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Investir dans les valeurs refuges

Existe-t-il encore de réelles valeurs refuges ?

Existe-t-il encore de réelles valeurs refuges ?

Publié le 22 mai 2025
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Existe-t-il encore de réelles valeurs refuges ?

Existe-t-il encore de réelles valeurs refuges ?

Lorsque le stress domine sur les marchés financiers, il a toujours été possible de se tourner vers des placements considérés comme des valeurs refuges. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Et si oui, où les trouver ?

Les marchés boursiers sont sous pression. Les investisseurs craignent que les tarifs des droits de douane imposés par le président américain ne débouchent sur une récession mondiale. Entre la mi-février, quand Donald Trump a outragé le président ukrainien à la télévision et la fin avril, Wall Street a perdu ±9% (en dollar) et le marché technologique américain Nasdaq ±13%. Encore un petit pour cent et ce sera fait : on pourra alors parler d'un véritable marché baissier (= en baisse de 20% par rapport à son dernier pic).

Ailleurs dans le monde, de nombreux indices boursiers ont aussi sombré dans le rouge. C’est le cas au Danemark (-15%), en Suède (-10%), aux Pays-Bas (-9%), en Suisse (-5%), etc. Les investisseurs ont horreur de l'incertitude, et celle-ci est aujourd'hui omniprésente.

Il n’y a toutefois aucune raison de céder à la panique.

Par le passé, les investisseurs ont toujours pu compter sur les valeurs refuges pour mettre leurs capitaux à l'abri. Pensons aux emprunts d’Etat (de qualité) libellés en dollar américain, en yen japonais et en franc suisse. Sans oublier ce vieil ami qu’est l'or. Il faut cependant se poser la question : est-ce toujours le cas aujourd'hui ? Le vent mauvais qui souffle sur les marchés vient cette fois d’Amérique du Nord alors que jusqu’ici les États-Unis étaient considérés comme sûrs.

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Voyons quelles sont ces valeurs refuges

Comme vous le savez, les Trois Mousquetaires sont au nombre de quatre. C’est le cas ici aussi. Ces mousquetaires sont considérés comme les gardiens de la confiance. Ils offrent une relative sécurité aux investisseurs. Le terme ‘relative’ est de mise parce qu’il n’y a jamais de garantie totale de voir votre capital préservé.

La logique qui se situe derrière ce constat est la suivante.

Lorsque l'économie va mal ou que les marchés boursiers sont agités, les investisseurs recherchent des endroits où placer leur argent en toute sécurité (ou presque). Généralement, ces capitaux sont placés en or, en emprunts d'État en dollar américain, en yen japonais et en franc suisse, toutes devises moins sensibles que les autres aux fluctuations du marché des changes.

Comme de nombreux investisseurs raisonnent ainsi, ces placements attirent tellement d'argent que cela peut même avoir un effet positif sur les cours. Les valeurs refuges peuvent ainsi enregistrer des gains importants lorsque les autres actifs baissent.

Le tableau ci-dessous vous montre les rendements enregistrés par les valeurs refuges pendant les mauvaises années boursières depuis 2008 ainsi que leur réaction l'année suivante. Sur les 35 mesures effectuées, un quart (9) seulement de ces valeurs refuges ont déçu pendant les mauvaises années boursières (sur ce plan, 2022 a été une année particulièrement décevante, offrant peu de possibilités de fuite aux investisseurs).

Autrement dit, dans les trois quarts des cas les valeurs refuges ont réussi à enregistrer des bénéfices alors que le contexte boursier est défavorable. Chaque fois, dans l'année qui suit, lorsque le climat économique s'éclaircit et que les investisseurs se remettent à investir, les valeurs refuges vont dans l’autre sens (hausse plus légère ou même baisse).

Au passage, vous remarquerez la remarquable performance de l'or qui se moque du sentiment des marchés boursiers et suit sa propre voie.

Prestations des valeurs refuges après chaque mauvaise année boursière depouis 2008

Un investissement clé

Nous pensons que tout investisseur doit s’intéresser aux valeurs refuges. En premier lieu à l’or. La part que vous lui accordez dépend de votre attitude face au risque. Plus vous craignez le risque et plus le choix de cette valeur refuge s'impose.

Pour nous, l’or est un amortisseur et un moyen de répartir le risque dans un portefeuille. Pour certains, il est considéré comme une source de rendement à long terme.

Cela dépend de votre vision de l'investissement. Vous lirez plus loin que nous nous demandons s'il est (encore) intéressant d'investir en or à son cours actuel. Et si cette question se pose pour tout le monde ou seulement pour un certain type d'investisseur.

