Des performances boursières décevantes
Depuis le début de l’année, les principales maisons cotées affichent des performances négatives : Lanson-BCC, Laurent-Perrier et Vranken-Pommery reculent d’environ 10 à 12%, tandis que Pernod Ricard chute de plus de 30%.
LVMH s’en sort nettement mieux, avec un repli limité. Le groupe est en effet moins dépendant du champagne et bénéficie d’une forte diversification dans le luxe.
Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs : un ralentissement de la consommation en Chine, une concurrence accrue qui pèse sur les prix, et des difficultés pour les petites maisons à se faire une place sur les marchés internationaux. Les bénéfices des maisons de champagne ont ainsi souffert ces derniers trimestres.
Un marché peu dynamique
Le secteur du champagne est marqué par une faible croissance des volumes de vente. Pour maintenir la rentabilité, les compagnies sont contraintes d’augmenter régulièrement leurs prix. Ce manque de dynamisme et la faible liquidité du secteur en Bourse rendent l’investissement dans les “pure players” du champagne risqué, sauf pour les grands noms cotés. L’exposition la plus sûre passe donc par des groupes diversifiés comme LVMH.
Nos recommandations pour les maisons principales
LVMH (Moët, Veuve Clicquot, Dom Pérignon)
LVMH génère seulement 6,7% de son chiffre d’affaires dans les vins et spiritueux. Le groupe mise sur le très haut de gamme pour relancer ses ventes et reste surtout dépendant du segment Mode & Maroquinerie (47,5%). Nous anticipons un redressement des ventes en Chine et recommandons d’acheter.
Cours au 15/12/2025 : 626,10 EUR
Code ISIN : FR0000121014
Conseil : Acheter
Laurent-Perrier (Delamotte, Salon)
Laurent-Perrier se concentre sur des cuvées premium distribuées en réseaux spécialisés. Très exposée à l’international (87% du chiffre d’affaires), la société voit sa rentabilité diminuer. Nous déconseillons l’achat.
Cours au 15/12/2025 : 88,80 EUR
Code ISIN : FR0006864484
Conseil : Ne pas acheter
Lanson-BCC (Boizel, Burtin)
Lanson-BCC développe une stratégie moyen/haut de gamme et a racheté Heidsieck pour 50 millions d’euros. Très dépendante du marché français (50% du chiffre d’affaires) et peu liquide, nous ne recommandons pas d’investir.
Cours au 15/12/2025 : 31,10 EUR
Code ISIN : FR0004027068
Conseil : Ne pas acheter
Vranken-Pommery Monopole (Charles Lafitte, Pommery)
Vranken-Pommery est également actif dans le vin et le porto. En difficulté financière, la société a vendu Heidsieck pour réduire sa dette et se recentrer sur Pommery. Nous conseillons de ne pas acheter et de vendre si vous détenez l’action.
Cours au 15/12/2025 : 11,75 EUR
Code ISIN : FR0000062796
Conseil : Vendre
Pernod Ricard (Mumm, Perrier-Jouët)
Pernod Ricard affiche un profil très diversifié dans les alcools, le champagne ne représentant que 5 à 7% de son chiffre d’affaires. Le groupe met clairement l’accent sur la premiumisation, avec une montée en gamme de ses marques et un recentrage sur les spiritueux premium et ultra-premium (whiskies, cognacs, tequila, gin). Sa stratégie passe également par un focus sur les marchés à forte croissance, notamment les États-Unis et l’Asie, ainsi que par une optimisation du portefeuille via des acquisitions et des cessions ciblées. En difficulté sur le marché chinois, des ajustements sont attendus dans le portefeuille champagne.
Cours au 15/12/2025 : 76,28 EUR
Code ISIN : FR0000120693
Conseil : Conserver
Un marché mondial en phase de normalisation
Après le boom post-Covid, le marché mondial du champagne connaît un recul des ventes. Celles-ci sont passées de 325,5 millions de bouteilles en 2022 à environ 271 millions en 2024, soit deux années consécutives de baisse autour de 9 à 10%. Pour 2025, les prévisions indiquent un marché en légère baisse de 2 à 4%, avec un chiffre d’affaires en recul de 4 à 7% par rapport aux 5,85 milliards d’euros de 2024. Les tensions commerciales et la baisse du dollar ont contraint de nombreux exportateurs à réduire leurs prix, notamment aux États-Unis, premier marché d’exportation.
Perspectives 2026 et au-delà : un marché de niche
Avec une valeur attendue de moins de 6 milliards d’euros en 2025, le champagne reste un marché de niche face au whisky (65 milliards USD aux États-Unis) ou au vin (400 milliards USD). Sa progression annuelle prévue entre 2026 et 2034 est limitée à environ +3%, principalement via la hausse des prix de vente. La production limitée à 34 000 hectares dans la région de Champagne explique cette croissance faible. Les maisons privilégient les cuvées haut de gamme, millésimées ou prestige, plutôt que les volumes.
Concurrence et stratégie des maisons
Pour valoriser leur image, les maisons de champagne développent depuis plusieurs années une stratégie basée sur la rareté et l’exclusivité. Cependant, cette position laisse la place à des alternatives festives “proches du champagne” comme le Crémant, le Prosecco ou le Cava, qui séduisent grâce à des prix plus accessibles. La concurrence touche surtout les segments d’entrée et de milieu de gamme, tandis que les grandes maisons se recentrent sur le haut de gamme et les marchés internationaux à forte capacité d’achat.
Les grandes maisons poursuivent trois axes principaux : la premiumisation, avec des cuvées millésimées et des éditions limitées ; la focalisation sur les marchés à fort pouvoir d’achat (Europe de l’Ouest, États-Unis, Asie-Pacifique) ; et le renforcement de l’image luxe/expérience, via le storytelling, l’œnotourisme, les collaborations mode et gastronomie, et une présence dans les lieux emblématiques.