Verisure : entrée en Bourse avec succès

Faut-il investir en Bourse dans l’action du groupe Verisure qui vient d’entrer en Bourse de Stockholm ?
Faut-il investir en Bourse dans l’action du groupe Verisure qui vient d’entrer en Bourse de Stockholm ?
La souscription aux nouvelles actions de Verisure sur la Bourse de
Stockholm s'est toutefois faite dans le haut de la fourchette proposée.
Et le premier jour de cotation, le cours a déjà bondi de 20,75% à 16 EUR. C’est trop élevé.
N’ACHETEZ PAS.
Fondé en Suède en 1988 sous le nom de Securitas Direct, Verisure est aujourd'hui un des principaux opérateurs mondiaux dans le domaine des alarmes connectées. L'entreprise s'adresse principalement aux particuliers et aux petites entreprises. Elle met à leur disposition des systèmes reliés à une centrale opérationnelle active 24 heures sur 24, en assure la maintenance et la surveillance et intervient si nécessaire avec ses propres équipes ou via la police.
Elle compte 5,8 millions de clients, dont 82% sont des particuliers et dont plus de 90% sont localisés dans 13 pays européens.
Pour Verisure, l'entrée sur la Bourse de Stockholm est un moyen de récolter des capitaux pour réduire sa dette et se donner les moyens de financer sa croissance.
Pour le marché, cette plus grosse introduction en Bourse en Europe des trois dernières années est un coup de projecteur important sur un secteur en plein essor et un moyen de mesurer la confiance des investisseurs dans l'avenir du domaine de la sécurité privée.
Le moteur du succès de Verisure est sa formule par abonnements. En 2024, plus de 95% de ses revenus ont été générés par les paiements mensuels des clients, pour les services de surveillance, mais aussi la maintenance et l'assistance technique. Ce modèle génère des revenus stables sur le long terme.
La durée de la relation de Verisure avec son client est très élevée (en moyenne 15 ans) et le taux d'abandon des clients est faible (seulement 6 à 8% des clients résilient leur abonnement chaque année). Le groupe peut ainsi dégager de généreuses marges opérationnelles.
En 2024, le bénéfice opérationnel avant amortissements (EBITDA) a atteint
1,53 milliard d'euros, soit une marge EBITDA de 45%. Et la marge EBIT a été
de 24%.
Ces deux dernières années, le chiffre d'affaires a augmenté en moyenne de 10% par an, passant de 2,8 milliards d'euros en 2022 à 3,4 milliards en 2024. Sur la même période les coûts, bénéficiant d'économies d'échelle, ont
augmenté moins rapidement.
Néanmoins, dans le business model de Verisure, les amortissements et les charges financières pèsent lourd ! Car Verisure préfinance l’équipement installé chez le client (en tout ou en partie) et supporte ainsi ce qu’on appelle un coût d’acquisition,qui inclut les dépenses de marketing, le coût d'installation et le coût des appareils développés par Verisure mais fabriqué par des tiers, ainsi que tous les frais annexes. Au 1er semestre 2025, ce coût moyen par client a été de 1 471 euros, soit en moyenne 3,6 années d’abonnements. Et ce coût doit ensuite être amorti. Un nouveau client n’est donc pas directement rentable. Mais cette manière de procéder permet d’attirer les clients, lesquels se révèlent par la suite très fidèles.
Chiffre d’affaires 2024 (par pays)
Verisure est actif dans 17 pays qui représentent un marché gigantesque d’au moins 100 millions
de bâtiments potentiellement à équiper. Plus de 90% de ses clients sont localisés dans 13 pays
européens. En Amérique latine, il est déjà présent au Brésil, au Chili, au Pérou et en Argentine.
Avec l’acquisition récente de ADT Mexico, il fera son entrée sur le marché mexicain d’ici la
fin de l’année.
En 2020, l’actionnaire majoritaire de Verisure, le fonds d’investissement Hellman & Friedman (H&F), a transféré la propriété de Verisure dans deux de ses fonds. En raison de ce "changement de contrôle", les actifs ont dû être réévalués dans la comptabilité à leur valeur de marché. La conséquence est que cela fait gonfler "artificiellement" (d'un point de vue purement comptable) la valeur des amortissements. A cause de cela, le résultat net du groupe est dans le rouge. Mais concrètement, les flux de trésorerie restent largement positifs.
Aussi, sans tenir compte de la hausse "comptable" des amortissements, et en tenant compte de l'augmentation du nombre d'action suite à l’introduction en Bourse, nous estimons le bénéfice net de 2024 à 0,23 EUR par action et celui du 1er semestre 2025 à 0,13 EUR.
