Nous avons calculé, sur la base d’un panier d’actions du secteur de la défense, que l’investisseur qui a acheté en janvier a gagné 29%. Le rendement annuel moyen de ces actions, sur les cinq dernières années, s’établit à 23%. À titre de comparaison, pour le marché boursier mondial, les résultats sont de respectivement 1,3 et 12%. On peut donc parler d’une très belle prestation.
Du coup, vous nous demandez (à juste titre) s’il n’est pas temps de prendre son bénéfice, ne fût-ce que partiellement. Notre réponse est clairement non.
Ne prenez votre bénéfice que si le poids de ce secteur dans votre portefeuille est devenu trop lourd (plus de 5%). Mais ne le quittez surtout pas. Son potentiel est encore très élevé, même aux valorisations actuelles qui tiennent déjà compte des attentes élevées des investisseurs.

5% du PIB
Tout cela est bien évidemment lié à l’augmentation considérable des budgets de défense nationale. Lors du récent sommet de l’OTAN à La Haye, il a été décidé que les pays européens membres de l’Alliance devaient consacrer 5% de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense commune. Ces 5% se répartissent comme suit : 3,5% destinés à l’armement, 1,5% aux infrastructures. Fin 2024, la moyenne européenne n’était que de 1,9%, soit 326 milliards d’euros.
Désormais, l’Union doit respecter cet engagement, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. Pour les pays dont les finances publiques posent problème, cela implique une augmentation des impôts ou une réduction des dépenses. Rien de tout cela n’est facile.
Les pays passent à l’action
On constate néanmoins que les choses changent déjà du fait du renforcement des menaces extérieures (Russie), de la pression exercée par les États-Unis (par Donald Trump pour être précis) et de la volonté de nos pays d’être plus autonomes (c’est-à-dire moins dépendants des États-Unis).
Plusieurs pays ont d’ores et déjà décidé de financer ces dépenses nouvelles en dehors du cadre budgétaire strict fixé par l’Union européenne. Un fonds spécialisé a d’ailleurs été créé pour financer des projets de défense (Security Action for Europe, SAFE). Concrètement, des changements structurels sont annoncés et des commandes (groupées) ont déjà été passées, de préférence auprès de l’industrie européenne de la défense.
Tout cela montre qu’il y a un engagement à long terme qui va au-delà des problèmes géopolitiques actuels comme la guerre en Ukraine. Les dépenses de défense continueront à augmenter, même si les conflits actuels s’atténuent.
Les entreprises investissent
Les carnets de commandes bien remplis et le nombre record de postes vacants dans le secteur de la défense prouvent que la situation est sérieuse. Les entreprises investissent massivement afin de pouvoir augmenter et, surtout, accélérer leurs cadences de production à l’avenir. La hausse des chiffres d’affaires et des prévisions confirme cette tendance.
De plus, des fusions entre acteurs européens pourraient entraîner des économies d’échelle, ce qui permettrait aux entreprises du secteur d’être mieux… armées face à la concurrence américaine.
Un fonds ou des actions individuelles
Si vous disposez du profil de risque adéquat (équilibré ou dynamique), vous pouvez vous tourner vers des fonds de placement spécialisés ou vers quelques grandes actions individuelles correctement évaluées. Un fonds présente l’avantage d’être diversifié à l’intérieur même du secteur, mais il présente aussi l’inconvénient d’inclure dans son portefeuille des actions beaucoup moins intéressantes (c’est-à-dire chères). Par contre, opter pour une action individuelle vous expose au risque propre de l’entreprise concernée, mais ce choix augmente vos chances d’obtenir un rendement potentiel plus élevé.
Notre action préférée
Nous sommes acheteurs de trois actions du secteur de la défense : BAE Systems, Lockheed Martin et Thales.
Notre favorite est BAE Systems. Ce géant britannique publie de bons résultats, dispose d’un carnet de commandes bien fourni et se maintient à la hauteur des attentes des investisseurs, pourtant en hausse. BAE Systems est aussi l’entreprise la plus diversifiée des trois, tant par sa gamme de produits que par sa présence internationale.
Notre fonds préféré
Les trackers Future of Defence UCITS ETF (créé en juillet 2023) et VanEck Defense UCITS ETF (janvier 2023) investissent dans un panier d’actions mondiales du secteur de la défense comme Palantir Technologies et RTX. Leur portefeuille est américain à 50% au moins. Ils peuvent être conservés.
Pour acheter, nous vous conseillons plutôt WisdomTree Europe Defence UCITS ETF (mars 2025). Ce fonds présente la particularité de se concentrer sur les acteurs européens de la défense comme Rheinmetall, BAE Systems et Leonardo. C’est là que réside, selon nous, le plus grand potentiel de croissance vu que la majeure partie des budgets européens de la défense ira à des entreprises européennes. Ces fonds excluent certaines actions sur la base de critères de durabilité, en l’occurrence les fabricants de mines antipersonnel (Convention d’Ottawa), d’armes à sous-munitions (Traité d’Oslo) et d’armes biologiques et chimiques (Protocole de Genève).