Investir en Europe : oui ou non ?

Restez à l’écart des fonds d'actions de la zone euro. Limitez-vous à l'achat d’actions individuelles.
Restez à l’écart des fonds d'actions de la zone euro. Limitez-vous à l'achat d’actions individuelles.
Au vu des perspectives économiques moroses à moyen et long terme, nous n'achetons pas les fonds d’actions européennes.
Par contre, nous continuons d’acheter un certain nombre d’actions européennes, susceptibles de tirer leur épingle du jeu.
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La belle performance des actions européennes en 2025 s’explique avant tout par leurs valorisations plus faibles que celles des actions américaines. L’euphorie autour de l’intelligence artificielle (IA) a fait grimper les marchés américains à des niveaux très élevés. Si cela semblait d’abord légitime – les grandes sociétés tech dégagent des bénéfices impressionnants malgré leur retenue en matière de dividendes –, la hausse repose désormais sur un cercle restreint d’entreprises, principalement liées à l’IA, dont la rentabilité future reste incertaine. Les investisseurs s’en détournent partiellement, en quête d’actifs moins chers. Si l’Europe est à la mode, c’est d’abord parce qu’ils y trouvent des actifs globalement moins chers, comme le secteur financier, un des grands gagnants de 2025.
Parallèlement, le climat politique et économique européen s’améliore légèrement. Le rapport Draghi, qui vise à restaurer la compétitivité européenne, a révélé des lacunes que Bruxelles cherche à corriger. Le virage vers une défense commune, appuyé par des financements supplémentaires, profite au secteur. L’Allemagne rompt avec son austérité pour investir massivement, une première depuis la réunification. L’Italie améliore ses finances publiques, bien que la croissance y reste molle. L’Espagne et le Portugal profitent d’une énergie bon marché grâce à une dérogation européenne sur le prix du gaz, dopant leur industrie (+3% de production industrielle en août, contre -4% en Allemagne). À cela s’ajoutent un tourisme vigoureux et une croissance démographique solide. Malgré les difficultés dans certains pays du centre, l’Europe envoie ici et là des signaux encourageants. Le marché de l’emploi reste tendu, et la baisse des taux décidée par la BCE pourrait relancer consommation et investissements.
Toujours coincée dans l’immense toile d’araignée régulatoire qu’elle s’est elle-même tissée, l’Europe n’avance presque plus. Les finances publiques fort détériorées et la tentation d’alourdir encore la charge fiscale qui pèse sur les citoyens et les entreprises n’arrangent rien. Ces dernières peinent à rester compétitives, certaines envisageant même de se faire coter aux États-Unis, jugés plus accueillants. Un an après le rapport Draghi, à peine 10% des mesures proposées ont été mises en œuvre, surtout dans le domaine de la défense, et sans véritable consensus. Les projets d’union bancaire et de souveraineté technologique sont à l’arrêt. Quant à la simplification administrative, elle progresse bien trop lentement, surtout face à la politique offensive menée par les Etats-Unis depuis le retour de Trump. L’Europe, elle, reste sans réforme fiscale d’ampleur en faveur des entreprises ou des ménages.
Le caractère "bon marché" des Bourses européennes est aussi à relativiser. Les valeurs technologiques affichent des niveaux de valorisation comparables à leurs homologues américaines. Si les marchés européens restent globalement moins chers, c’est parce que des secteurs traditionnels, moins à la mode, sont lourdement affectés par la conjoncture et la réglementation. Le secteur énergétique américain se négocie ainsi à un ratio cours/bénéfice de 17, contre 11 pour son équivalent européen. Les banques : 15 contre 10. L’écart s’explique en grande partie par des niveaux de fiscalité et de régulation bien plus contraignants en Europe.
Malgré le niveau de prix moins élevé que celui des Bourses américaines, investir en actions européennes dans leur ensemble n’est pas la meilleure stratégie à nos yeux. Sur le long terme, les États-Unis nous semblent plus attractifs, même si l’Europe pourrait connaître des phases boursièrement plus dynamiques. Nous privilégions une exposition à la zone euro par le biais d’actions individuelles, susceptibles de tirer leur épingle du jeu dans le difficile contexte actuel. Par contre, au vu des perspectives économiques moroses à moyen et long terme, nous n'achetons pas les fonds d’actions européennes.