Crypto : la fiscalité change en 2026. Ce qu’il faut savoir.
Fiscalité des crypto-actifs en Belgique : fonctionnement, taxation et obligations en 2026.
Fiscalité des crypto-actifs en Belgique : fonctionnement, taxation et obligations en 2026.
Amateurs de crypto-actifs, ouvrez grand vos oreilles ! À partir du 1er janvier 2026, vous entrerez, bon gré mal gré, dans un nouveau monde puisqu’il y aura d’une part l’introduction d’une taxe sur la plus-value et d’autre part un échange de données plus large avec l’étranger.
Peu importe la manière dont vous êtes entré en possession de vos crypto-actifs (achat, échange, don, airdrop, staking, fork), peu importe le type de crypto-actif que vous possédez, cryptomonnaies (bitcoin, ether et ripple), cryptodérivés (futures), stablecoins (USDT, USDC, PAXG) ou jetons non fongibles (NFT tels que Bored Ape Yacht Club, Crypto Punks et Pudgy Panda pour les connaisseurs).
Par contre, si vous êtes l’heureux détenteur d’un fonds en cryptomonnaies, vous êtes un peu plus tranquille. D’ailleurs, si vous investissez principalement en cryptomonnaies pour leur potentiel financier, ce type de fonds pourrait être la solution la plus simple pour vous à l’avenir.
Des fonds comme Coinshares Physical Bitcoin ETN (code ISIN : GB00BLD4ZL17), VanEck Bitcoin ETN (DE000A28M8D0) ou WisdomTree Physical Bitcoin ETN (GB00BJYDH287) suivent à la trace l’évolution du cours du bitcoin, mais ils ne sont pas soumis à toutes les nouvelles formalités administratives qui entrent en vigueur en 2026. Seul le nouvel impôt de 10% sur la plus-value les impactera.
En Belgique, nous avons eu de la chance jusqu’à présent. Contrairement à certains autres pays, nous ne sommes pas imposés sur la détention, l’utilisation (pour acheter quelque chose) et la vente de cryptomonnaies. Il n’y a pas d’impôt sur les bénéfices (non) réalisés, mais à certaines conditions. Il faut que vous soyez considéré par le fisc comme un bon père de famille qui agit dans le cadre d’une ‘gestion normale de son patrimoine privé’. C’est-à-dire que vous n’effectuiez pas trop de transactions, que vous le fassiez avec une part pas trop importante de votre patrimoine (la commission de ruling estime que le maximum est de 25%), et que vous n’en fassiez pas votre activité professionnelle. La plupart des investisseurs répondent à ces conditions.
Attention toutefois. Si le SPF Finances estime que vous avez un comportement spéculatif, vos bénéfices seront imposés aux taux fixe de 33%, plus les additionnels communaux. Pour vous qualifier de spéculateur, le SPF Finances va se fonder sur la fréquence (élevée) de vos transactions, sur l’importance des montants en jeu, sur les cash-outs (encaissements) rapides, le recours au crédit pour investir, etc.
Il y a aussi la catégorie des professionnels dont les gains sont imposés comme revenus professionnel. C’est-à-dire qu’ils sont soumis aux taux d’imposition progressifs, jusqu’à 50%, plus les additionnels communaux. Sans oublier les cotisations sociales. Les critères retenus pour que votre activité soit qualifiée de professionnelle sont la nature très fréquente (quotidienne) de vos opérations, ainsi que l’utilisation de logiciels de trading automatisés et/ou l’utilisation d’équipements professionnels. Par exemple un ordinateur et des cartes graphiques pour faire du mining (= vérifier et valider les transactions sur la blockchain afin d’obtenir des récompenses) ou du staking (= obtenir un revenu passif en verrouillant vos actifs).
Tout dépend des circonstances et le SPF Finances analyse les dossiers au cas par cas.
Attention, ce que nous écrivons ici est sous réserve ! Bien que la loi n’ait pas encore été votée, nous partons du principe qu’à partir de 2026 un impôt sur la plus-value de 10% sera appliqué sur tous vos investissements, y compris les crypto-actifs, avec toutefois une exonération annuelle de vos premiers 10 000 euros de plus-values. Le 31 décembre 2025 servira de point de départ pour le calcul de la plus-value. Les gains antérieurs ne sont donc pas concernés.
L’introduction d’une taxe sur la plus-value ne change rien aux trois types de comportement cités plus haut (bon père de famille, spéculatif, professionnel). Ceux-ci continuent d’exister. En d’autres termes, à partir du 1er janvier 2026, il vous incombera d’estimer comment les bénéfices sur vos crypto-actifs doivent être imposés. Dans la pratique, seule l’exonération en tant que bon père de famille disparaît : la taxation passe de 0 à 10%. Rien ne change pour les profits spéculatifs et professionnels.
Ce sont les plus-values que vous réalisez qui sont prises en compte dans le calcul de la nouvelle taxe. Il faut donc se poser cette question : quand y a-t-il réalisation ?
VENTE. Vous vendez vos cryptomonnaies en échange de monnaie fiduciaire (comme l’euro ou le dollar) ;
CONVERSION. Vous échangez vos cryptomonnaies A contre des cryptomonnaies B (= considéré fiscalement comme une vente et un réinvestissement) ;
ACHAT. Vous achetez et payez un bien avec vos cryptomonnaies.
