Communiqué

Bon d’Etat : la concurrence entre banques n’est que de façade, dénonce Testachats

03 septembre 2024
bon d'état

03 septembre 2024
La campagne des bons d’Etat est à nouveau lancée. Mais contrairement aux apparences, Testachats constate qu’elle a en réalité peu d’effet sur la concurrence entre banques. L’épargnant.e belge reste très mal loti.e. L’organisation encourage le futur gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent – telle que la portabilité du numéro de compte, ou la fusion de la prime de fidélité et du taux de base sur les comptes d’épargne – afin d’améliorer concrètement la situation des épargnant.e.s belges.

Un nouveau bon avec un taux moindre 

Ça y est, les taux des nouveaux bons d’Etat sont enfin connus. Le nouveau bon d’Etat d’une durée de 1 an offre un rendement net de 1,93%. Le bon à 10 ans propose quant à lui un rendement annuel net de 1,96%. Dans quelques jours, l’on saura combien des 22 milliards qui avait été investis en septembre 2023 dans le précédent bon d’Etat à 1 an, seront à nouveau investis dans les nouveaux bons d’Etat. Le Trésor espère pouvoir récolter 4 milliards EUR. Un montant bien plus modeste qui s’explique notamment par la fin du régime fiscal favorable taxant les intérêts à 15 plutôt que 30%.

 

Un florilège d’offres de la part des banques

Et de fait, on voit fleurir, depuis le mois de juin, de nombreuses promotions sur les comptes à terme et les bons de caisse qui viennent concurrencer directement les nouveaux bons d’Etat. Même les grandes banques, habituellement moins enclines à rémunérer correctement l’épargne de leurs clients, veillent à se trouver en tête du classement des banques les plus généreuses. ING et Belfius proposent ainsi un taux de 2,66% net sur leurs comptes à terme à 1 an, un taux supérieur aux conditions du marché. 

Signe que le bon d’Etat a enfin ravivé la concurrence entre les banques ? En 2023, les banques tardaient à relever les taux des comptes d’épargne alors qu’elles pouvaient elles-mêmes reprêter une partie de cet argent à la Banque centrale européenne (BCE) à un taux de 4% ! Face à ce constat, et à défaut de s’entendre pour imposer un taux de rémunération minimum, le Ministre des finances Vincent Van Peteghem avait lancé le fameux bon d’Etat à 1 an, avec le succès qu’on lui connaît. But de la manœuvre : raviver la concurrence sur le marché de l’épargne. Une concurrence que jugeait d’ailleurs insuffisante aussi l’Autorité belge de la concurrence dans son rapport remis en novembre 2023.

Une concurrence de façade

Pour Testachats, cette concurrence n’est que de façade. Tout d’abord, les bons taux sont accordés sur quelques produits de niche seulement : des bons de caisse ou des comptes à terme de courte durée. Car sur le front des comptes d’épargne, là où réside l’essentiel de l’épargne des Belges (275 milliards EUR), les taux restent faméliques. En juin dernier, le rendement moyen des comptes d’épargne s’élevait, sur l’année écoulée, à 0,96% seulement. BNP Paribas Fortis, la principale banque du pays, rémunère encore son principal compte d’épargne avec un taux de base de 0,50% et une prime de fidélité de 0,25% seulement.  « La hausse des taux, sur les comptes à terme et les bons de caisse, ressemble en fait davantage à une opération de marketing qu’à la réelle volonté de mieux rémunérer l’épargne des clients » résume Julie Frère, porte-parole de l’organisation. 

Ensuite, il est peu probable que les banques réitèrent dans le futur les bons taux accordés en ce moment. Cette fois, l’enjeu s’élève à 22 milliards. Mais dans 3 mois, lors de la prochaine campagne de bons d’Etat, seuls quelques millions arriveront à échéance et les banques se battront bien moins pour les récupérer. Certainement si, entre-temps, elles ont récupéré l’essentiel des 22 milliards qui leur avaient échappé il y a un an.


Testachats demande des mesures urgentes

Le problème est bien là : l’épargne des Belges se concentre dans les mains des 4 grandes banques du pays, ce qui les pousse, et les poussera de nouveau, à ne plus faire d’effort pour rémunérer correctement l’épargne des clients. Testachats appelle donc le prochain gouvernement à reprendre les choses en main et veiller à ce que la concurrence entre les banques fonctionne durablement, au profit des clients et des épargnants. Certaines mesures peuvent et doivent être rapidement adoptées.  

Testachats réclame tout d’abord la mise en place d’un système de portabilité de numéro de compte. Concrètement, si un client change de banque, son numéro de compte le suit. Plus besoin dès lors d'avertir son employeur, sa caisse l'allocations ou de recréer toutes ses domiciliations. Autant de freins qui n'incitent guère à la mobilité bancaire. 

L’organisation réitère ensuite sa demande de fusion du taux de base et de la prime de fidélité sur les comptes d’épargne au profit d’un taux unique, le « taux vérité ». La prime de fidélité est en effet un système complexe, qui ne permet pas aux épargnants de comparer les taux applicables aux différents comptes d’épargne. 

Testachats demande également une transparence accrue des tarifs bancaires. Quand une banque ne communique pas dans sa feuille tarifaire les taux des comptes à terme, accordant les bons taux à la tête du client, ce n’est pas transparent. Ces pratiques ne facilitent pas la comparaison entre banques et freinent par conséquent la concurrence.

Enfin, Testachats plaide pour une fiscalité harmonisée pour les tous les produits d’épargne et de placements, à savoir une exonération des revenus jusqu’à un certain plafond, et plus réservée uniquement au compte d’épargne. Cela favoriserait la mobilité de l’épargne avec un effet positif sur la concurrence.

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