 

Dollar américain et emprunt d'État

Le billet vert est la pierre angulaire du système financier international. C'est par excellence la monnaie de réserve mondiale. Ou devons-nous déjà écrire ‘c’était’ ?

Trump sème la zizanie
L'évolution du cours du dollar est une des choses les plus surprenantes qu’on ait vues cette année sur les marchés financiers. A la mi-janvier, après avoir gagné 1,5%, le billet vert semblait en passe d'atteindre la parité avec l'euro (0,98 dollar pour 1 euro) grâce à ses taux d'intérêt plus élevés (quasi le double des nôtres) et grâce au message de Donald Trump : Make America great again. Fin avril, il ne restait plus grand-chose de cette idée.

Le président américain a joué gros avec sa politique commerciale agressive. Son protectionnisme a sapé la confiance dans l'économie américaine et dans le dollar. Fin avril, le billet vert avait perdu près de 9% par rapport à l'euro depuis le début de l'année.

Obligations d'État en dollar
Les Treasuries (bons du Trésor) ne sont pas trop mal comportés (en dollar). Ils offrent des coupons élevés (environ 4%) et les émissions sont toujours très bien accueillies par les investisseurs professionnels (américains). Les cours évoluant à l’inverse des taux, toute baisse future des taux d'intérêt (pour lutter contre une récession par exemple) sera positive pour ce marché qui, récemment, a été soumis à une certaine pression par crainte de voir les droits de douane imposés par Donald Trump entraîner une hausse de l'inflation, ce qui laisserait peu de marge de manœuvre à la Federal Reserve (= banque centrale américaine) pour baisser ses taux d'intérêt. Cet effet restera toutefois limité dans le temps.

Intéressantes ?
Ne sous-estimez surtout pas le dollar. Quoi qu’on dise, il n’y a pour le moment aucune alternative au billet vert comme monnaie de réserve mondiale. Le marché des emprunts d'État américains reste la base la plus liquide et la plus crédible de notre système financier et elle est soutenue par une banque centrale fiable.

Les emprunts d'État libellés en dollar sont et restent d’ailleurs un pilier dans chacun de nos portefeuilles types. Ils ont également un effet modérateur sur la volatilité de ces portefeuilles.

Nous conseillons d’y consacrer pas moins de 25% de notre portefeuille défensif 25%, 25% aussi de notre portefeuille équilibré et 15% de notre portefeuille dynamique.

Pour acheter
Nous avons un faible pour les fonds misant sur les treasuries dont l’échéance se situe entre 7 et 10 ans. Par exemple Invesco US Treasury Bond 7-10 Year UCITS ETF et iShares $ Treasury Bond 7-10yr UCITS ETF.

Dollar en euro

Franc suisse et emprunt d'État

La Suisse bénéficie de la meilleure notation de crédit, sa dette publique est peu élevée et sa balance commerciale est excédentaire (exportations supérieures aux importations). L'inflation est aussi très faible (0%), ce qui signifie que le franc ne se déprécie pratiquement pas à long terme. Ajoutez à cela que le pays est bien gouverné et que sa position concurrentielle est la deuxième meilleure au monde (après Singapour).

On comprend dès lors qu’en période de crise de nombreux investisseurs aient tendance à placer leur argent dans ce refuge alpin, au profit du franc.

Une devise forte
Le franc suisse enregistre de bonnes performances malgré des rendements faibles. On n’obtient qu’un coupon de 0,40% à peine sur une obligation d'État suisse à 10 ans. La Banque nationale suisse (BNS) a gagné depuis longtemps la lutte contre l'inflation et elle considère que le franc est trop cher. Elle tente donc de le faire baisser en réduisant son principal taux directeur (de 1,50% il y a un an à 0,25% aujourd'hui). Voilà qui normalement devrait rendre le franc moins intéressant.

Pour acheter
C'est son statut de valeur refuge qui rend le franc très attractif. Cela prouve que le cours d'une devise n'est pas uniquement déterminé par les taux d'intérêt. Sur ce plan, la BNS n’est sans doute plus très loin d’un plancher. À long terme donc, investir dans le franc ne présente d'intérêt que pour son potentiel monétaire.

Compte tenu de sa forte hausse de ces dernières années (+13% sur 5 ans) et de la volonté de la BNS de rendre le franc moins cher, nous pensons qu'une stabilisation pourrait être le début de la fin de la hausse du franc. Une incontestable valeur refuge ? Oui, sans aucun doute. Est-ce une raison suffisante pour y investir aujourd'hui ? Non.

