Intelligence artificielle : bulle en formation ?
Faut-il investir en Bourse dans les actions actives dans l’IA, sans craindre l’éclatement d’une bulle ?
Faut-il investir en Bourse dans les actions actives dans l’IA, sans craindre l’éclatement d’une bulle ?
II y a 3 ans, le grand public découvrait le robot conversationnel
ChatGPT, présenté par la société OpenAI, partenaire de Microsoft.
C'était le point de départ de la révolution de l’intelligence
artificielle générative. Et maintenant ?
Nous ne partageons pas les fortes inquiétudes de certains quant au
danger imminent d’éclatement d’une bulle.
Nous ne conseillons pas pour autant de fonds ou d’ETF axés sur ce
domaine.
Dans les actions concernées, nos favorites sont Microsoft, Amazon, ASML et Schneider.
L'intelligence artificielle générative, appelée à présent simplement IA, est un marché à fort potentiel. Depuis l'avènement de ChatGPT, les géants de la technologie se font la course pour proposer leur propre modèle et moderniser leurs centres de données. De quoi propulser leur capitalisation boursière à des sommets, NVIDIA en tête. Au point que certains évoquent une bulle boursière dans le secteur de l’IA.
L’IA est capable de créer du contenu à partir d’une simple consigne en langage naturel. Elle rédige textes et mails, génère images et vidéos, traduit à la minute, optimise les entrepôts et les réseaux électriques, recommande films et chansons, écrit du code, prédit la météo, aide les chercheurs à créer des médicaments...
Son potentiel semble colossal. Les entreprises y voient de
gros gains de productivité, grâce aux automatisations, à
des publicités mieux ciblées, à des besoins en personnel réduits... Selon
MarketsandMarkets, le marché global de l’IA pourrait avoir atteint
cette année 371,7 milliards de dollars et exploser d'ici 2032 à 2 407 milliards de dollars (+31% par an).
L’IA générative, qui représente 10 à 15% de l’ensemble, aurait un
potentiel de 220 milliards d’ici 2030 (+29% par an).
OpenAI prévoit qu'en 2030, ChatGPT comptera 2,6 milliards
d’usagers par semaine, dont 220 millions payants (contre 35 millions en
juillet 2025). Cela le placerait parmi les plus grandes entreprises au monde
fonctionnant par abonnement. La monétisation se fera par la publicité ciblée
et les fonctions d’achat.
Les acteurs dominants de l'IA évoluent dans un écosystème
oligopolistique. Les géants de la technologie (dont certains membres des
Magnificent 7 : NVIDIA, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta) captent
l'essentiel des flux d'investissement. Les géants du cloud, au centre du
jeu, investissent des montants colossauxpour construire ou
moderniser des centres de données. Ils développent en parallèle leurs
propres modèles : Gemini d'Alphabet, Copilot de Microsoft,
Llama de Meta , Claude d’ Anthropic en
partenariat avec Amazon.
Il existe aussi des modèles d’image (Midjourney ou
Nano Banana
de Google...) et de vidéos (Sorad'OpenAI).
Le grand bénéficiaire de ces investissements est NVIDIA, le
maître incontesté des GPU, les puces nécessaires à l’entraînement des
modèles d’IA. En position de quasi-monopole devant d’autres concepteurs de
semi-conducteurs (AMD, Broadcom), il
dicte ses prix
sur un marché où la demande est supérieure à l’offre.
Selon nos estimations, en 5 ans, son chiffre d’affaires aura été multiplié
par 13, son bénéfice par action par 26 et le cours de son action par 13.
Mais la concurrence s'organise : Alphabet avec ses processeurs TPU mais
aussi Microsoft et Amazon de plus en plus présents dans la conception de
processeurs pour l'IA.
Au-dessus des concepteurs de semi-conducteurs comme NVIDIA, on trouve les équipementiers pour semi-conducteurs (ASML...) et les fabricants (TSMC, Intel...).
D'autres entreprises sont partie prenante : le spécialiste de l’analyse de données Palantir, les fabricants de serveurs informatiques Super Micro Computer et Dell, ainsi que Coreweave (cloud spécialisé dans l’IA) et ou encore des équipementiers électriques et électroniques (Schneider, Cisco, Corning).
Enfin, de nombreuses entreprises, tous secteurs confondus, peuvent espérer des gains de productivité. De quoi, au final, soutenir la croissance économique mondiale et les marchés boursiers. Selon McKinsey, l’IA pourrait ainsi ajouter 2,6 à 4,4 milliers de milliards de dollars par an à l’économie mondiale.
