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Tout savoir sur le médicament Ozempic et l’amaigrissement avec du sémaglutide

11 août 2023
médicament ozempic

L'Ozempic est un médicament commercialisé depuis quelque temps contre le diabète. Il régule le taux de sucre dans le sang et inhibe également l'appétit. Mais ce médicament connaît actuellement un vif succès en tant que produit amaigrissant. Est-il vraiment si efficace pour perdre du poids ? Et qu'en est-il des effets secondaires ? 

L’excès pondéral est un facteur de risque majeur pour la santé. Les personnes en surpoids sont plus susceptibles de souffrir par exemple d'hypertension artérielle, d'un taux de cholestérol élevé et de problèmes comme les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer. Les conséquences du surpoids et de l’obésité sont également d’ordre psychique, avec un risque accru de dépression et une moins bonne qualité de vie en moyenne. 

Le surpoids et l'obésité ne sont d’ailleurs pas seulement mauvais pour notre santé, ils sont aussi une charge financière pour la société. Par exemple, les personnes en surpoids ont souvent besoin de plus de soins médicaux et sont plus susceptibles de s'absenter du travail pour cause de maladie. Les chercheurs de Sciensano estiment à au moins 4,5 milliards d'euros chaque année les coûts directs et indirects pour l’Etat du surpoids et de l'obésité. 

Ozempic constitue-t-il une solution ? Des études montrent que ce médicament peut effectivement aider à perdre du poids. Mais on ne sait pas encore très bien dans quelle mesure cela se traduit par une réduction des coûts médicaux et une amélioration de la qualité de vie. Récemment, des informations sont également apparues dans la presse indiquant que les injections au sémaglutide réduisaient les risques d'infarctus et d'AVC. D'autres encore indiquaient un lien possible entre l'utilisation d'Ozempic et le développement de pensées suicidaires

Nos réponses à vos questions les plus fréquentes

Qu’est-ce qu’Ozempic ? 

Ozempic est le nom de marque d'un médicament à injecter délivré sur ordonnance et commercialisé pour traiter les patients atteints de diabète de type 2. Bien que l'Ozempic connaisse actuellement un succès en tant qu’amaigrissant, il n'est pas effectivement autorisé pour traiter le surpoids et l'obésité. Cependant, certains médecins le prescrivent officieusement pour perdre du poids. La demande est si forte qu’on évoque une certaine indisponibilité depuis un certain temps. Une pénurie menace, ce qui pourrait poser des problèmes aux personnes atteintes de diabète de type 2. C'est pourquoi l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a demandé il y a quelques mois que la priorité soit donnée aux patients atteints de diabète de type 2.

Vous pouvez suivre sur PharmaStatut l’évolution de la disponibilité de l’Ozempic. 

Quelles substances contient l’Ozempic ? 

Le principe actif de l'Ozempic est le sémaglutide. Cette substance imite dans l’organisme l'action de l'hormone intestinale GLP-1, ou glucagon-likepeptide-1. Il s’agit d’une hormone qui agit sur le taux de sucre dans le sang et réduit l'appétit. Il ralentit la vidange gastrique et apporte une sensation de satiété plus rapide et plus longue.

Qu’est-ce que le Wegovy ? 

Quand on parle de l’Ozempic en tant que médicament amaigrissant, on évoque souvent aussi le “Wegovy”. Peut-être en avez-vous également entendu parler. C’est un médicament du même fabricant (Novo Nordisk) et qui contient exactement la même substance active que l’Ozempic, à savoir le sémaglutide. 

Mais, contrairement à l’Ozempic, le Wegovy est bel et bien officiellement un médicament amaigrissant. Le Wegovy a été approuvé l'an dernier par l'Agence européenne des médicaments avec l'indication "traitement de l'obésité (IMC ≥ 30)" et du "surpoids (IMC ≥ 27 et < 30) en présence d'au moins une comorbidité liée au poids" (comme l'hypertension artérielle, l'apnée du sommeil...). Cependant, il n'est pas (encore) commercialisé en Belgique.

L’Ozempic aide-t-il réellement à maigrir ?

Novo Nordisk, le fabricant d'Ozempic et de Wegovy, a parrainé une série d'études scientifiques visant à déterminer si le sémaglutide (la substance active d'Ozempic et de Wegovy) aide réellement à perdre du poids. Cela semble être effectivement le cas. 
Un bémol toutefois : lors de ces études, l'efficacité a été examinée dans un contexte où les sujets obèses ou en surpoids important bénéficiaient d’un encadrement professionnel pour manger sainement et faire suffisamment d'exercice. À notre connaissance, il n'a pas été démontré que ce produit serait efficace sans cet encadrement. 