À l’heure actuelle, le fisc belge ne dispose que de moyens limités pour savoir si une personne possède des cryptomonnaies, et encore moins pour savoir ce qu’elle en fait. Il appartient donc au contribuable qui détient des cryptomonnaies sur une plateforme ou chez un courtier en cryptomonnaies comme Binance, Kraken, Coinbase, Bitvavo, etc (tous étrangers d’ailleurs), d’en faire part au Point de contact central de la Banque nationale de Belgique (PCC) et de le mentionner dans sa déclaration de revenus annuelle. Pourquoi ? Parce que votre compte cryptographique auprès d’un tel courtier est juridiquement assimilé à un compte bancaire étranger.
Mais le fisc a peu de chances d’apprendre l’existence d’un compte sur une plateforme étrangère. Le risque de se faire prendre est donc faible. De ce fait, l’obligation de déclaration est souvent oubliée par l’investisseur.
La huitième version de la Directive européenne sur la coopération administrative (Directive on Administrative Cooperation, DAC8) entrera en vigueur l’an prochain. Elle oblige les prestataires de services cryptographiques et les intermédiaires à conserver et à communiquer les données de leurs clients. Les administrations fiscales des pays de l’Union européenne échangeront ensuite ces données entre elles.
Cette procédure se fera en liaison avec le Cadre de déclaration des crypto-actifs (Crypto-Asset Reporting Framework, CARF) qui sera mis en place par l’OCDE à partir du 1er janvier 2027. Ce cadre permettra l’échange de données avec les pays situés en dehors de l’UE, sauf les États-Unis pour lesquels les échanges de données ne débuteront qu’à partir de 2029.
On le voit bien, ces échanges permettent aux administrations fiscales d’avoir une meilleure vue d’ensemble de vos avoirs cryptographiques et facilitent le contrôle et la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales.
Grâce à la DAC8, le SPF Finances disposera donc de vos données d’identification (nom, adresse, numéro de registre national), des informations sur vos transactions (de crypto à crypto ou vers de la monnaie fiduciaire), sur vos types de cryptomonnaies, le nombre d’unités que vous possédez, leurs montants bruts, les virements vers des comptes externes, les données sur vos soldes, etc. Bref, tout !
A partir de 2026, votre intermédiaire professionnel devra collecter ces données et les transmettre à l'administration fiscale locale au plus tard le 31janvier 2027. Et tout au long de 2027, les administrations fiscales de chaque pays de l’UE échangeront ces données. Cette procédure devra ensuite être répétée chaque année.
Dès que la valeur d’une transaction dépasse 50 000 dollars, vos données personnelles seront aussi transmises au fisc, ici en Belgique, dans le cadre du CARF (il n’y a pas d’obligation pour les transactions d’un montant inférieur).
Les investissements dans les monnaies numériques de banque centrale (MNBC, en anglais Central Bank Digital Currencies ou CBDC) font exception à la règle vu qu’elles sont déjà centralisées et répertoriées. En outre, il n’est pas exclu qu’un jour le SPF Finances ait aussi accès aux données du PCC. Le data mining permettrait ainsi de détecter plus rapidement les risques d’infractions. Et, vous pouvez en être certain, les informations communiquées permettront de tirer des conclusions sur votre historique et votre comportement en matière de cryptomonnaies.
Vous êtes un adepte des cryptomonnaies et vous conservez vous-même vos cryptomonnaies dans un portefeuille hors ligne ? Sachez que dans ce cas vous n’êtes pas soumis à l’obligation de déclaration : ce type de portefeuille n’est pas couvert par la DAC8 ou le CARF.
Mais vous ne pourrez échapper à l’impôt sur la plus-value. Dès que vous échangerez ou vendrez vos cryptomonnaies, l’opération sera enregistrée et déclarée.
Dans la pratique, il est donc difficile de rester totalement invisible, surtout si vous souhaitez un jour convertir vos gains en euros et les placer sur un compte bancaire. De plus, si vous n’avez pas correctement repris dans votre déclaration d’impôts les plus-values réalisées, vous risquez de voir votre banquier vous poser des questions.
Si vous devez retenir une chose, c’est qu’il est dans votre intérêt de conserver la trace de toutes vos transactions cryptographiques. Notre conseil est simple : prenez des photos ou des captures d’écran de toutes vos positions (nombre et valeur). Pour chaque transaction (achat, vente, conversion), notez la date, le prix et la plateforme. Notez de quel compte provient l’argent ou la cryptomonnaie et où cet argent va. Il peut s’agir d’un portefeuille cryptographique personnel, d’un compte auprès d’une plateforme de trading ou auprès d’un courtier. Ces transactions peuvent se faire en monnaie fiduciaire (comme l’euro ou le dollar) ou en d’autres cryptomonnaies. Conservez toutes les preuves de vos frais de transaction.
Faites tout cela de préférence à la fin de l’année. Vous disposerez ainsi d’une preuve que vous pourrez toujours utiliser en cas de contestation à propos de l’impôt sur la plus-value. Ces informations sont non seulement cruciales en cas de questions de la part du fisc, elles vous aideront aussi à remplir correctement votre déclaration d’impôts.