Vendredi midi, le Stoxx Europe 50 et le S&P 500 cèdent 3,9% et 2,2% sur la semaine. Le Nasdaq (-2,9%) recule dans les mêmes proportions. La correction est plus sévère aux Pays-Bas (-4,9%). La Bourse de Bruxelles n'échappe pas non plus à la tendance, avec une baisse de 2,7% pour le Bel 20.
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De part et d’autre et de l’Atlantique, les banques centrales sont en retard dans leur politique de remontée des taux d’intérêt, au regard des niveaux d’inflation (9,1% en août dans la zone euro). Elles doivent maintenant augmenter vite et fort le coût de l’argent si elles ne veulent pas voir l’inflation se diffuser et la situation leur échapper. Le taux à 10 ans américain renoue avec les 3,2%, contre 2,6% début août.
La remontée des taux d’intérêt et la défiance pour les actions plongent les valeurs de croissance, comme la technologie (-3,6%) ou le luxe (-5,4%), dans le rouge. Ce dernier secteur est également pénalisé par le recul de l’activité manufacturière et de nouveaux confinements en Chine. Baisse de 4,8% pour LVMH et de 3,9% pour L’Oréal.
Les valeurs industrielles baissent de 3% en Europe. Recul de 5,7% pour la sidérurgie et de 7,4% pour les ressources de base, deux secteurs où nous craignons de nouvelles baisses des prix. Chute de 10,2% pour Schnitzer Steel et de 6,9% pour TotalEnergies.
Les prix du pétrole se replient, la peur de la récession plombant de nouveau les cours. Baisse de 4,3% pour le secteur de l’énergie.
L’aversion au risque favorise les secteurs plus défensifs comme la pharmacie (-1,7%) et les télécoms (-1,8%), sans être toutefois totalement immunisés.
Un dollar fort et la perspective de hauses de taux dépriment le cours de l’or. L’once d’or recule sous les 1 700 USD.
Au sein du Bel 20
En Belgique, le Bel 20 ne s’est pas démarqué de la tendance négative qui a affecté à peu près tous les secteurs. Seuls quatre de ses vingt membres affichaient des cours stables ou en progression en ce vendredi après-midi.
La meilleure performance est celle du holding Ackermans & van Haaren (+4,4%), dans le sillage de la publication de ses résultats semestriels. Sa valeur intrinsèque au 30 juin est 6,3% au-dessus du niveau observé le 31 décembre. Toutes les activités clés ont progressé, montrant une belle résistance face à la dégradation de la conjoncture. Avec la baisse des marchés, les actifs sous gestion des activités bancaires ont plongé de 10%, mais de nouveaux capitaux ont été attirés. CFE a publié de bons résultats et DEME (-2,5%, voyez plus bas) a revu ses prévisions bénéficiaires 2022 à la hausse. Nous estimons à 12% la décote affichée sur le cours d’AvH par rapport à sa valeur intrinsèque.
Sofina, en repli de 54,4% depuis le début de l’année, a encore perdu 1,5% sur la semaine, alors qu’il publiera ses résultats semestriels détaillés le 6 septembre. Une date très attendue puisque le holding réestimera alors la valeur intrinsèque de son portefeuille au 30 juin. La première estimation de 302 EUR par action publiée fin juillet n’incorporait pas encore une réévaluation de la valeur des investissements via des fonds de tiers (la moitié du portefeuille !). Nous nous attendons à une valeur intrinsèque d’environ 285 EUR au 30 juin. La décote aujourd’hui affichée (27%) par le cours est importante, mais les déboires de certaines participations directes nous poussent à adopter une attitude attentiste.
GBL (-1,6%) a lancé un emprunt obligataire de 500 millions EUR à 7 ans, avec un coupon de 3,125%. A la tête de plus de 2,5 milliards, GBL renforce ainsi sa trésorerie pour de futures opportunités d’acquisition, alors que les valorisations des entreprises subissent la pression de la hausse des taux. La décote du cours par rapport à sa valeur intrinsèque atteint 32%, en ligne avec le niveau observé ces deux dernières années.
Le holding D’Ieteren (-4,1%) n’a pas profité de la hausse de 7% des immatriculations de véhicules neufs en Belgique en août. Il faut dire que le recul depuis début 2022 atteint encore 12,1% et que le niveau observé en août reste 40% inférieur à celui d’août 2019. Les chaînes d’approvisionnement, toujours perturbées, pèsent sur les délais de livraison. Le problème devrait commencer à se résorber fin 2022, ou début 2023. La distribution auto ne pèse pas bien lourd dans les activités du groupe et le mix produits des ventes (plus de voitures chères vendues) devrait permettre de limiter les dégâts.
Pour le reste, ce sont généralement les valeurs les plus cycliques qui ont le plus corrigé.
Le producteur d'acier inoxydable Aperam, contraint de réduire sa production (e.a à Genk) face à une facture énergétique insoutenable, a perdu 8,6%, et le chimiste Umicore, 5,8%.
Solvay (+0,8%) fait partie des rares valeurs du Bel 20 à être restées dans le vert, alors que l’industrie chimique européenne (-3,7%) subit de plein fouet la hausse des prix du gaz dont elle est très grande consommatrice. Du fait de son positionnement dans bon nombre d’activités de niche à haute valeur ajoutée, Solvay est plus en mesure que la moyenne de répercuter la hausse de ses coûts de production sur ses prix facturés à ses clients.