Quoi qu’il en soit, le sémaglutide doit en tout cas être utilisé en association avec une alimentation saine et de l'exercice physique. C'est également ce que souligne le rapport sur Wegovy de l'Agence européenne des médicaments.

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Quel poids peut-on perdre avec l’Ozempic ? 

Dans les études mentionnées ci-dessus, les sujets ayant reçu une injection hebdomadaire de 2,4 mg de sémaglutide ont perdu en moyenne environ 10 % (chez les personnes diabétiques) à 16 % de leur poids corporel après 68 semaines (environ un an et trois mois). Avec un placebo (faux médicament), la perte de poids n'était que de 2 à 6 %. 

70 % à près de 90 % des sujets ont perdu au moins 5 % de leur poids corporel, ce qui est considéré comme un "effet cliniquement pertinent". Dans les groupes ayant reçu un placebo, seuls 30 à 50 % avaient obtenu une telle perte de poids. 

Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? 

Supposons que vous pesiez 110 kg 

  • 5 % = - 5,5 kg 
  • 10 % = - 11 kg
  • 16 % = - 17,6 kg

Or, il n'est pas évident de s'administrer à soi-même 2,4 mg d’Ozempic, car les stylos injecteurs préremplis ne sont vendus qu'aux doses de 0,25 mg, 0,5 mg et 1 mg de sémaglutide (ils sont en effet destinés aux diabétiques). Cette dose existe bien avec le Wegovy, mais ce médicament n’est donc pas (encore) disponible à la vente en Belgique.

Pour les personnes avec un diabète de type 2, une plus faible dose peut également entraîner une perte de poids, mais moins importante. Dans cette étude, parrainée par Novo Nordisk, les participants avec un diabète de type 2 ont par exemple perdu 7 % de leur poids au bout de 68 semaines avec des injections hebdomadaires de 1 mg. Mais cette constatation ne peut pas être généralisée aux sujets sans diabète.

À quelle vitesse perd-on du poids avec l’Ozempic ?

Au début, c’est assez rapide. Dans la plus grande étude sur les effets du sémaglutide, les sujets perdaient 10 % environ de leur poids corporel dès les 20 premières semaines. 

Et si on arrête l’Ozempic ?

Dans ce cas, on reprend vraisemblablement du poids, comme c’est le cas avec tous les médicaments pour maigrir. 

Dans cette étude, les chercheurs ont remplacé l’Ozempic par un placebo après 20 semaines pour une partie des sujets. Pendant l’année qui a suivi, la plupart des kilos perdus sont réapparus, en dépit de l’encadrement dont les participants bénéficiaient pour le suivi d’un régime et l’exercice physique … 

L’Ozempic conserve-t-il la même efficacité après un certain temps ? 

C’est difficile à dire, car on manque encore de données à long terme.  L'étude la plus longue réalisée à ce jour a suivi 304 sujets pendant deux ans. Après un peu plus d'un an, ceux qui avaient reçu du sémaglutide ont atteint un palier. Ils ont cessé de perdre du poids, mais ils n'en ont pas repris non plus. 

Maigrir avec l’Ozempic a-t-il des répercussions importantes sur la santé ? 

Ce n'est pas encore clair. Cela peut paraître évident, mais ce n'est pas forcément le cas. 

À court terme, ce médicament semble avoir un effet bénéfique limité sur la pression artérielle et le profil lipidique (le cholestérol, par exemple) chez les personnes en surpoids et obèses. Mais les résultats dans ce domaine n'avaient certainement rien de spectaculaire dans les études mentionnées ci-dessus. Sa "pertinence clinique" n'est pas claire, rapporte notamment le GeneesmiddelenBulletin.

Dans quelle mesure Ozempic permet-il de réduire les risques de maladies cardiovasculaires ?

On ne sait pas encore si ces améliorations se traduisent par des gains de santé à long terme, comme la réduction du nombre de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux et du risque de décès. Cette question fait actuellement l'objet d'une étude à grande échelle. Les résultats seront connus à l'automne, selon la revue médicale française Prescrire.

De son côté, le fabricant d'Ozempic, l'entreprise Novo Nodisk, a publié un communiqué de presse indiquant que les injections de sémaglutide diminuaient les risques d'accident cardiovasculaire de 20 %. Cette affirmation résulterait d'une étude à grande échelle menée auprès de 17 604 personnes sur une durée de cinq ans. Près de 1 300 personnes ont été victime ont eu une crise cardiaque, un AVC, ou sont décédées des suites d'une maladie cardiovasculaire.

