Aux USA, Trump demande régulièrement à la Fed de baisser davantage le taux directeur, actuellement établi entre 2% et 2,25%.
Sa logique est simple : dans un pays où les ménages sont plus connus pour leur aptitude à consommer qu’à épargner, des taux d’intérêt bas – et donc un crédit très bon marché –contribuent à doper l’activité économique.
Hélas, les chiffres publiés par la Fed montrent que le lien entre le taux d’intérêt fixé par la banque centrale et les taux d’intérêt qui pèsent sur les consommateurs n’est pas toujours si direct.
Ainsi, le taux d’intérêt que paie le consommateur américain sur sa carte de crédit est au plus haut depuis… 25 ans ! Actuellement supérieur à 17%, le taux annuel moyen sur les cartes de crédit affiche un différentiel proche de 15% face aux taux directeurs. Et ce n’est pas un cas isolé. Au Royaume-Uni, où le taux directeur est à 0,75%, il avoisine les 20%. Au Portugal il est à 16%. Et au Brésil, où les taux directeurs ont baissé vers 6%, le taux sur les cartes de crédit atteint… 267%.
En Belgique, il est difficile de saisir l’importance de ces chiffres : la plupart des cartes de crédit ne sont en effet que des cartes de débit différé, offrant au porteur un délai d’un mois tout au plus pour régler ses dépenses. Mais aux USA et dans d’autres marchés, le consommateur a le choix de ne rembourser qu’une petite partie des montants dépensés. Le reste (allant jusque la limite de la carte en question) restera à payer. Voilà qui explique la popularité de ce type de crédit (1 000 milliards de dollars, soit plus du quart du crédit à la consommation aux USA). A de tels niveaux, l’impact des charges de la dette sur le pouvoir d’achat des ménages est énorme. Bien entendu, vu le gouffre entre les taux d’intérêt auxquels les banques se financent et ceux qu’elles encaissent sur leurs cartes de crédit, ce business est très juteux pour le secteur bancaire, qui n’hésite donc pas à offrir des cartes de crédit à tout va, souvent avec peu de vérification préalable, et une augmentation des risques de défaut de paiement à la clef. Aux USA, le secteur explique que puisqu’il n’a plus le droit de modifier les conditions de crédit après l’octroi de la carte, il doit prendre en compte une multitude de scénarios et est donc « obligé » d’augmenter les taux d’intérêt vers les niveaux actuels.
Mais à l’heure où le monde politique ne sait plus que faire pour relancer l’activité économique et où le gros de l’effort est fourni par les banques centrales, une meilleure transmission des conditions de crédit à ceux qui en ont vraiment besoin serait une meilleure manière d’assurer la pérennité du cycle, qu’une énième pression sur les banques centrales.