Le bancassureur KBC (+3,2%) a bénéficié d’un rapport encourageant de la part d'un courtier. L'action, qui a perdu 36,7% depuis le début de l'année (-31,8% y compris les dividendes versés) et qui a donc fait bien pire que le secteur bancaire européen (-15,6% ou -12,8% y compris les dividendes), a désormais perdu une grande partie de sa « prime de qualité ». L'action est donc devenue beaucoup moins chère, mais les conditions et les perspectives économiques sont également devenues plus défavorables.
Dans les télécoms, Proximus (-3,7%) a dû faire face au maintien de la recommandation de vente d’un analyste. Celui-ci évoque des perspectives incertaines et un marché belge des télécoms tourmenté, avec l'arrivée du nouvel acteur Digi, une possible expansion de Telenet (-6,5%) en Wallonie et le déploiement coûteux du réseau de fibre optique. Mais Proximus est parmi les plus opérateurs télécoms les plus solides financièrement en Europe et son cours actuel reflète pleinement la détérioration à venir de l'environnement concurrentiel.
Avec la hausse des taux d'intérêt, les cours des SIR continuent de s'effondrer. Leurs beaux rendements de dividendes font face à la concurrence des placements à taux fixe, tandis que leurs coûts de financement augmentent. Si la hausse des taux se poursuit pendant une longue période, elle pourrait avoir un impact négatif sur la rentabilité des SIR, et en particulier celles qui connaissent un développement des plus dynamiques. Aedifica a perdu 5,9%, Cofinimmo 4,9%, Warehouses De Pauw 5,7%. En dehors des SIR, mais toujours dans l’immobilier, VGP a cédé 8,9% (malgré une révision à l’achat d’un courtier).
En dehors du Bel 20
Agfa-Gevaert (+12,7%) a profité de l’annonce de la vente de ses activités offset, une division à l’origine de 43% de ses ventes, mais en perte depuis de années. C’est une excellente nouvelle qui marque un pas majeur de plus dans la transformation amorcée en 2019 suite à la montée d’un fonds activiste dans le capital du groupe.
Plus d’info dans notre analyse | Agfa-Gevaert poursuit sa mue
Le cours de DEME a perdu 2,5%. Le 1er semestre s’est soldé par une hausse de 21,5% de son chiffre d’affaires, soutenu par toutes ses activités. Mais le bénéfice n’a progressé que de 12,9%. Comme anticipé, la rentabilité est sous pression dans le dragage et l’infrastructure. Outre l’entretien d’une série de navires, la hausse des prix des matières premières et l'inflation généralisée, ainsi que l'attitude plus prudente de certains clients (hors éolien off-shore), ont pesé sur la rentabilité. Pour l’ensemble de l’année, DEME s’attend à une légère progression du chiffre d’affaires et un léger recul du bénéfice. Pour notre part, nous nous cantonnons à nos précédentes prévisions d’un bénéfice 2022 en recul de 11%, à 4,02 EUR par action.
IBA (-4,5%) a enregistré une progression de 16,7% de ses revenus au 1er semestre, tirés par la protonthérapie (+46,2%), alors que les autres accélérateurs ont vu leurs ventes reculer de 25,3%, suite aux problèmes liés aux restrictions sanitaires et aux chaînes d’approvisionnement. Mais la rentabilité reste le point faible du groupe. La marge opérationnelle atteint à peine 2,9%, et la perte nette du 1er semestre atteint encore 0,058 EUR par action, à peine moins qu’il y a un an. Même si les choses pourraient assez vite s’améliorer du côté des autres accélérateurs (carnet de commandes solide), le groupe s’est abstenu de toute prévision pour l’ensemble de 2022.
CFE (+7,8%) a publié de bons résultats semestriels, avec un chiffre d’affaires en hausse de 3,4% et une rentabilité en progression, tirée par les activités de construction et rénovation, alors que ses activités multi-techniques sont à la peine (impact de l’inflation et des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement). Après un bénéfice semestriel de 0,53 EUR par action (+39,2%), le groupe de construction a relevé ses prévisions bénéficiaires pour l’ensemble de 2022. Il table désormais sur un bénéfice 2022 proche de celui de 2021.
Van de Velde (-1%) n’a pas profité de la publication de solides résultats trimestriels, avec des ventes en hausse de 17,1% et un bénéfice en hausse de 26,2%, à 1,74 EUR par action. La visibilité pour les mois à venir reste faible, mais nous allons tout de même revoir nos prévisions bénéficiaires à la hausse pour l’ensemble de l’année.
Home Invest Belgium (+12,5%) fait figure d'exception parmi les sociétés immobilières sensibles aux taux d'intérêt. L’annonce que la SIR, spécialisée dans le logement locatif, pourrait être reprise dans l’indice immobilier EPRA dès le 19 septembre a fait bondir le cours. La décision finale sera prise ce vendredi 2 septembre au soir.
Enfin, les résultats du 1er semestre d’Hyloris (-3,4%) n’ont révélé aucune surprise. Le groupe touche déjà des royalties, mais le triplement de ses frais de recherche et développement (pas moins de 18 produits en développement !) maintient les résultats dans le rouge (-0,18 EUR par action). La position nette de trésorerie atteint 57,7 millions EUR, largement de quoi voir venir. Les ventes ne devraient s’envoler qu’à partir de 2023-2024, et ensuite au fur et à mesure des commercialisations. Sur les 18 produits du groupe, 14 seront alors en principe commercialisés. Nous tablons toujours sur des premiers bénéfices en 2024 ou en 2025.
Variations de cours de lundi matin à vendredi midi.
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