L’IA a propulsé à des sommets la capitalisation boursière des géants de la
technologie. NVIDIA est valorisé à plus de 4 400 milliards de dollars. Les
cours des géants du cloud suivent. Au point que d’aucuns parlent de bulle
boursière autour de l’IA.
Sam Altman d’ OpenAi a souligné que l’engouement autour de l’IA
ressemble à une bulle.
Le directeur d’Alphabet, Sundar Pichai, a déclaré récemment que le marché de
l’IA comptait des « éléments d’irrationalité » et qu’aucune entreprise ne
serait à l’abri en cas d’éclatement d’une bulle.
Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a précisé qu'en cas de fol enthousiasme, les
investisseurs ont du mal à faire la distinction entre les bonnes et les
mauvaises idées.
En revanche, Jensen Huang, directeur de NVIDIA, se montre plus optimiste.
Difficiles à rentabiliser
Les investissements dans l’IA seront difficiles à rentabiliser. Les
investissements globaux d'Amazon, Microsoft, Alphabet et Meta avaient grimpé
de 62% en 2024, auront grimpé aussi de 62% en 2025 et augmenteront encore en 2026.
Leurs investissements absorbent à présent 25% de leur chiffre
d’affaires, soit deux fois plus qu'en 2023. Certes ces géants ont les moyens
de leurs ambitions, grâce à leur riche trésorerie. Mais cela n’en demeure pas moins un risque important,
qui commence à peser sur les rentabilités. Ainsi, OpenAIne s’attend
pas à faire de bénéfice avant 2030...
Participations croisées
Depuis quelques mois, on voit se multiplier les participations croisées et
les partenariats entre géants du secteur, avec souvent NVIDIA au centre du
jeu. NVIDIA prend des participations dans le capital de clients ou de
fournisseurs (Intel, OpenAI, Anthropic, Perplexity AI, Mistral
AI...) pour leur permettre d’acheter ses puces GPU. Or, ces
participations croisées induisent par définition un risque de contagion en cas de
problème.
Valorisations pas exagérées
La frénésie pour l’IA tire les cours des actions des géants de la
technologie depuis 3 ans. Toutefois, si les valorisations des actions IA
sont certes élevées, elles ne sont pas exagérées selon nous.
Par exemple, le cours de NVIDIA vaut actuellement 25 fois le bénéfice par action attendu, ce qui est plutôt bas par rapport aux dernières années.
Parmi les Magnificent 7, seule l’action Tesla nous semble surévaluée.
Et quoi qu'il en soit l’IA ne représente qu’une part limitée des bénéfices des acteurs concernés. Elle doit être vue avant tout comme un relais de croissance. Les groupes en présence disposent d’autres atouts pour prospérer. Si d’aventure, les investissements dans l’IA devaient ne jamais être rentabilisés, ce ne serait pas une catastrophe pour eux.
Parler de bulle nous semble prématuré. La valorisation des actions du secteur de l’IA n'est pas exagérée. Certes, les investissements seront difficiles à rentabiliser et les participations croisées fragilisent l’ensemble. Mais pas au point de fuir la thématique. Evitez toutefois les prises de risques excessives. Privilégiez les acteurs de qualité. Evitez de parier sur des acteurs de niche non rentables.
ETF et fonds : n'achetez pas
Il existe sur le marché plusieurs ETF et fonds sur la thématique de l’IA.
On y trouve le plus souvent NVIDIA, les géants des semi-conducteurs (AMD,
Broadcom) et de la technologie (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon,
Meta).
Le meilleur de la catégorie est Xtrackers AI and Big Data (qui
inclut des actions aux valorisations élevées mais pas exagérées).
Globalement toutefois, nous ne conseillons pas l'achat de ces produits. Il
faut savoir en effet qu'on trouve les poids lourds de l’IA dans la plupart
des ETF d'actions mondiaux et plus encore dans les
ETF d'actions américaines. Si vous possédez de tels fonds, votre
exposition à l’IA est déjà suffisante.
Nos actions favorites
Pour miser de manière plus ciblée sur l'IA, nos actions favorites sont :
- Microsoft, précurseur du domaine, via le partenariat avec OpenAI
(ChatGPT), et désormais avec son Copilot;
- Amazon, leader mondial du cloud avec AWS et partenaire d'
Anthropic
(Claude) dans l’IA générative;
- ASML, fabricant d’équipements pour la fabrication de semi-conducteurs;
- Schneider, présent dans les infrastructures pour centres de données.