Le premier ETF a été lancé en Europe il y a 25 ans ! Et maintenant ?
Les ETF fêtent leur 25 ans.
Les ETF fêtent leur 25 ans.
Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer un portefeuille d’investissement bien diversifié qui ne comprenne pas de trackers, le nom commun pour les Exchange Traded Funds, alias les ETF, des fonds cotés en Bourse.
L’an dernier, on a vu fleurir le terme de ‘placement hamac’ ? De quoi s’agit-il ?
D’un placement dans un fonds indiciel, donc dans un tracker qui n’a pas d’autre ambition que de ‘tracker’ (= suivre à la trace) son indice de référence. Pas de stratégies complexes, pas de gestionnaires qui tentent de battre le marché en échange d’une rémunération élevée. Le but est de suivre le marché et de faire aussi bien que lui à moindre coût. Et ça marche.
Les ETF donnent des résultats meilleurs que la plupart des fonds bancaires gérés activement. Les trackers combinent la simplicité, la diversification, l’accessibilité (en Bourse) et les performances. Ces qualités ont déclenché un effet boule de neige. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire. Aujourd’hui, les trackers sont et resteront pour les 25 ans à venir (au moins) la composante indispensable de tout portefeuille diversifié.
Rien ne laissait présager l’essor du marché des trackers lorsque les fonds LDRS DJ STOXX 50 ETF et LDRS DJ EUROSTOXX 50 ETF ont été introduits sur la Bourse de Francfort en avril 2000. Le portefeuille du premier ciblait les 50 plus grandes actions européennes, celui du second les 50 plus grandes actions de la zone euro. La gestion était assurée par le gestionnaire d’actifs américain Merrill Lynch (aujourd’hui filiale de la Bank of America).
Ces deux trackers existent toujours, mais sous les appellations iShares STOXX Europe 50 UCITS ETF et iShares EURO STOXX 50 UCITS ETF, et leur gestion est assurée par BlackRock depuis 2009.
Avec le recul, il est frappant de voir à quel point les débuts auront été lents. Pendant des années, ces deux trackers n’ont progressé que modestement : au début, leurs actifs sous gestion n’ont gagné que quelques centaines de millions d’euros, peanuts par rapport aux grands fonds bancaires. La concurrence s’est aussi mise très lentement sur les rangs. Fin 2000, seuls sept trackers étaient cotés en Europe.
Un quart de siècle plus tard, les chiffres sont d’une tout autre allure, tant pour le nombre de produits que pour les actifs sous gestion. Fin septembre, vous aviez le choix entre… 2 700 trackers sur le seul marché européen, représentant plus de 3 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. C’est la première fois que cette barre est franchie et elle correspond à une croissance de pas moins de 32% par rapport à l’année dernière.
Alors qu’auparavant c’étaient surtout les investisseurs institutionnels, c’est-à-dire les professionnels, qui s’intéressaient aux trackers, aujourd’hui les investisseurs particuliers les ont rejoints. Cela s’explique par l’intérêt accru qu’ils ont pour les investissements, par une meilleure connaissance du produit et par son accessibilité aisée via les courtiers et les néobanques qui attirent de plus en plus de jeunes vers la Bourse. Lesquels, soit dit en passant, passent principalement leurs ordres via leur smartphone.
Cela amène un consultant comme EY (Ernst & Young) à estimer que d’ici 2030 le marché européen des trackers devrait atteindre les 4 900 milliards de dollars en actifs sous gestion. C’est plus du double du chiffre de fin 2024. Pourquoi ? Parce que ce marché est encore relativement ‘petit’ chez nous. Il ne représente que 10% de l’ensemble des fonds disponibles en Europe. Par rapport au marché mondial des trackers, l’Europe ne pèse que 15%. Et si l’on prend en compte le total de la capitalisation boursière en Europe, les trackers ne pèsent que 11% contre près de 20% aux États-Unis.
Enfin, des gestionnaires de premier plan comme Schroders, Columbia Threadneedle, Nordea et d’autres font aujourd’hui leur entrée sur le marché européen, ce qui était impensable jusqu’à récemment. En effet, le recours à ce qu’on appelle dans la grande distribution les produits blancs (white labelling) permet d’externaliser toute l’administration des trackers, ce qui réduit le seuil d’entrée pour un gestionnaire classique. Eh oui, un quart de siècle après son lancement, le tracker est bien vivant en Europe.
Nous sommes fans des trackers, et ce depuis leur début. Aujourd’hui, chaque investisseur peut y trouver son compte. Les grands avantages des trackers, la modestie de leurs coûts, leur diversification, leur transparence et leur accessibilité, en font un investissement clé pour tout portefeuille.
