Ontex lance encore un avertissement sur bénéfices
Quelles leçons tirer du profit warning d’Ontex ?
Quelles leçons tirer du profit warning d’Ontex ?
Ces dernières années, le rebond de la rentabilité du spécialiste des couches culottes laissait penser que le pire était passé.
Hélas, 2025 aura amené son lot de déceptions.
En juillet, Ontex avait déjà revu à la baisse ses attentes pour 2025.
Récemment, le groupe vient de remettre le couvert.
Le cours en a souffert.
Nous avons récemment changé de conseil.
N’achetez plus.
CONSERVEZ.
Après son premier profit warning en juillet, Ontex avait promis un second semestre nettement meilleur : le groupe disait devoir profiter de nouveaux contrats avec des distributeurs en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que de la baisse des prix des matières premières; et les clients devaient cesser de vivre sur leurs stocks.
Il s'avérait toutefois alors déjà que cela serait insuffisant pour compenser le mauvais premier semestre.
Aujourd’hui, il s’avère clairement que les objectifs pour l’ensemble de l’exercice ne seront pas atteints.
Alors que, fin octobre, Ontex tablait encore sur un recul de l’EBITDA 2025 de maximum 10%, il annonce désormais un recul du chiffre d’affaires 2025 d’environ 5% et une baisse de l’EBITDA 2025 d’environ 20%.
Après un recul du chiffre d’affaires de près de 3,9% sur les neuf premiers mois de l’année, le 4e trimestre aura été particulièrement faible : le recul du chiffre d’affaires devrait dépasser les 7% et celui de l’EBITDA les 33%.
La marge EBITDA du 4e trimestre ne devrait guère dépasser les 8,6% (alors que de 2022 à 2024, Ontex était parvenu à la redresser de 6,2 à 12%).
Les responsables du piètre résultat sont les couches pour bébés.
D’une part, ce marché, sur lequel Ontex réalise 40% de son chiffre d’affaires, tend à se contracter, compte tenu de la baisse de la natalité en Europe et aux USA.
Et, malgré la pression sur le pouvoir d’achat des ménages, les marques de distributeurs perdent du terrain (alors que la totalité de la production des couches pour bébé d'Ontex est destinée à ces marques de distributeurs).
En cause, la poursuite des promotions des grandes marques (e.a. de Procter & Gamble).
En 2025, celles-ci se sont encore intensifiées, sont devenues plus agressives et plus fréquentes.
En Europe, en octobre, par rapport à un an plus tôt, le marché des marques de distributeurs de couches pour bébés s’est globalement contracté de 11,5%.
Pour Ontex, les volumes vendus à travers les contrats débutés au 3e trimestre se sont révélés inférieurs aux attentes.
Après des années de transformation opérationnelle et stratégique, avec notamment la vente des activités dans les pays émergents, Ontex a solidifié son bilan et s’est complètement recentré sur ses activités européennes et américaines.
Mais ces deux marchés se portent moins bien que prévu.
Le déclin du marché des couches pour bébés (40% du chiffre d’affaires) n’est pas compensé par les nouveaux contrats, ni par la croissance des ventes de couches pour adultes (46%), laquelle est portée par le vieillissement de la population. Et dans les produits d’hygiène féminine (14%), les ventes stagnent.
Sur un marché où l’agressivité des grandes marques semble devenue structurelle, Ontex n’a donc d’autre choix que d’accélérer son plan d’économies (200 millions d’euros sur 3 ans), induisant pour cette année une charge exceptionnelle de 40 millions d’euros (0,50 EUR par action).
Ontex pourra-t-il maintenir durablement sa marge EBITDA à plus de 10% ?
On peut en douter vu le récent recul de la rentabilité (après l’amélioration des trois dernières années).
De quoi raviver les craintes quant au poids de l’endettement.
La dette équivaut à présent à 3,2 fois l’EBITDA (contre 2,46 fois fin 2024). C’est à nouveau trop élevé.
Mais, si les marges rebondissent (comme l’espère Ontex), grâce aux réductions de coûts et aux nouveaux contrats, ce poids se réduira .
A ce stade, nous laissons le bénéfice du doute à Ontex. Car la valorisation de l'action tient compte de pas mal de mauvaises nouvelles. Le cours vaut moins de 0,5 fois la valeur comptable (estimée pour fin 2025, en tenant compte des lourdes pertes comptables dues à la cession des activités brésiliennes et turques).
L’action n’est donc pas chère.
Et en 2026 et 2027, le bénéfice devrait encore atteindre 0,60 à 0,70 EUR par action (hors charges non récurrentes).
Néanmoins, ce deuxième profit warning en six mois souligne la faiblesse de la visibilité qu’a Ontex sur la marche de ses affaires. Dans ces conditions, mieux vaut rester prudent.
Cours au moment de l'analyse : 4,695 EUR