La semaine sur les marchés : inquiétude sanitaire croissante

Sur la semaine, le S&P 500 est resté stable (tenant compte de la fermeture des Bourses américaines jeudi et vendredi). Le Stoxx Europe 50 a chuté de 3,3%. En Asie, la baisse est de 0,9%, à Paris elle est de 3,9%. Le Bel 20 n’a pas échappé à la correction généralisée, avec un recul de 2,2%.

Une trop forte dégradation de la situation sanitaire entraînerait de nouveaux tours de vis qui handicaperont la croissance économique. Le scénario noir serait un arrêt de cette croissance. 

Aux USA, les interrogations sur l’évolution de la politique monétaire de la banque centrale en 2022 prennent de l’ampleur. Plusieurs membres de la FED s’interrogent sur l’opportunité de relever plus vite les taux en cas d’inflation durable. 

L’ensemble des secteurs européens est dans le rouge (valeurs industrielles : -1,9%, secteur de l’acier : -0,7%, secteur de la chimie : -2%, secteur technologique : -5,4%).

Les valeurs du secteur du tourisme et du transport sont également rattrapées par la crise sanitaire.
TUI a cédé 1,1% et Compagnie des Alpes a reculé de 4,7%.
Air France KLM a régressé de 4,7% et Deutsche Lufthansa a chuté de 8,2% !

Le secteur télécom européen a quant à lui grapillé 0,7%, profitant de l’offre du fonds KKR sur Telecom Italia (+39,2%).
Plus d’info dans notre analyse | Telecom Italia suscite l’intérêt du fonds américain KKR
L’opération relance quelque peu les spéculations sur la consolidation du secteur. Mais le protectionnisme des Etats européens limite les possibilités de rapprochement entre opérateurs.
En Belgique, le secteur télécom a aussi été animé.
Voir ci-dessous.

Les secteurs plus défensifs résistent mieux.
Celui des services aux collectivités européens a gagné 1,3%.
Le secteur de la pharmacie n’a perdu que 0,5% à l’échelle mondiale.

Au sein du Bel 20

Nouvelle vague de contaminations en Europe, nouveau variant Nu en Afrique du Sud, la situation inquiète.
Avec le durcissement des mesures sanitaires en Europe et les fermetures progressives de frontières avec l’Afrique Australe, les valeurs les plus cycliques ont souffert.
Aperam a baissé de 3,2%, Umicore de 3,4% et Solvay de 4,4%.

Melexis a chuté de 6,9%. Après avoir battu de nouveaux records la semaine précédente, le fabricant de puces a subi les reculs des secteurs de la technologie et de l’automobile.
Profitez de cette correction pour acheter.

Le secteur financier a souffert de la baisse des taux, défavorable à leur marge.
KBC a encore perdu 2,8% (troisième semaine de baisse d’affilée)..
Ageas a limité son recul à 0,8%, après avoir décollé la semaine précédente sur la base du scénario d’un analyste évoquant son rachat possible par BNP Paribas. L’avis négatif d’une société de Bourse sur sa croissance en Asie a été un peu compensé par l’avis d’une autre société qui a relevé son objectif de cours.

Les actions des secteurs les plus défensifs se sont mieux portées.
Elia a progressé de 4,2%. Au vu des performances du Nemo-Link (interconnexion haute tension entre Belgique et Royaume-Uni, seule activité non-régulée du groupe) et de la rentabilité des activités allemandes, le groupe a relevé ses attentes de rentabilité pour l’ensemble de l’année 2021. Il vise désormais un rendement sur fonds propres de ±7% (à la fin du 1er semestre, il ne tablait que sur maximum 6,5%). Le Nemo-Link profite de la perte de capacité d’une interconnexion entre la France et la Grande-Bretagne (suite à un incendie en septembre). Selon nous, il devrait avoir généré ±10% des bénéfices du groupe cette année.

Proximus (+0,8%) et Telenet (+0,2%) font aussi partie des actions qui ont gardé la tête hors de l’eau, dans l’animation qui a entouré le secteur télécom.
Après que l’OPA sur Telecom Italia (voir ci-dessus) a ravivé dimanche la fièvre des OPA, on apprenait lundi soir qu'Orange Belgium (-0,5%) allait très probablement s’offrir le câblo-opérateur wallon VOO, coupant ainsi l’herbe sous le pied de Telenet
Plus d’info dans notre analyse | Orange Belgium s’offre VOO
Mardi, ce sont les gouvernements de notre pays qui ont ouvert la voie à l'arrivée d'un quatrième acteur télécom et à la mise aux enchères des licences 5G.
Vendredi, un actionnaire activiste de Telenet a exigé le versement de 600 millions aux actionnaires via un dividende exceptionnel (5,45 EUR brut), compte tenu de la vente ses antennes relais et du fait que VOO lui échappe.

