Avez-vous déjà entendu parler du Kerala ? Cet État indien est la Mecque de la pêche à la sardine. Jusqu’en 1996, les pêcheurs y prenaient la mer dans l’espoir d’attraper beaucoup de poissons dans leurs filets pour les revendre ensuite avec plus ou moins de succès. Le problème, c’est qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait sur le marché. Ils ne savaient pas si les autres pêcheurs faisaient de grosses prises (ou pas), ils ne savaient pas quels acheteurs à terre avaient déjà acheté, quels marchés le long de la côte étaient à court d’approvisionnement, etc. Le prix du poisson variait donc chaque jour de façon immodérée. Tout a changé en 1996 lorsque les téléphones portables ont fait leur apparition dans la région. Ces téléphones ont permis aux pêcheurs de communiquer et de découvrir rapidement sur quels marchés les bonnes prises étaient débarquées (ou pas), quels étaient les prix demandés, etc. Résultat : le prix du kilo de sardines s’est amélioré, l’offre et la demande se sont beaucoup mieux rencontrées, ce qui a finalement débouché sur un marché plus efficient et donc moins sensible à la spéculation.
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Faire mieux est un défi de taille
À chacun sa déformation professionnelle bien sûr, mais cette histoire de pêche au Kerala fait penser aux marchés financiers. On voit bien qu’ils ne sont pas parfaitement efficients. Les krachs et les fluctuations brutales existeront toujours. Mais aujourd’hui l’abondance des données est telle que les avantages que les investisseurs pouvaient tirer de leurs propres réseaux d’information sont moindres. En outre, la réglementation oblige les entreprises à faire preuve de transparence et d’exhaustivité dans leurs rapports, de sorte que tout le monde dispose à peu près des mêmes informations au même moment. Tout cela fait qu’il est plus difficile, même pour les gestionnaires de fonds professionnels, de faire systématiquement mieux que le marché à long terme.
Actif contre passif
L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) publie régulièrement des études comparant les résultats de ses indices passifs à ceux des fonds gérés activement. Pour rappel, un fonds géré activement tente tout le temps de battre le marché sous-jacent. L’étude de S&P porte sur des milliers de fonds appartenant à des dizaines de catégories et couvrant de nombreux pays et régions. Elle s’intéresse à la fois aux fonds d’actions et aux fonds d’obligations.
Résultats de l'étude de S&P comparant l'investissement actif et passif.
Le passif fait souvent mieux
Le mois dernier, S&P a publié ses chiffres pour le 1er semestre de 2023. Une période remarquable pour les beaux chiffres que nous avons vus. Ainsi, les marchés d’actions ont en moyenne progressé de 10% au 1er semestre. Sur le marché des obligations, on note une légère hausse (+2% notamment pour les emprunts d’Etat en euro). Depuis quelque temps les fonds gérés activement ont de plus en plus de peine à surperformer leurs indices de référence. Qu’en est-il pour 2023 ? Le tableau ci-dessous vous montre le pourcentage de fonds gérés activement qui ont fait moins bien que leur indice de référence sur cinq périodes. Pour ce faire, nous avons pris les chiffres des fonds de placement distribués en Europe. Deux observations générales. Les fonds gérés activement continuent d’éprouver de grandes difficultés. En moyenne, ils ne parviennent pas à faire mieux que leur indice de référence (pourcentage > 50% dans le tableau). Et plus l’horizon de placement est long, moins ils parviennent à suivre l’évolution de leur indice.

Pourquoi ce décalage ?
La raison principale est et reste le niveau des frais, plus élevés lorsque la gestion est active. Et les échanges fréquents dans la gestion active d’un portefeuille génèrent des frais de transaction. Cet handicap de coût, compris entre 1 et 2%, quand ce n’est pas plus, ne peut être compensé, surtout à long terme. En outre, la recherche montre que les gestionnaires de ce type de fonds prennent trop souvent des décisions qui s’avèrent dommageables au final.
Deux exceptions
Il n’y a que deux catégories dans lesquelles les fonds actifs ont, en moyenne, surpassé leur indice en 2023 : les actions des pays émergents (49%) et les actions polonaises (12%). Toutes les autres catégories ont, en moyenne, perdu du terrain par rapport à leur indice. Ce n’est pas un hasard si ces deux catégories sont considérées comme des marchés ‘moins efficients’.
Faut-il pour autant se débarrasser des fonds gérés activement ? Non. Ce n’est pas parce que ce type de fonds déçoit en tant que groupe qu’il n’y a pas parmi eux des produits qui s’en sortent bien et qui méritent une place au soleil.
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Ceci dit, ce qui précède montre que le choix d’un tracker (= à gestion passive) est souvent le plus judicieux. Quoi qu’il en soit, vous avez toujours la possibilité de choisir entre les deux formes de gestion. Et nous nous ferons un plaisir de vous aider à faire le bon choix.
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