Que choisir : un fonds d’épargne-pension ou un tracker ?

Un avantage fiscal séduisant

Les versements effectués dans un fonds d’épargne-pension permettent de bénéficier d'un avantage fiscal, année après année. Cet avantage dépend du montant que vous versez. Pour les versements effectués cette année (exercice fiscal 2025), il y a deux possibilités.
- Si vous versez 1 020 euros par an : 30% d'avantage fiscal, soit une réduction d'impôt de 306 euros
- Si vous versez 1 021 à 1 310 euros par an : 25% d'avantage fiscal, soit une réduction d'impôt de 327,50 euros.
Du fait de cette réduction d'impôt annuelle, le rendement dont vous bénéficiez immédiatement est de 25 à 30% sur ce que vous investissez, quelle que soit la performance du fonds. On ne peut le nier, c’est un fameux atout.

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D’importants désavantages

A première vue, tout cela semble évident – qui refuserait un avantage fiscal pouvant aller jusqu'à 30% ? Malheureusement il y a trois écueils.

Les frais
Sauf pour Argenta Pension Fund et Interbourse Hermes Fonds de Pension, il y a 2 à 3% de frais d’entrée. Les frais de gestion annuels s'élèvent en moyenne à 1,27%. Le plus gourmand est Interbourse Hermes Fonds de Pension (1,67%), le moins cher Hermes Pension Fund (1,04%). Ces frais sont prélevés sur la valeur des actifs de votre fonds et n'apparaissent pas sur votre relevé. Comparez cela avec les frais annuels d’un tracker qui tournent autour de 0,20%.

Un rendement limité
Si les fonds d'épargne-pension dynamiques ont dégagé un rendement moyen de 4,5% par an au cours de la dernière décennie, les trackers mondialement diversifiés ont fait nettement mieux avec un rendement annuel moyen d'environ 11% (voir graphique).

Il y a deux raisons à cela. Premièrement, les fonds d'épargne-pension comptent des frais plus élevés.
Deuxièmement, les gestionnaires des fonds d'épargne-pension sont soumis à des règles qui les empêchent d'investir de manière optimale. Par exemple ils doivent investir en obligations et en actions et ils sont obligés d’investir à concurrence de 80% en euro.

L’impôt final
Un service vaut ce qu’il coûte. Le jour de vos 60 ans, votre intermédiaire financier prélèvera automatiquement 8% du capital que vous avez accumulé. Une (grande) partie de votre avantage fiscal initial est ainsi restituée à l'État. N’envisagez surtout pas de vendre votre capital ou votre contrat d’assurance avant vos 60 ans. Vous seriez fiscalement pénalisé à hauteur de 33% au lieu de 8.

Opter pour un tracker

Le grand atout de l’épargne-pension est son avantage fiscal. Les inconvénients, vous les recevez en bonus. Et si, au final, il était plus avantageux d'investir dans un fonds de placement ordinaire, quitte à renoncer à l'avantage fiscal ?

Les gestionnaires de ce type de fonds ne doivent pas se plier aux règles strictes en matière de portefeuille qui s'appliquent aux fonds d'épargne-pension. Si vous avez encore de nombreuses années devant vous avant l’âge de la retraite, vous pouvez aussi renoncer aux obligations, toujours moins rentables à long terme, et vous concentrer sur les actions, toujours plus rentables à long terme. Vous pouvez également miser sur un fonds international, ce qui vous amène automatiquement à investir en actions américaines. C’est impossible avec un fonds d'épargne-pension.

Et ce n'est pas tout. Si vous optez pour un tracker, c’est-à-dire un fonds qui se contente de suivre à la trace un indice boursier, votre investissement sera très peu gourmand en frais. Rien que grâce à cela, vous bénéficiez d'un avantage de 1% par an.

Fonds d'épargne-pension ou tracker ?

Pour savoir s'il est plus intéressant d'investir en épargne-pension ou dans un tracker d'actions mondiales, nous sommes partis du scénario suivant (plutôt conservateur).

Vous placez chaque année 1 020 euros dans un tracker international. Par exemple un champion comme iShares Core MSCI World UCITS ETF ou Xtrackers MSCI World ESG UCITS ETF. Nous estimons vos frais d’entrée à 1%, taxes comprises. Le rendement annuel est de 7%. Il n'y a pas d'avantage fiscal ni d'impôt final à 60 ans.

Parallèlement, vous déposez chaque année 1 020 euros dans un fonds d'épargne-pension dont les frais d'entrée sont de 2% et le rendement annuel de 4%. À 60 ans, vous payez 8% d'impôt final. En plus, et c'est important, vous réinvestissez chaque année votre avantage fiscal (306 euros, voir plus haut) dans un des deux trackers cités plus haut. Si vous ne le faites pas, cela ne vaut pas la peine, du point de vue du rendement, de miser sur l'épargne-pension.

Notre conclusion est la suivante. 

Si vous commencez à investir à 25 ans, il est toujours plus intéressant d'opter pour un tracker, même en faisant une croix sur l'avantage fiscal.

Si vous commencez à épargner pour votre retraite à l’âge de 40 ans, le tracker reste préférable, mais de peu. 

Si vous commencez à 50 ans, il est toujours préférable d'opter pour le fonds d'épargne-pension. En raison de l'horizon de placement plus court, l'impact de l'avantage fiscal favorise le rendement final.