L’ETF de la semaine : le secteur du luxe ?
Faut-il investir en Bourse dans le secteur du luxe à l’aide d’un tracker (ETF) ?
Faut-il investir en Bourse dans le secteur du luxe à l’aide d’un tracker (ETF) ?
Précisons-le d’emblée, globalement, le secteur du luxe n’est pas parmi les plus attractifs.
Pour trouver un ETF investi dans un secteur plus intéressant, utilisez notre sélecteur d’ETF.
Si toutefois, vous pensez à miser sur le secteur, lisez ce qui suit.
Pour investir globalement dans le luxe, sachez qu’un seul ETF est disponible : Amundi Global Luxury UCITS ETF.
Cet ETF synthétique est bien diversifié géographiquement : Etats-Unis (38%), France (25%) et Italie (10%).
Dans l’indice boursier dont il épouse fidèlement les évolutions, les trois premiers postes sont les grands noms du luxe LVMH, Richemont et Hermès (pour environ 25% ensemble).
Mais l’ETF est aussi exposé à des valeurs automobiles sur lesquelles nous ne sommes pas nécessairement enthousiastes comme Ferrari (7,1%), Tesla (5,2%) et Mercedes (4%).
Ces dernières années, son rendement a été inférieur à celui d’un indice mondial bien diversifié. Il est aussi plus risqué que la moyenne mondiale. Nous n’en sommes pas acheteurs.
Nous vous expliquons ici dès lors quelle est la situation actuelle du secteur.
Le secteur du luxe mondial a été longtemps synonyme de croissance rapide et de rentabilité exceptionnelle.
Après la pandémie, il avait profité d’un rebond de la demande. Il a ensuite profité de l’essor de la digitalisation des achats, ainsi que de l’élargissement des publics demandeurs, notamment en Asie. Pour améliorer ses marges, il a réalisé des montées en gamme.
Mais à présent, il subit les fortes mutations des habitudes de consommation. La dynamique s’essouffle. La croissance disparaît. Un directeur de chez Channel évoque même la « fatigue du luxe » : un phénomène selon lequel les clients traditionnels du luxe éprouvent une lassitude croissante face à l’omniprésence des marques de prestige, avec dès lors une perte de fidélité.
Pour l'année 2025, on s’attend à ce que le secteur du luxe à l’échelle mondiale ait connu une croissance de seulement 1 ou 2 %.
Pour 2026, la croissance pourrait être de 5%, à condition que le marché chinois se reprenne, ce qui est loin d’être garanti.
La Chine est LE marché vital pour le secteur du luxe (35 à 40% des ventes mondiales du secteur).
Mais le pouvoir d’achat des Chinois est sous pression, la crise immobilière n’en finit pas et le pouvoir politique a les moyens d’orienter les consommateurs vers des marques locales, au détriment des marques européennes.
En 2024, les ventes de produits de luxe en Chine ont reculé de 18 à 20%.
Sur l’année 2025, la croissance devrait y rester quasi nulle.
En 2026 et 2027, le marché chinois devrait retrouver au mieux une croissance annuelle de 4 à 6 %, si l’environnement économique s’améliore bien et que la confiance des ménages revient.
La petite hausse des ventes de LVMH et de L’Oréal en Chine ces derniers temps est certes un point positif, mais qui reste à confirmer.
Depuis janvier 2022, les prix de vente des produits de luxe ont flambé : +21% en moyenne et jusqu’à +45% pour certains produits.
Mais en augmentant ainsi fortement les prix pour soutenir leur chiffre d’affaires, les maisons de luxe ont contribué à réduire les volumes vendus, ce qui a fini par peser sur les bénéfices.
La stratégie de hausse des prix a donc atteint ses limites.
– Se diversifier au niveau géographique
Pour réduire le poids de la Chine dans les ventes, Richemont et Kering accentuent leur présence aux États-Unis, au Japon, en Corée et au Moyen-Orient, marchés où la demande pour le luxe reste robuste ou progresse.
– Redynamiser
Les groupes nomment de nouveaux directeurs artistiques, lancent de nouvelles collections, cherchent des collaborations événementielles pour attirer les plus jeunes.
– Restructurer
Ne pas hésiter à modifier les réseaux de distribution, en se focalisant sur les points de vente les plus rentables. LVMH, longtemps adepte de la croissance géographique, ferme certains points de vente moins rentables.
Dans le secteur du luxe, les cours de Bourse valent en moyenne 28 fois les bénéfices par action attendus. C’est plus que la moyenne mondiale des actions.
Les attentes des investisseurs quant à la rentabilité des acteurs du secteur sont donc encore élevées. Les déceptions seront dès lors durement sanctionnées.
Les récents résultats publiés par les entreprises du luxe comme LVMH, Hermès, Salvatore Ferragamo ou L’Oréal révèlent certes des signaux un peu plus positifs.
Mais ce n’est pas gagné.
La réaction des cours de Bourse aux annonces des groupes a d’ailleurs été mitigée.