Le cuivre séduit malgré les turbulences

Le cours du cuivre s’est montré très volatil, avant de se stabiliser
Le cours du cuivre s’est montré très volatil, avant de se stabiliser
Les détenteurs de parts du tracker WisdomTree Copper ETC ont failli tomber à la renverse lorsqu’ils ont découvert, fin août, le cours de leur fonds : 34,31 euros contre 44,23 euros, record absolu, en juillet. Comment expliquer une telle glissade en si peu de temps ?
Fin juillet, sur le Comex, le marché des matières premières de New York, le cours du cuivre s’est effondré de 22% en une seule journée. La raison, ou plutôt, le coupable ? Donald Trump. Le président américain a décidé, de manière totalement inattendue, d’exempter le cuivre raffiné de la taxe américaine à l’importation de 50% alors qu’il avait annoncé un mois plus tôt qu’il imposerait cette taxe sur le métal rouge.
Donald Trump est contrarié par le fait que, malgré les nombreuses mines de cuivre dont disposent les États-Unis, 40% de tout le cuivre raffiné dont le pays a besoin doit être importé à cause d’un manque de capacité dans l’industrie du traitement. Le président américain comptait remédier à cette situation en imposant une taxe à l’importation.
Du coup, le prix du cuivre à New York a considérablement augmenté, beaucoup plus que sur les autres marchés comme Londres et Shanghai. Et lorsqu’il a fait machine arrière, le métal rouge a complètement perdu cet avantage et est retombé à son niveau d’équilibre.
Vu que le fonds de WisdomTree suit à la trace le cours du cuivre américain, les détenteurs de ce fonds ont eu l’impression d’être à la foire sur les montagnes russes. Fin août, la situation semblait s’être (temporairement ?) normalisée.
En fin de compte, le prix du cuivre à Londres a augmenté de 13% depuis le début de l’année, mais en dollar américain. En euro, vu la faiblesse du billet vert, sa progression est nulle (-0,1%). Sur le marché de New York, le prix du cuivre est en hausse de 9% en dollar et en baisse de 3,5% en euro. Ce dernier chiffre correspond au rendement du fonds WisdomTree Copper ETC depuis le début de l’année.
Le retour à un calme relatif est l’occasion de se pencher sur le potentiel du cuivre. Il semble toujours très prometteur à long terme. Même si ce métal est particulièrement sensible à la conjoncture économique, ce qui veut dire qu’il souffre lorsque l’économie mondiale est en difficulté, nous ne pouvons pas ignorer les fondamentaux.
La demande en cuivre va continuer à augmenter fortement en raison de son importance dans les technologies modernes (voitures électriques, data centers d’intelligence artificielle) et les solutions d’énergie propre (principalement panneaux solaires et éoliennes). C’est tellement vrai que le métal rouge a été inscrit le mois dernier sur la liste des minerais critiques établie par l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis. C'est en quelque sorte la reconnaissance ultime que le cuivre est très important pour l’avenir et qu’il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Fin 2024, la demande annuelle en cuivre s’élevait à 27 millions de tonnes. Le lobby mondial de l’industrie du cuivre prévoit une augmentation de la demande à 33 millions de tonnes en 2035 et à 37 millions de tonnes en 2050. D’autres organismes estiment que la demande sera plus élevée encore (jusqu’à 50 millions de tonnes en 2050). La demande est aussi stimulée par les changements démographiques comme l’urbanisation croissante en Asie (principalement en Chine) où la classe moyenne utilise beaucoup plus de cuivre (câblages, sanitaires, communications) que par exemple le traditionnel monde agricole.
En effet. L’insuffisance de l’offre en cuivre s’explique par des années de sous-investissement et par la persistance de perturbations dans les importantes régions minières. La vétusté des mines, la baisse de la teneur en cuivre du minerai, l’augmentation des coûts, les problèmes d’autorisation (notamment en matière d’environnement) et autres font que la capacité de production d’environ 26 millions de tonnes par an ne peut pas être augmentée rapidement.
De ce fait, l’écart entre l’offre et la demande se creuse. Seules des avancées technologiques ou une augmentation des capacités de production pourraient changer la donne. Nous n’avons aucune information sur d’éventuelles avancées technologiques et en ce qui concerne les capacités de production nous savons qu’il faut dix ans pour les mettre en place. Tout cela entraîne une pression continue à la hausse sur le prix du cuivre.
Si vous souhaitez augmenter la diversification de votre portefeuille, vous pouvez envisager d’investir de manière limitée (5%) dans le cuivre. Cependant, un tel investissement ne convient pas à tout le monde : sa valeur peut considérablement fluctuer. Ne vous laissez pas impressionner et misez surtout sur le long terme.
Actuellement, nous ne sommes plus acheteurs de sociétés cotées en Bourse actives dans l’exploitation minière du cuivre. Nous avons suspendu notre recommandation d’achat d’Anglo American en avril.
Par contre, le tracker WisdomTree Copper ETC, qui suit de près l’évolution du prix du cuivre, reste un achat intéressant. Le tracker de WisdomTree est suffisamment costaud pour se maintenir et ses gestionnaires ne recourent pas à l’effet de levier, contrairement à de nombreux autres produits liés au cuivre.