génériqueuses seraient alors temporairement autorisées à produire elles aussi des vaccins anticorona, ce qui constituerait le moyen le plus efficace de rendre les vaccins disponibles et accessibles à tous, partout dans le monde. A défaut, au fur et à mesure de l'apparition de nouvelles variantes, nous risquons bien d'avoir besoin de plus en plus d'injections...