Attention toutefois de ne pas céder au syndrome du petit nuage rose. Vous trouverez ci-dessous les cinq principales critiques que nous formulons à l’égard du marché des trackers en général. Cela ne refroidit en rien notre enthousiasme, mais nous en tenons compte dans nos analyses.
Offre
Il y a sur le marché trop de trackers cotés sur trop de Bourses différentes.
Combien sont-ils à suivre le S&P 500 ? Le MSCI World ? Sans compter que si parfois les différences entre eux sont minimes, parfois elles sont énormes. Ce n’est pas toujours clair pour l’investisseur.
Niche
Dans leur souci d’innover, certains ETF misent sur des segments de marché (trop) petits : équipements médicaux, cannabis, impression 3D, aérospatiale, etc. Du coup, leur portefeuille est lui aussi (trop) petit et on est en droit de se demander ce qu’il adviendra lorsque l’engouement dont ils bénéficient sera passé de mode.
Complexité
Les Américains rient lorsqu'en Europe, nous utilisons le terme "tracker". En effet, avec l’arrivée de produits plus complexes, le mot correspond de moins en moins à l’activité classique de ‘suiveur’ (to track) d’un indice. C’est vrai pour les trackers à effet de levier, les trackers inversés (qui baissent lorsque la Bourse monte et inversement), les trackers actifs, les ‘buffer’ ou les versions ETF des fonds classiques (bientôt en Europe).
Le WYSIWYG de nos voisins britanniques (l’acronyme de What You See Is What You Get) est de moins en moins vrai... Il est de plus en plus difficile de savoir ce qu’on achète.
Durée de vie
L’année dernière, 358 nouveaux trackers ont été lancés en Europe et, selon les données de Refinitiv, nous en sommes déjà à 520 pour les dix premiers mois de cette année. Un record. Toutefois, certains de ces trackers sont rapidement liquidés. L’an passé, 83 d’entre eux ont disparu (c’est loin d’être un record !) et cette année on en est déjà à 38.
En cas de liquidation, vous ne perdez pas votre mise, mais vous devez trouver un remplaçant ! Notre base de données recense 28 223 cotations de trackers (attention, un tracker peut être coté sur plusieurs Bourses et dans différentes versions) et... 13 323 liquidations. C’est tout simplement hallucinant.
Fiscalité
Le marché européen des trackers est très fragmenté et soumis à différentes fiscalités complexes. Rien qu’en Belgique, les trackers sont soumis à différents taux de taxe boursière (TOB), à la taxe Reynders, à l’impôt sur la plus-value (à partir de l’an prochain en principe), à des rulings pour savoir s’ils relèvent ou non d’une règle particulière et on en passe. Bref, le tracker A est parfois plus avantageux que le tracker B alors qu’à première vue ils sont identiques. Il y a gros à parier que certains investisseurs n’y voient que du feu.
Nous continuerons à vous informer et à vous aider dans le choix de vos trackers. Ce mode de placement est passionnant, il a vingt-cinq ans et est plus vivant que jamais. Vous trouverez via notre sélecteur d’ETF les fiches techniques de plus de 1 000 produits. Sur quelle Bourse est-il coté ? Dans quelle devise ? Où est-il proposé à la vente ? A quoi ressemble son portefeuille ? S’agit-il d’un bon produit ? Paie-t-il un dividende ? Etc.
Quand on y réfléchit, un quart de siècle, c’est une éternité. Même sur les marchés financiers. Pouvez-vous vous imaginer vivre sans téléphone portable, sans services dans le cloud, sans internet ?
De nombreuses entreprises qui sont aujourd’hui des leaders n’existaient pas (en Bourse) en 2000. Pensez à Tesla (cotée en Bourse depuis 2010), Netflix (2002), Alphabet (2004) ou Meta (2012).
Au cours des vingt-cinq dernières années, nous avons aussi vécu pas mal de choses : la bulle internet en 2000, les attentats du 11 septembre aux États-Unis (2001), la guerre en Irak (2003), la crise bancaire (2008), la crise de la dette européenne (2010), la catastrophe de Fukushima (2011), le Brexit (2016), la pandémie (2020), l’invasion russe en Ukraine (2022) et l’attaque du Hamas en Israël (2023).
Cette énumération le montre, les crises se succèdent. Pourtant, les Bourses ont atteint des niveaux records. Gardez cela bien présent à l’esprit lorsque la prochaine crise surviendra.
2000 Lancement
2001 Secteurs
2001 Trackers synthétiques
2003 Obligations
2004 Pays émergents
2004 Immobilier
2005 ETF inversés
2006 Matières premières
2006 A effet de levier
2007 Liquidités
2008 Mixtes
2013 Durables
2018 Produits blancs
2022 Actifs
2023 Cryptos
2025 Buffer