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Le marché des devises : le roi de la jungle financière

Le marché des devises : le roi de la jungle financière

Le marché des devises : le roi de la jungle financière

Publié le 05 juillet 2019
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Le marché des devises : le roi de la jungle financière

Le marché des devises : le roi de la jungle financière

Qu’est-ce exactement que le marché des devises et que recouvre-t-il ?

Le marché des devises est le marché financier le plus grand, le plus liquide et dont la progression a été la plus forte ces vingt dernières années. Le volume traité sur ce marché est de l’ordre de 5 000 milliards de dollars par jour, contre 200 milliards de dollars pour le marché des actions et 700 milliards pour les obligations
Et en pratique, quelles sont les différentes possibilités de spéculer sur les devises ?

Qu’est-ce que le marché des devises?

Le marché des devises, alias le foreign exchange, en version abrégée forex ou FX, est la plateforme internationale sur laquelle se traitent entre elles toutes les devises. Les devises les plus importantes s’expriment au moyen d’un code et par paires : euro contre dollar, yen contre franc suisse, livre sterling contre dollar canadien, etc.

Ne vous imaginez surtout pas que le marché des devises est logé quelque part dans un énorme bâtiment où ont lieu toutes les transactions. Ce n’est pas un marché physique, mais un marché digital. En l’occurrence un réseau mondial de places boursières et de ‘brokers’ (= courtiers) qui traitent les ordres transmis par les banques, les autres courtiers et les multinationales. Toutes ces transactions s’effectuent de manière décentralisée, il n’y a pas de contrôle central.

Le forex est ouvert cinq jours par semaine pendant 24 heures ininterrompues. C’est très important à savoir si l’envie vous prend d’y effectuer des transactions – nous y reviendrons. En fait, ce marché démarre le dimanche soir vers 23h (heure belge) à l’ouverture de la Bourse de Sydney et il se ferme le vendredi soir vers 23h (heure belge) à la clôture des transactions en Bourse de New York. Les autres grands marchés boursiers (Tokyo et Londres) ouvrent et ferment entre ces deux extrêmes. Il n’y a donc que pendant le week-end que le marché des devises fait la pause. Ces marchés doivent veiller à ce que le forex soit accessible à tout moment du jour et de la nuit par toute personne qui dispose d’une connexion internet et d’un ordinateur.

Les paires de devises

Sur le forex, tout tourne autour des paires de devises. Chaque devise est reconnaissable à son code de trois lettres. 85% des transactions quotidiennes se font sur sept devises seulement, que l’on appelle les paires majeures : dollar américain (USD), dollar australien (AUD), livre sterling (GBP), dollar canadien (CAD), euro (EUR), yen japonais (JPY) et franc suisse (CHF). 
Prenons l’exemple de la paire majeure EURUSD. La première composante de la paire est l’euro (EUR), c’est la devise de base, et la seconde composante, ici le dollar américain (USD), est la devise de contrepartie. Cette paire donne la valeur d’un euro en dollar. Supposons que le cours de l’EURUSD soit de 1,1186 : cela veut dire qu’un euro vaut 1,1186 dollar.

Quel est le cours d’une devise et d’où vient-il ?

Le cours d’une devise n’est rien d’autre que sa valeur à un moment donné par rapport à une autre devise. Ce cours varie, à la hausse comme à la baisse, à tout moment des journées pendant lesquelles ont lieu les transactions. Voyons ce que ça donne en pratique au moyen d’un exemple. 
En mai, le cours de l’euro exprimé en dollar américain (= la paire majeure EURUSD) était à un moment donné de 1,11857. Cela signifie qu’à ce moment il fallait payer 1,11857 dollar pour obtenir un euro.
D’où vient ce chiffre précis ? Comment se fait-il qu’il faille payer une certaine quantité de dollars pour obtenir un euro ? C’est la résultante de la loi de l’offre et de la demande. Chaque jour les banques centrales, les autres banques (du secteur privé), les multinationales, les fonds de placement, les courtiers, les voyageurs et les spéculateurs vendent et achètent des devises. Les flux financiers entre tous ces opérateurs déterminent la direction que va prendre telle ou telle devise par rapport à telle ou telle autre.

Qui est actif sur le forex ? 

Le marché des devises est et a toujours été un marché où opèrent des professionnels : banquiers, responsables financiers des multinationales, autorités publiques, etc. Ces dernières années, on a vu apparaître de plus en plus un nouveau groupe d’opérateurs, les investisseurs et les spéculateurs particuliers. 
Alors qu’autrefois le marché des devises avait pour mission principale de faire fonctionner le système monétaire mondial de la manière la plus souple possible et de réduire le risque monétaire que courent tous les opérateurs effectuant des transactions internationales, aujourd’hui une bonne part de son volume de transactions est le fait de la spéculation, en anglais trading for profit. Qui est derrière ce phénomène ? Les banques agissant pour compte propre et les particuliers qui espèrent participer à la fête. Et c’est ici que vous, particulier, vous entrez en scène.