Franc suisse en euro

Yen japonais et emprunts d'État 

Le yen est une valeur refuge grâce à l’énorme propension à épargner des Japonais. Ils parcourent le monde à la recherche du rendement qu'ils ne trouvent pas dans leur pays. C'est pourquoi ils investissent massivement à l'étranger, ce qui exerce une légère pression à la baisse sur le yen.

Mais dès que les marchés financiers se mettent à tousser, les Japonais rapatrient massivement leur argent, ce qui soutient la devise japonaise. Voilà pour la théorie.

Debout dans la tempête
Depuis le début de l’année, le yen japonais s'impose comme le grand gagnant sur le marché des changes. Il a progressé de 10% par rapport au dollar. Cela semble spectaculaire, mais en réalité cela ne fait que compenser les pertes enregistrées en 2024.

En euro, la hausse du yen se limite à 0,4%. Pourquoi cette hausse néanmoins ? Il faut compter avec deux facteurs, la politique commerciale de Donald Trump (rapatriement de l’activité) et l'inflation japonaise, qui s'élève à 3,6%, au-delà des 2% visés par la Bank of Japan (banque centrale).

On s'attend à une hausse des taux japonais à long terme (actuellement 0,5%), ce qui soutient la devise.

Pour acheter
Les obligations d'État japonaises du portefeuille d’un fonds comme Xtrackers II Japan Government Bond UCITS ETF offrent des rendements d'environ 1,1% brut. C'est très peu. Faut-il dès lors acheter pour le potentiel qu’offre la devise ? Cela se discute.

Dès que le calme reviendra sur les marchés financiers, le marché obligataire japonais sera l'un des premiers à voir les capitaux s'en aller. Le yen est rarement convaincant après une période de crise. Mieux vaut donc s'abstenir.

Yen japonais en euro

L'or, la valeur refuge par excellence

Fin avril, il fallait débourser 3 308 dollars pour une once d’or (31,1 grammes), soit 684 dollars de plus qu'au début de l'année. Cela correspond à une hausse de plus de 26% en dollar et de 15% en euro. Le métal précieux n'est donc pas très loin de son record du 21 avril dernier (3 424 dollars). Autrement dit, l’or s'impose.

Un nouvel équilibre
L'or réagit comme le remède à tous les maux dont souffre le monde, que ce soit la géopolitique, la crise de la dette, l'inflation, les lubies de Donald Trump, etc. Tout cela a un effet stimulant sur son cours. Mais il faut aussi compter avec de nouveaux facteurs jouant en sa faveur. Ainsi, le métal jaune est désormais considéré comme la réserve la plus précieuse pour les banques dans leur bilan. Et les banques centrales accumulent de l'or avec frénésie. Ces nouveaux acheteurs exercent une influence indéniable sur le marché.

Pour acheter
L'or cote près de son sommet et lorsque son cours a fait mine de baisser de quelques pourcents les 22 et 23 avril derniers, vous avez été nombreux à nous demander s’il était temps de vendre.

Notre réponse est nuancée.

Tout d'abord, il est normal que le prix de l'or baisse après la hausse (trop) rapide et (trop) forte de ces derniers mois. Attendez-vous à voir sa volatilité augmenter.
Si cela vous met mal à l'aise et/ou si vous estimez que l’or pèse trop lourdement dans votre portefeuille, prenez partiellement votre bénéfice.
Si en revanche vous investissez dans l'or parce que vous considérez ce métal précieux comme une assurance tous risques pour votre portefeuille, ne faites rien.

Fondamentalement, rien n'a encore vraiment changé sur le plan géopolitique. Et le cours de l'or évolue indépendamment du cours des actions (= bonne diversification). Nous pensons même que cette assurance tous risques pourrait rapporter de l'argent. Pourquoi ? Parce que l’endettement élevé des pays occidentaux entraînera à terme une érosion de la valeur du dollar et de l'euro. Et les banques centrales achètent de l'or (plus de 1 000 tonnes par an depuis la guerre en Ukraine) pour diversifier leurs réserves. En fait, elles veulent surtout détenir moins de dollars. L'attitude de Donald Trump accélère ce processus.

Selon votre profil de risque et votre vision du monde, vous pouvez investir 5 à 10% de votre portefeuille en or physique ou acheter un tracker coté en Bourse qui investit en or physique comme Xetra-Gold ETC.

Evolution de l'once d'or sur 1 an (en dollar)

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