L'Indonésie sous pression

Les actions indonésiennes restent intéressantes mais réservées aux portefeuilles équilibré et dynamique.
Les actions indonésiennes restent intéressantes mais réservées aux portefeuilles équilibré et dynamique.
Dans une optique de long terme, les actions indonésiennes sont intéressantes. Nous les conseillons à concurrence de 5% de notre portefeuille dynamique et 5% de notre portefeuille équilibré.
Vous pouvez y investir via le fonds Amundi MSCI Indonesia UCITS ETF, qui a dégagé un rendement négatif de -25,6 % sur cette dernière année et de -11,7% sur 3 ans, et un rendement annuel moyen positif de 2,8% sur 5 ans.
Depuis la fin de la présidence de Jokowi, les investisseurs en Indonésie restent prudents. Le pays traverse des transitions complexes. Le programme d’infrastructures lancé sous Jokowi, incluant la construction de la nouvelle capitale Nusantara, nécessite de lourds investissements publics, financés par une forte hausse des recettes fiscales. Mais avec 60% de la population active dans l’informel, la charge fiscale repose sur une minorité, ce qui alimente le mécontentement.
L’accès à la propriété reste aussi problématique : les banques, au modèle très conservateur, refusent l’accès au crédit aux revenus instables, excluant la majorité. Le climat se tend alors que le nouveau président Prabowo Subianto multiplie les décisions impopulaires. Ancien général, il place ses proches dans les rouages de l’État, crée 23 nouveaux ministères, et lance un fonds souverain peu transparent.
Son programme de repas scolaires gratuits, financé au détriment de la santé et de l’éducation, est mal géré et pèse déjà 9% du budget, juste derrière les dépenses militaires (15%).
À ces difficultés internes s’ajoute une conjoncture extérieure défavorable. L’Indonésie, peu couverte par des accords commerciaux, subit de lourds droits de douane à l’export, dont 19% imposés récemment par les Etats-Unis. Elle semblait pourtant bien placée pour profiter de la stratégie "Chine + 1", mais sa stabilité perçue comme inférieure à celle du Vietnam nuit à son attractivité.
Résultat : un recul de l’investissement direct étranger ces derniers mois.
La Bourse de Jakarta reste bien orientée, avec une hausse de 15% en monnaie locale (dividendes inclus). En revanche, la rupiah a chuté de 15% après des violences urbaines et une baisse des taux par la banque centrale, effaçant en euro toute la performance boursière.
Après une forte croissance portée par les réformes de Jokowi (modernisation, compétitivité, développement du secteur minier, et notamment le nickel), l’Indonésie traverse une phase de transition. Pour progresser, elle devra redéfinir le rôle de l’Etat, réduire l’économie informelle, élargir les opportunités pour ceux qui en dépendent, et mieux intégrer les jeunes via une politique de formation plus ambitieuse.
Malgré ces défis, les bases sont solides. Le pays conserve son potentiel en tant que base industrielle d’exportation, avec une main-d’œuvre abondante, mieux formée, et une forte présence dans la transition énergétique.
Avec 285 millions d’habitants, l’Indonésie représente aussi un marché intérieur très porteur. L’ouverture progressive au commerce mondial devrait doper la croissance. Jakarta envoie un signal fort avec un accord de libre-échange conclu avec l’Union européenne, qui supprime les droits de douane sur 98% des exportations et réduit les barrières non tarifaires.
L’Indonésie traverse une période délicate, mais reste selon nous l’un des marchés émergents les plus prometteurs. Riche en matières premières essentielles à la transition énergétique, doté d’une main-d’œuvre jeune et d’un marché intérieur vaste, le pays parie sur l’avenir. Il ne manque plus qu’une vague de réformes pour le propulser vers une nouvelle dimension. Ce pari demandera du temps.
Mais à ce stade, la Bourse de Jakarta nous paraît très attractive. Elle offre un rendement en dividendes proche de 5% et une valorisation inférieure à la moyenne des marchés émergents, avec un ratio cours/bénéfices attendu inférieur à 12. Ce marché reste toutefois volatil et peu adapté aux profils prudents. Mais pour les autres, l’Indonésie conserve pleinement sa place dans nos portefeuilles.