La fourchette de prix proposée pour l'introduction en Bourse était de 12,25 à 13,50 EUR par action. Le prix s'est fixé dans le haut de cette fourchette, à 13,25 EUR. Ce sont 238 millions de nouvelles actions qui ont émises (soit 23% du total actuel). Le groupe a levé un montant de 3, milliards d’euros.
Il le consacrera essentiellement à réduire son endettement. Celui-ci valait jusqu'ici 4,95 fois l'EBITDA 2024. Avec les montants levés en Bourse, il est retombé à un peu plus de 3 fois (un multiple plus raisonnable, mais encore élevé). Le but est de le ramener d'ici fin 2026, à 2,5 à 2,75 fois. Le reste des fonds levés servira à financer l’acquisition du mexician ADT, l'actuel leader local du secteur, avec 125 000 clients. Une acquisition qui représentera 2,3% du chiffre d’affaires total de Verisure et qui sera conclue d’ici la fin de cette année.
Nouvelles installations (en milliers)
Sur les 10 dernières années, Verisure a multiplié par 3 sa base d’abonnés. Il compte aujourd’hui 5,8 millions de clients.
Sur la même période son chiffre d’affaires a été multiplié par 4 et son EBITDA par plus de 5.
Verisure estime que, dans le secteur des systèmes d’alarme résidentiels liés à un service de télésurveillance, en l'espace de cinq ans, sur l’ensemble de la zone géographique où il opère, sa part de marché, est passée de 28 à 37%. Et le groupe considère qu’il occupe une place de leader dans 13 des 17 pays où il est aujourd’hui actif. Malgré cela, il est un fait que le marché européen est encore extrêmement morcelé et peu mature.
En Europe, à peine 5% des bâtiments sont équipés de systèmes d’alarme liés à un service de télésurveillance, contre 23% sur le marché américain, beaucoup plus mature. Le potentiel de croissance est donc indéniable. Pour combler le fossé avec les Etats-Unis, il faudrait équiper pas moins de 42 millions de bâtiments européens.
Pour Verisure, pour ces prochaines années, une croissance annuelle moyenne du chiffre d’affaires d'encore 10% est dès lors possible.
De plus, si jusqu’ici, le groupe a privilégié quasi exclusivement la croissance autonome et qu’il restera très prudent en matière d’acquisitions, sa cotation lui donne aujourd’hui une monnaie d’échange pour multiplier les opérations.
Verisure est l’entreprise type qui bénéficie d'économies d’échelles. Cela laisse augurer une augmentation de sa rentabilité dans le futur. Sa marge EBIT atteint aujourd’hui en moyenne 24% (sans tenir compte des amortissements comptables décrits ci-avant). Mais sur ses 6 marchés les plus matures (Espagne, Portugal, Suède, Finlande, Danemark et Norvège), elle est déjà de ±40% depuis 3 ans. Le potentiel d’amélioration de la marge globale reste donc important. Verisure vise les 30% d’ici quelques années.
Au final, avec la croissance attendue du chiffre d'affaires et des marges, le bénéfice devrait facilement afficher une croissance annuelle à deux chiffres. Et s’il n’y aura pas de dividende relatif à l’exercice 2025, pour la suite, Verisure a l’intention de distribuer 30 à 40% de ses bénéfices. Un premier dividende semestriel pourrait être distribué à partir de 2026.
Verisure a derrière lui plus de 20 ans de croissance annuelle à deux chiffres de ses revenus récurrents. Actuellement, en Europe, la pénétration des services d’alarme avec télésurveillance est toujours faible. Les statistiques révèlent en outre que, aujourd’hui, 16% des ménages européens ont été au moins une fois cambriolés et que 23% d'entre eux ont un proche qui a été cambriolé. Le potentiel de hausse des revenus de Verisure reste donc assurément important pour la suite. Et plus le groupe croîtra, plus les économies d'échelle joueront en faveur de sa rentabilité.
En outre, le groupe a déjà largement démontré sa capacité à fixer librement ses prix de vente. Globalement, ces 20 dernières années, ceux-ci ont augmenté plus vite que l’inflation.
Néanmoins, avec une introduction en Bourse largement sursouscrite et une ruée de petits investisseurs sur l’action, le cours a bondi dès le premier jour de cotation (le 08/10), atteignant ainsi 16 EUR. A ce niveau, la valeur d’entreprise (capitalisation boursière + dette nette) atteint déjà plus de 12,8 fois l'EBITDA, le cours équivaut à près de 2 fois la valeur comptable et vaut plus de 45 fois le bénéfice par action attendu pour 2025.
Le cours est donc trop élevé pour un achat. Nous estimons qu'il est prudent de laisser retomber la fièvre avant de s'intéresser éventuellement à l'action. Pour l’instant restez à l’écart.
Cours au moment de l’analyse : 16,00 SEK