Avertissement !

Les lignes qui suivent sont consacrées à ce qu’on appelle le trading sur devises. Il est de la première importance que vous preniez conscience de cet avertissement : faire du trading sur devises peut entraîner la perte de votre mise, voire plus. Les produits cotés sur le forex sont extrêmement spéculatifs, ce sont des placements très risqués. Si vous ne faites pas très attention, votre argent peut disparaître en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. 
C’est la raison pour laquelle la FSMA, l’autorité des services et des marchés dans notre pays, interdit depuis 2016 la commercialisation en Belgique des produits cotés sur le forex. Cela a pour conséquence que des courtiers en devises comme markets.com, plus500.com et autres trade.com ne peuvent faire de la publicité ni contacter les consommateurs belges pour leur proposer d’opérer sur le marché des devises. Cela ne veut pas dire que vous, en tant que Belge, vous ne pouvez pas accéder à ce marché. Simplement, vous ne pouvez y être incité par un démarcheur. Si la chose vous tente, ce doit être de votre propre initiative.

Qu’est-ce que le trading sur devises ?

Faire du trading sur devises ou du forex trading, c’est acheter ou vendre une ou des paires de devises. Les multinationales le font pour se couvrir contre les risques monétaires, les autorités publiques le font via leur banque centrale pour influencer le cours de leur devise, les banques le font pour elles-mêmes et pour leurs clients, les investisseurs particuliers le font…, non pas pour acheter des devises sous forme physique (= des billets), mais pour gagner de l’argent. Lorsque vous achetez une devise dont la valeur augmente, vous gagnez de l’argent. Mais si sa valeur baisse, vous en perdez. C’est aussi simple que cela.

Plus facile que jamais…

Il est aujourd’hui très facile de spéculer sur le marché des devises en tant que particulier, et ce grâce à l’internet rapide. Il suffit d’ouvrir un compte chez un courtier en devises comme Admiral Markets ou XTrade, d’alimenter ce compte, de télécharger la plateforme qui vous donne accès au marché ou d’opérer directement on line. Le software utilisé peut être celui du courtier ou un software universel qui peut être utilisé par tous les courtiers comme le populaire MetaTrader de MetaQuotes.

Quel courtier en devises ?

Les courtiers en devises sont des intermédiaires qui donnent accès à la plateforme sur laquelle vous pouvez acheter et vendre des devises. Ils sont nombreux et, hélas, il y a parmi eux de vrais escrocs. Il est donc de la première importance que vous choisissiez un courtier fiable qui est sévèrement contrôlé par une autorité de marché. Vous n’en trouverez pas en Belgique puisque la commercialisation des produits cotés sur le forex est interdite par notre autorité de marché, la FSMA. Aux Pays-Bas (où l’autorité de contrôle est l’AFM) et au Royaume-Uni (où l’autorité de contrôle est la FCA), il y a des courtiers agréés comme Admiral Markets, Avatrade, IG Markets, FXPro, XTB, etc. Ce sont des courtiers dignes de foi. Vous trouverez sur le site web de chaque courtier agréé les coordonnées de l’autorité de marché qui le contrôle. Vous pouvez très facilement vérifier la chose auprès de l’autorité en question. Les courtiers sévèrement contrôlés vous demanderont toujours une pièce d’identité. Sachez aussi, c’est important, que vous pouvez bénéficier du système de garantie des dépôts en vigueur dans le pays du courtier que vous avez choisi. L’argent que vous lui confiez doit être placé sur un compte à part, strictement distinct de ceux du courtier concerné. Enfin, sachez que le ou les comptes ainsi ouverts auprès d’un courtier étranger doivent être déclarés à la Banque nationale de Belgique (BNB).

Meilleur marché que jamais…

Avez-vous une idée des frais engendrés par les transactions sur le marché des devises ? A première vue… rien ! Le courtier que vous avez choisi ne vous demande pas de frais pour ouvrir un compte chez lui, ni pour effectuer des transactions sur le marché. Ce qui ne veut pas dire que vous n’en payez pas. Sans le savoir. La concurrence entre les courtiers est tellement vive que leurs frais sont soumis à une forte pression.

