A l’occasion du 25e anniversaire de l’apparition des ETF, nous avons interviewé Filip Perneel, expert en fonds chez Testachats invest.
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Vous étiez aux premières loges lorsque les trackers ont été lancés en Europe. Vous vous en souvenez ?
Oui, cet événement était considéré comme une nouvelle étape dans le développement du marché européen des fonds, sans pour autant être considéré comme révolutionnaire. Les ETF étaient principalement destinés aux investisseurs professionnels et à la gestion de portefeuille discrétionnaire, bien loin des préoccupations du particulier. Les canaux de distribution classiques ne se sont pas bousculés non plus pour les proposer. Pour les banques, c’est bien simple, le lancement des trackers était un non-événement.
Pourquoi, selon vous ?
Lors de chaque entretien avec les banques, je posais cette question : que pensez-vous de ce produit qui commence à faire fureur aux États-Unis ? La réponse était claire et quasi unanime : le tracker ne convient pas aux particuliers. Un produit aussi ‘simple’ ne pouvait rivaliser avec les propres fonds de placement des banques. En d’autres termes, il était superflu.
Chose frappante, les banques insistaient à l’époque sur la liquidité (intra)journalière du tracker. Elles faisaient valoir, à juste titre, que cela pouvait amener l’investisseur à effectuer trop de transactions.
Mais elles passaient sous silence l’avantage à long terme que représentaient des frais de gestion nettement inférieurs à ceux de leurs propres fonds.
Les trackers étaient-ils populaires chez nous ?
Non, pas du tout. Le produit était inconnu du grand public. Cette situation était favorisée par les banques qui trouvaient que les trackers étaient en concurrence directe avec leurs propres fonds bien plus lucratifs. C’est pourquoi leur existence était passée sous silence. De plus, à l’époque, les frais de transaction en Bourse étaient beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui. Du coup, un petit ordre d’achat de tracker était coûteux.
Les investisseurs ne connaissaient pas non plus les émetteurs de trackers et s’interrogeaient sur leur fiabilité. Nous avons eu toutes les peines du monde à convaincre nos lecteurs de l’utilité de ces produits.
N’oubliez pas non plus deux différences importantes par rapport à aujourd’hui. Les investissements en actions étaient beaucoup moins populaires chez nous que dans le monde anglo-saxon ou aux Pays-Bas où les trackers ont connu un succès immédiat. En outre, les émetteurs (étrangers) de trackers ne s’intéressaient pas aux investisseurs privés européens. Ils se concentraient davantage sur leur public professionnel et faisaient peu d’efforts pour informer les particuliers.
Qu’est-ce qui a changé la situation ?
Les trackers ne seraient jamais devenus aussi populaires si leur rendement n’avait pas été (suffisamment) bon. Devant l’échec (par rapport à leur indice de référence) de nombreux fonds bancaires gérés activement, les investisseurs ont commencé à comprendre qu’ils avaient avantage à se tourner vers un produit peu coûteux. Et les informations sur les trackers que diffusaient des canaux comme le nôtre ont accéléré leur adoption.
Les gestionnaires de fonds n’ont plus aucun complexe à admettre que, eux aussi, ils placent parfois une partie du portefeuille de leurs clients dans des trackers. Auparavant, c’était considéré comme un sacrilège ou une trahison.
En même temps, de nouveaux courtiers comme MeDirect, Keytrade Bank et Saxo Bank se sont attaqués à l’hégémonie des banques traditionnelles dans le domaine des transactions boursières et de l’offre de produits. Ils étaient ouverts à un autre modèle économique (moins de rétrocessions) et ont permis une démocratisation des commissions de courtage.
L’émergence des néobanques et des plateformes numériques comme N26 et Revolut a accéléré le processus, en particulier auprès des jeunes qui désormais y réfléchissent à deux fois avant de s’intéresser à un fonds bancaire beaucoup plus coûteux. A mon avis, l’importance des ETF sur le marché ne peut qu’augmenter.
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