Miser sur la Pologne malgré l’instabilité politique ?

Investir en Pologne malgré tout ?
Investir en Pologne malgré tout ?
La Pologne conserve de belles qualités et les investisseurs institutionnels continuent à faire confiance au pays. La cohabitation politique difficile que vit Varsovie assombrit certes le tableau, mais le pays offre toujours des perspectives intéressantes, avec un dynamisme unique en Europe.
Nous conseillons les actions polonaises à concurrence de 5% dans tous nos portefeuilles.
Vous pouvez y investir à l’aide du tracker iShares MSCI Poland UCITS ETF qui a dégagé un rendement de 25,3% sur un an et un rendement annuel moyen de 35,3% sur 3 ans et 14,7% sur 5 ans.
La Pologne est une des économies les plus dynamiques de l’UE avec une croissance projetée supérieure à 3% en 2025 et 2026. Soit bien mieux que l’Allemagne ou la France. Depuis 2016, son PIB a presque doublé, une performance qui laisse rêveurs ses partenaires européens et est le fruit d’une politique économique cohérente, d’une intégration réussie dans le marché unique européen, et d’une capacité à transformer les défis en opportunités.
Signe de cette réussite, le « reverse brain drain », ou fuite des cerveaux inversée. Après la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les Polonais ont en effet été nombreux à rentrer au pays, phénomène qui s’est élargi depuis aux Polonais établis dans d’autres pays. Revenant en Pologne plus qualifiés, plus riches et plus engagés pour le développement de leur pays, ils alimentent la consommation, stimulent l’innovation et les investissements, et renforcent le tissu économique local.
Et à un moment où, au niveau mondial, les relations commerciales sont fragiles, le protectionnisme gagne du terrain et la visibilité pour les échanges à venir est réduite, le fait que la Pologne dispose d’un marché intérieur fort constitue un atout majeur et contribue au succès de la Bourse polonaise avec un gain de 35% depuis janvier (pour l’investisseur en euro).
Hélas, le gros de la performance de la Bourse a été réalisé au 1er semestre et ce marché n’a guère évolué depuis. En cause, l’élection présidentielle de juin, qui a créé une paralysie institutionnelle entre le Président Nawrocki et le gouvernement Tusk. Les projets de loi sont ainsi bloqués et la gouvernance est imprévisible.
En général, la Pologne affiche une situation financière relativement saine, avec une dette publique de l’ordre de 55% du PIB. Mais cette année, le déficit budgétaire risque d’approcher les 7%, poussant même les agences de notation Fitch et Moody’s à revoir à la baisse la perspective sur la note de la dette polonaise. Face à cette inquiétude, le Premier Ministre Tusk prône une augmentation des recettes à travers une hausse de la charge fiscale, mais le Président Nawrocki souhaiterait au contraire alléger la fiscalité dans le but de relancer le taux de natalité, parmi les plus bas d’Europe.
Cette situation fragilise la confiance des investisseurs et pourrait entraîner une hausse des coûts d’emprunt, ce qui constitue un risque pour la croissance. Un risque modéré toutefois, trois quarts de la dette publique polonaise étant détenus par les Polonais eux-mêmes.
On l’aura compris, après un début d’année en fanfare, poussé par la déferlante de fonds européens, les dépenses croissantes sur le flanc oriental de l’OTAN et les espoirs de paix en Ukraine, les investisseurs hésitent.
La Bourse de Varsovie garde cependant des atouts importants, à commencer par un rendement de dividende proche de 5% pour le MSCI Poland et un rapport cours/bénéfice aux alentours de 12, contre près de 24 pour le MSCI World et 15 pour le MSCI Emerging markets.
Le fait que le secteur financier représente 49,5% pourra certes faire douter plus d’un investisseur, mais bien capitalisées et rentables, les banques polonaises offrent une exposition directe à la croissance nationale, un atout considérable sur un marché aussi dynamique.
À noter aussi que tout comme le profil de la société polonaise, celui de la Bourse évolue. Porté par la forte demande des ménages, le retail voit ainsi émerger des acteurs locaux, certains intégrant même la liste des plus grandes capitalisations boursières du pays. Même chose pour la technologie, poussée par le retour au pays des talents et la volonté de développer des pôles de compétence.