Tout comme sur le marché des actions, il y a sur le marché des devises ce qu’on appelle le spread, c’est-à-dire l’écart entre le prix d’achat et le prix de vente de votre paire de devises. 
Tous les courtiers vous donnent le prix d’une paire de devises au moyen de deux chiffres, à savoir le bid price et le ask price. Le ‘bid’ est toujours le plus petit des deux. C’est le prix auquel vous pouvez vendre (sell). Le ‘ask’ est le prix auquel vous pouvez acheter (buy). Dans notre exemple, vous pouvez acheter la paire EURUSD au prix ‘ask’ de 1,12487. Pour la vente, le prix du ‘bid’ est de 1,12477. La différence, soit 0,0001, va dans la poche du courtier. Pour chaque transaction.

Plus dangereux que jamais…

Supposons que vous êtes convaincu que l’euro va monter par rapport au dollar américain. Vous allez acheter la paire de devises EURUSD (buy). Si au contraire vous êtes convaincu que l’euro va baisser, vous allez vendre la paire EURUSD (sell). Prenons le même exemple que plus haut. 
Vous achetez à 1,11954. Supposons que vous ayez été bien inspiré et que le cours de l’euro grimpe à 1,12, soit une hausse de 0,04 %. De ce fait, vous avez gagné 0,00046 unités de compte par contrat. En jargon financier, on appelle ça un gain de 4,6 ‘pips’ ou 46 ‘pipettes’, le pip représentant le price interest point, soit le mouvement intervenu à partir du quatrième chiffre après la virgule.

Il va de soi que ça ne fera pas de vous un millionnaire si vous ne misez que quelques euros. C’est la raison pour laquelle les transactions portent en général sur de grandes quantités d’euros. Combien ? Cela dépend de la grandeur de votre lot. Le lot est l’unité de mesure utilisée pour quantifier les transactions sur le marché. Le lot standard (= 1) représente 100 000 unités d’un trading de paires. Si vous achetez un lot standard EURUSD, vous achetez donc 100 000 euros en dollar. Reprenons notre exemple. Le cours de l’euro vous a rapporté 4,6 pips, soit 46 euros (= 0,00046 x 100 000). C’est vite gagné, certes, mais 46 euros, ce n’est pas beaucoup lorsqu’on mise un lot de 100 000 euros, fût-il standard.

En fait, vous n’avez pas déposé ces 100 000 euros chez votre courtier. Vous ne les avez pas et pourtant vous pouvez effectuer une telle transaction. Comment est-ce possible ? La réponse est : grâce à l’effet de levier. Ce mécanisme permet de gagner beaucoup d’argent, mais aussi… d’en perdre énormément. L’effet de levier permet de miser beaucoup plus que ce que vous avez véritablement sur votre compte. Avec tous les risques que cela implique.

Prenons un autre exemple. Vous pouvez ouvrir auprès du courtier australien ICMarkets un compte disposant d’un effet de levier de 500. C’est d’ailleurs le maximum autorisé pour un particulier. Cela signifie que vous n’avez besoin que de 200 euros pour prendre sur le marché une position de… 100 000 EURUSD (= 500 x 200). Si la paire EURUSD gagne 4,6 pips, comme dit plus haut, vous faites 46 euros de bénéfice. La paire de devises EURUSD n’a monté que d’une fraction de pour cent, mais votre compte est crédité de 46 euros, ce qui le porte à 246 euros. Vous avez donc gagné 23%. C’est ça l’effet de levier ! 
Seulement voilà, les choses peuvent aussi se passer autrement. Si la paire EURUSD perd 4,6 pips, vous faites une perte de 46 euros, soit 23%. Imaginons maintenant que l’euro perde ne fût-ce que 0,2%. Dans ce cas, c’est la totalité de votre mise de 200 euros qui part en fumée ! Ça aussi, c’est l’effet de levier ! Si vous ne prêtez pas suffisamment d’attention à ce risque, cela peut vous coûter très cher.

Effet de levier : triplez de prudence !

L’effet de levier permet d’augmenter ses chances de gagner, mais aussi de perdre ! Voici quelques trucs susceptibles de vous prémunir contre l’adversité :
– Ce n’est pas parce que vous disposez d’un effet de levier que vous devez l’utiliser (entièrement).
Protégez-vous contre le risque de perte en fixant une limite à chacune de vos transactions. Cette manière de faire, appelée stop loss, revient à fixer d’avance la perte maximale que vous pouvez supporter. C’est crucial pour opérer sur le forex ;
– Ne mettez jamais dans une transaction plus de 5% de ce que vous pouvez miser. Pour cela, revoyez toujours à la baisse la grandeur de votre lot. Avec 0,01 lot, vous ne vous lancez pas dans une transaction à 100 000 EURUSD mais vous vous limitez à 1 000 EURUSD. Un lot de 0,001 travaille avec 100 EURUSD.

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