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L’argent gratuit peut coûter très cher

Publié le  09 mai 2019
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La faiblesse prolongée des taux a diverses conséquences.

L’argent gratuit coûte très cher lorsqu’il est mal utilisé. Nos stratégies d’investissement, basées sur la diversification, sont là pour vous aider à ne pas tomber dans ce piège.

Depuis le début de l’année, le discours des principales banques centrales est redevenu plus accommodant, favorisant le rebond des Bourses. Le durcissement monétaire est ainsi vraisemblablement fini aux Etats-Unis. Dans la zone euro, le début de normalisation monétaire a été tué dans l’œuf par le ralentissement économique et le loyer de l’argent restera à zéro.

Après plusieurs années de ces politiques extrêmement accommodantes, force est de constater qu’elle peuvent créer plus de risque, tant pour l’économie que l’investisseur.

L’argent bon marché maintient artificiellement en vie des sociétés très endettées et peu efficaces. Ces entreprises zombies accaparent du capital et des parts de marché au détriment d’acteurs plus performants. Cela réduit la productivité et la croissance économique, jusqu’à 0,6% par an selon certaines études pour l’ensemble des pays développés, où la part de ces entreprises dépasse aujourd’hui 10%, contre 2% en 1990. Certaines entreprises innovantes réussissent toutefois à se développer, mais pour être le plus souvent rapidement achetées par les leaders du secteur, qui peuvent multiplier les acquisitions grâce à l’argent bon marché. Cela favorise l’émergence de mastodontes qui font fructifier la rente de leur quasi-monopole plutôt que d’améliorer leur efficacité. Et de nouveau, cela pénalise la productivité et la croissance économique.

Pour les ménages, la baisse des taux d’intérêt a allégé la charge de la dette. Mais l’argent bon marché a aussi favorisé la hausse des prix immobiliers, obligeant les primo-accédants à emprunter plus. Ainsi, en Belgique, le montant médian des nouveaux crédits hypothécaires a doublé entre 2011 et 2018 ! L’épargnant est aujourd’hui privé des milliards de revenus très peu risqués que son bas de laine lui procurait avec des taux plus élevés. Enfin, offrant au mieux des taux d’intérêt nuls, l’obligataire de qualité a disparu des options disponibles pour l’investisseur, obligé de se contenter d’un rendement moindre ou de prendre plus de risques. Mais ce surcroît de risque n’est pas adapté à tous les investisseurs. Et même les profils les plus dynamiques doivent veiller à garder le risque dans des limites acceptables.