Faut-il investir dans l’uranium ?

Faut-il miser sur le nucléaire en investissant dans l’uranium ?
Faut-il miser sur le nucléaire en investissant dans l’uranium ?
Le retour en force de l’énergie nucléaire est-il une raison suffisante pour investir dans l’uranium ? Tout dépend…
Nous ne conseillons un investissement en uranium qu’à celles et ceux parmi vous qui ont un profil de risque dynamique et un horizon de placement suffisamment lointain, qui s’accommode de la volatilité des cours.
Il n’y a sur le marché qu’un seul fonds investissant en uranium physique, le tracker canadien Sprott Physical Uranium Trust (code ISIN : CA85210A1049).
Il a dégagé un rendement de 2% sur un an et un rendement annuel moyen de 12% sur 3 ans et de 26,6% sur 5 ans.
Sa variante européenne, Sprott Physical Uranium ETC (code ISIN : XS2937253818), n’est hélas pas (encore) disponible pour des raisons administratives (pas de KIID).
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé le mois passé un contrat portant sur des milliards de dollars entre son pays et les Etats-Unis pour la construction de 12 petits réacteurs nucléaires, plus connus sous l’appellation de SMR (Small Modular Reactors). C’est l’exemple le plus récent d’un pays choisissant le nucléaire pour résoudre (partiellement du moins) son problème d’approvisionnement en énergie.
Mais c’est loin d’être le seul exemple en Europe, où l’on a vu naître une tendance au recours au nucléaire pour se libérer du gaz russe bon marché tout en optant pour une source d’énergie stable et sûre.
Il y a toutefois beaucoup de choses à régler au préalable. Selon la Commission européenne, il faudrait investir 241 milliards d’euros d’ici 2050 dans l’infrastructure nucléaire pour réussir ce virement de bord ? Et encore, il est probable que ce montant soit sous-évalué.
Les investisseurs avaient compris : ils ont anticipé depuis quelque temps déjà en ne dissimulant pas leur attirance pour le secteur. L’uranium et les entreprises qui traitent ce minerai ont déjà fait pas mal de travail en Bourse. Fin septembre, le prix du yellowcake, le concentré d’uranium (U308), était de 82,63 dollars la livre (0,454 kg). Il y a cinq ans, il ne valait que 29,90 dollars. Et encore, nous sommes loin sous le record de 136 dollars atteint en 2007.
Il a fallu plus de douze ans pour que le prix de l’uranium se remette de la catastrophe de Fukushima. Aujourd’hui, le revival inéluctable du secteur semble assuré, ce qui a fait l’effet du chiffon rouge sur les cours boursiers d’entreprises comme Cameco, Oklo, NexGen energy, etc. En cinq ans, le fonds Sprott Uranium Miners ETF a progressé de 36%, nettement au-delà de moyenne mondiale de 13%. Est-il trop tard pour prendre le train en marche ? Les lignes qui suivent sont consacrées à l’évolution du minerai. Nous nous concentrerons le mois prochain sur les entreprises du secteur.
Sur le plan politique, on peut vraiment parler d’un virage à 180°. Le nucléaire, c’était le zéro. Aujourd’hui, c’est le héros. En légitimant le recours à des sources énergétiques efficientes ayant l’empreinte écologique la plus faible possible, le Green Deal européen et l’US Inflation Reduction Act ont clairement désigné le nucléaire. C’est une petite révolution : l’énergie nucléaire peut aujourd’hui être considérée comme étant ‘durable’, ce qui ne peut qu’être un bienfait pour le secteur.
Autre nouveauté, l’énorme augmentation de la demande en énergie du secteur technologique. L’énergie nécessaire pour faire tourner les datacenters et les systèmes fondés sur l’IA (intelligence artificielle) est de nature à donner le tournis. C’est la raison pour laquelle Alphabet et Microsoft veulent investir dans leurs propres centrales nucléaires. Selon la World Nuclear Association (WNA), on s’attend à ce que la capacité nucléaire mondiale passe d’un petit 400 gigawatts actuels à un énorme 930 gigawatts en 2040. Ce chiffre, soit dit en passant, augmente chaque année.
En 2022, l’énergie nucléaire a été reprise, sous certaines conditions, dans la liste des activités économiques considérées comme ’durables’ dans ce qu’on appelle la taxonomie européenne. Ce n’était pas du goût de tous les pays membres de l’UE et l’affaire a été portée devant les tribunaux. Le mois passé, un juge européen a mis fin à cette lutte intestine, l’énergie nucléaire pouvant désormais être considérée comme ’durable’.
En effet, la source énergétique qu’est le nucléaire peut apporter sa contribution à l’émergence d’une économie décarbonée et à l’heure actuelle il n’y a pas de technologie alternative n’émettant pas de gaz à effet de serre. Ce jugement est d’une importance capitale pour que les investissements dans le nucléaire soient définitivement considérés comme ‘durables’, permettant l’afflux de capitaux vers le secteur.
Pour répondre à la demande, il faut deux choses : des réacteurs et du combustible. Pour le moment, il y a 440 réacteurs en activité dans 31 pays différents. 70 sont en construction et les plans existent déjà pour en construire 100 de plus, surtout en Asie. Le combustible, lui, pose problème à cause d’années de désinvestissement, de l’épuisement de certaines mines et du temps que prend la mise en exploitation d’une mine (10 à 20 ans). Cette situation est évidemment de nature à faire grimper le prix de ce minerai rare.
Mais un tel placement est notoirement volatil, si bien qu’il ne convient pas à tout le monde. Le cours peut fortement monter et redescendre aussi vite. Toutefois, la tendance de base est à la hausse.