Comprendre le contexte économique est indispensable avant de prendre des décisions d’investissement. Ce premier article ouvre notre trilogie consacrée aux placements pour 2026.
DEUXIÈME ARTICLE | Marchés boursiers en 2026 : où investir entre États-Unis, Europe et pays émergents ?
TROISIÈME ARTICLE | Notre stratégie de portefeuille de fonds et d’ETF pour 2026
Un environnement économique sous tension
L’année 2025 a rappelé à quel point les marchés financiers restent sensibles aux chocs politiques et économiques. Les menaces de guerre commerciale, la persistance de l’inflation et l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle ont tour à tour alimenté l’optimisme et la nervosité des investisseurs. À ces éléments s’ajoute une croissance mondiale inégale, avec des États-Unis toujours solides, une Europe à la traîne et des pays émergents de nouveau en mouvement.
États-Unis : l’économie soutenue par l’intelligence artificielle
Trump, Trump et encore Trump. C’est ainsi que l’on peut résumer l’année. 2025 restera dans l’Histoire comme l’année où le président américain a brutalement brandi la menace d’instaurer des droits de douane afin de faire pression sur ses partenaires commerciaux et de renforcer son pouvoir. Avec succès, sauf dans le cas de la Chine.
Il est difficile d’évaluer les conséquences économiques de cette politique, si ce n’est que pour l’instant elle alimente l’incertitude aux Etats-Unis et fait remonter l’inflation importée (3% fin 2025 et plus en 2026). Cette hausse des prix pose des problèmes à la Fed (Federal Reserve, banque centrale américaine), dont l’une des missions est de lutter contre l’inflation en recourant à l’arme des taux d’intérêt alors que le président américain insiste justement pour que ceux-ci soient abaissés.
La hausse de l’incertitude causée par Donald Trump et le fait que les taux américains sont restés élevés jusque fin 2024 expliquent le ralentissement actuel de l’économie américaine alors qu’au cours de cette année-là elle affichait encore un beau dynamisme. Le marché immobilier montre des signes de faiblesse, la consommation des ménages (moteur de l’économie américaine) ralentit et, depuis mai, il y a moins de créations d’emplois.
Heureusement, les investissements colossaux des géants de la technologie dans l’IA soutiennent l’économie américaine, qui quoi qu’on dise reste solide. Ce boom s’accompagne d’une augmentation massive des investissements dans les infrastructures, notamment dans les centres de données et les équipements informatiques, ce qui dope l’industrie technologique et crée de nouveaux marchés. Il reste toutefois à voir dans quelle mesure l’IA stimule la productivité.
Notre scénario de base repose sur une poursuite de la croissance américaine en 2026 grâce aux mesures de relance du gouvernement, à la déréglementation et à une fiscalité bienveillante, mais à un rythme plus lent que ces dernières années, ce qui confirme notre scénario d’atterrissage en douceur.
Le marché du travail ne sera pas plus dynamique qu’en 2025, ce qui limitera le potentiel de la consommation des ménages. Tout cela donnera à la Fed (banque centrale américaine) une certaine marge pour abaisser ses taux l’an prochain. L’expulsion de nombreux immigrants illégaux créera des emplois à court terme, mais elle risque de nuire à la dynamique du marché à plus long terme.
Europe : une croissance toujours fragile
Le Vieux Continent continue de faire du sur place, toujours freiné par l’absence de réformes structurelles, par les prix élevés de l’énergie et la faible évolution de la productivité. Si le chômage reste stable, le manque de confiance pèse sur la croissance. Les dettes publiques, la guerre commerciale initiée par Trump et la crainte de perdre son emploi incitent le consommateur à redoubler de prudence. Heureusement, l’inflation a baissé cette année, ce qui a redonné un peu de pouvoir d’achat aux consommateurs.
Les entreprises elles aussi manquent de confiance, ce qui les rend peu enclines à investir. Durant l’année qui s’achève elles ont été affectées par le risque de guerre commerciale, les prix de l’énergie pénalisent l’industrie lourde et l’absence de réformes dans de nombreux pays européens n’arrange rien. Sur le modèle du secteur pharmaceutique, beaucoup d’entreprises ont annoncé leur intention d’investir davantage aux États-Unis dans les années à venir.
Enfin, les économies du sud de l’Europe (Italie, Espagne, Portugal) se montrent plus dynamiques que celles des moteurs historiques de l’Europe que sont la France et l’Allemagne, qui souffrent de la faiblesse de la consommation et de la prudence des entreprises.
Notre scénario de base prévoit que l’Europe ne devrait pas non plus connaître de changements majeurs en 2026. Les entreprises resteront confrontées à des coûts énergétiques élevés, à une demande des consommateurs faible et à l’absence de réformes structurelles susceptibles de restaurer la confiance, si bien qu’elles n’auront aucune raison d’investir davantage. Certes, un plan de relance prévoyant une augmentation des dépenses publiques est prévu en Allemagne, mais ses effets ne se feront sentir que lentement et uniquement si les mesures annoncées sont effectivement mises en place.
Pays émergents : un retour progressif sur le devant de la scène
L’année écoulée a été positive pour la plupart des pays émergents. La guerre commerciale avec les États-Unis a pu être évitée et les échanges commerciaux avec d’autres partenaires que les États-Unis ont été renforcés. Grâce à la baisse de l’inflation dans plusieurs de ces pays, les taux à long terme ont baissé, ce qui a entraîné une diminution des coûts du crédit, une augmentation des investissements et une hausse de la consommation.
Notre scénario de base anticipe que les marchés émergents continueront de croître grâce à un marché intérieur dynamique et à une population jeune en pleine expansion (Chine, Indonésie, Mexique, Inde, etc). La demande mondiale en matières premières reste aussi un point fort pour les pays qui les produisent comme le Brésil et l’Indonésie.