Parmi les holdings, GBL a chuté de 4,4%.
Mais Ackermans & van Haaren a gagné 0,3%.
Le groupe a réalisé un bon 3e trimestre et confirmé que ses résultats sur l’ensemble de 2021 atteindraient de records (hors plus-values), soit plus que les 9,40 EUR par action de 2018.
Les actifs sous gestion dans ses activités bancaires ont atteint de nouveaux records (+12,3% depuis le début 2021).
La rentabilité de CFE (-1,3%) se redresse plus vite que prévu.
Plus d’info dans notre analyse | CFE prévoit un retour de son bénéfice 2021 à son niveau de 2019

Sipef (-3,5%) profite toujours de la vigueur des prix de l’huile de palme.

Dans l’immobilier, le taux d’occupation du portefeuille de l’ancienne Leasinvest Real Estate (+0,3) est resté stable, à 92%.
Nous évaluons la valeur du portefeuille du holding à 148 EUR par action, soit légèrement supérieure au cours actuel.

Les sociétés immobilières ont bien résisté, grâce à la baisse des taux d'intérêt.
Cofinimmo a gagné 2,7%. La SIR poursuit le développement de son portefeuille d’immeubles liés à la santé avec l'acquisition de 3 centres en Rhénanie-Palatinat (Allemagne) et d'un établissement à construire en Andalousie (Espagne). Elle a aussi bénéficié du conseil d'achat d'un courtier.
Aedifica a gagné 1%, bénéficiant aussi d’une nouvelle recommandation d'achat.

Mais toute les valeurs les plus défensives n'ont pas échappé à la baisse.
Colruyt a cédé 2,6%, subissant une réduction significative d’un objectif de cours d'un analyste, qui maintient par ailleurs son conseil de vente.

En dehors du Bel 20

Recticel a rebondi de 2,4%. L’OPA de Greiner est prolongée jusqu’au 7 janvier. Comme l’exige la législation sur les OPA, un délai de 2 semaines doit être respecté entre l'assemblée générale convoquée par Recticel pour le 24/12 (vote sur la vente des activités literie) et la fin de l’offre.
Greiner a par ailleurs confirmé que la Commission européenne a ouvert une enquête approfondie sur son projet d'acquisition.
Pour l’heure, le rendez-vous clé pour Recticel reste l’assemblée générale du 6/12, avec le vote pour la vente des activités mousses flexibles à Carpenter. Votez pour la vente. Cela permettra à Recticel de devenir un pure player de l’isolation et d’être mieux valorisé.

Tessenderlo a bondi de 6,3%, grâce aux conditions de marché toujours favorables dans le segment agro. Le groupe relève ses attentes de bénéfices pour 2021. Il vise désormais une hausse de 10% de son EBITDA (contre un EBITDA stable auparavant).
Picanol (stable), qui détient une participation de plus de 50% de Tessenderlo, table dès lors aussi sur une augmentation de son EBITDA de 15% (contre 10% auparavant).

VGP a chuté de 8,1%. Le groupe a levé 300 millions d'euros de capitaux frais, par un placement privé d'actions auprès d'investisseurs institutionnels. De quoi réduire sa dette et renforcer sa solidité financière. Le timing était idéal pour cette opération, après les récentes fortes hausses du cours (qui a subi une correction entre-temps).

Retail Estates a gagné 2%. Son résultat semestriel est meilleur que prévu. Le résultat locatif net a augmenté de 15,2%. La SIR spécialisée dans les magasins sur les grands axes semble avoir mis la pandémie derrière elle (même s'il faut rester prudent quant à de nouvelles fermetures de magasin). Après la clôture du 1er semestre, elle a acquis 33 immeubles commerciaux supplémentaires (2,5% du portefeuille). Elle maintient sa prévision de dividende pour l'exercice en cours. Nous relevons nos prévisions de bénéfices.

Ascencio a perdu 0,4%, bien que publiant un résultat conforme à nos attentes (bénéfice : +3,9% à 4,63 EUR par action; dividende : +1,4% à 3,70 EUR brut ou 2,59 EUR net). La SIR spécialisée dans les zonings commerciaux et les supermarchés (moins sensibles à la pandémie) cherche un 4e marché. Avec la Belgique, la France et l'Espagne, elle lorgne sur les Pays-Bas, le Portugal ou la Pologne.

Resilux a bondi de 28,2%. L’action disparaîtra bientôt de la Bourse. Un entrepreneur flamand (qui a vendu THV Parts à D'Ieteren) reprend la participation de 57,5% détenue par la famille fondatrice et lance une OPA sur les actions aux mains du public. Le prix offert (235 EUR) est de 38,6% supérieur au dernier cours avant l'annonce de l’offre et de 33% supérieur au cours moyen des 6 derniers mois. Une offre dépassant donc largement celle du groupe d'investissements Bain Capital en 2017 (195 EUR). Une contre-offre plus élevée est très peu probable. Acceptez l'offre lorsqu'elle sera lancée (normalement au 1er trimestre 2022) ou vendez en Bourse maintenant.

Variations de cours de lundi matin à vendredi midi.