Pour le moment, nous ne pouvons malheureusement pas nous prononcer sur le sujet. Une fois encore, Novo Nordisk décide de partager un communiqué de presse avant de rendre l'ensemble des données disponibles en les publiant dans un registre publique pour études cliniques, comme ClinicalTrials.gov. Ce communiqué de presse ne dévoile qu'un fragment des résultats. Des données capitales, comme le nombre de personnes ayant arrêté le traitement à cause d'effets secondaires, sont manquantes. Par ailleurs, aucune revue critique (dans le jardon : évaluation par les pairs) n'a encore été effectuée. Plus d'informations devraient être disponibles cet automne.

Quels effets Ozempic a-t-il sur la qualité de vie ?

L’effet du médicament sur la qualité de vie (bien-être, physique, social, mental ...) n'est pas évident non plus. Les résultats des études réalisées jusqu'ici semblent contradictoires. Cette étude, par exemple, n'a décelé aucune différence statistiquement pertinente avec le groupe placebo. 

Comment prendre l’Ozempic ? 

Vous devez vous injecter ce médicament chaque semaine dans le ventre, la cuisse ou le haut du bras. Ce n'est pas évident pour tout le monde. La dose doit être augmentée progressivement, en commençant normalement par des injections de 0,25 mg de sémaglutide les quatre premières semaines.

Effets secondaires et mises en garde 

Comme avec tout médicament, des effets secondaires indésirables sont possibles. Il existe également des contre-indications : le sémaglutide ne convient pas à tout le monde. 

Quels sont les effets secondaires possibles de l’Ozempic ?

Les effets secondaires les plus fréquents sont des symptômes gastro-intestinaux légers à modérément sévères (nausées, diarrhées, vomissements et constipation). Dans les études avec 2,4 mg de semaglutide, cela a conduit à l'arrêt définitif du traitement chez 4,3% des patients. 

Les effets secondaires plus graves sont rares, avec certains affectant la vésicule biliaire (cholélithiase), le pancréas (pancréatite) et le foie (cholestase).

Ozempic provoque-t-il vraiment des pensées suicidaires ?

Après plusieurs signalements de patients en Islande, l'Agence européenne des médicaments (EMA) enquête actuellement sur un possible lien entre la prise d'Ozempic et le développement de pensées suicidaires.

Une procédure inquiétante ? Il est encore trop tôt pour dire si le médicament est bel et bien responsable et présente un risque de développer des pensées suicidaires. En attendant, la vigilance reste de mise. Plus d'informations dans notre article complet sur le sujet.

Ozempic augmente-t-il le risque de pensées suicidaires?

Chez qui l’Ozempic est-il (peut-être) contre-indiqué ?

  • Si vous souffrez de pancréatite, vous devez éviter ce médicament. Si vous avez déjà eu une pancréatite, la prudence est de mise. 
  • Les personnes souffrant de diabète de type 2 et de "rétinopathie diabétique" (une affection des vaisseaux sanguins de la rétine) doivent être particulièrement attentives aux complications quand elles prennent du sémaglutide. 
  • La sécurité et l'effet amaigrissant du sémaglutide n'ont pas été bien étudiés chez les patients souffrant de diabète de type 1, d'insuffisance rénale grave et d'un certain nombre d'autres affections, et le médicament leur est donc déconseillé. 
  • Le médicament est également déconseillé aux femmes enceintes, faute de disposer de données concernant ses effets sur l'enfant à naître. Il en va de même pour les femmes allaitantes : on ne sait pas si le médicament passe dans le lait maternel. 
  • Si vous êtes allergique à l'un des ingrédients, il est évidemment préférable de ne pas prendre ce médicament non plus. 

Il existe encore un certain nombre d'autres préoccupations. À discuter avec votre médecin. 

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Ce médicament doit-il être remboursé ?

Quatre stylos injecteurs de 1 mg de sémaglutide (pour un mois de traitement) coûtent un peu plus de 100 €. La mutuelle n’intervient pas, sauf si l’Ozempic vous est prescrit pour le traitement du diabète de type 2. 

On ne connaît pas encore le prix du Wegovy.

Les avis sont partagés

Au Royaume-Uni, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) plaide pour le remboursement du traitement d’une sévère obésité (IMC d'au moins 35, avec quelques exceptions), mais uniquement dans le cadre d'un accompagnement plus large dans un centre spécialisé dans l'obésité et pour une durée maximale de 2 ans

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) est demandeuse. Pour l'instant, en tout cas. Elle compte réévaluer sa position dans deux ans, quand on disposera de plus de données de recherche. 

Quant aux experts indépendants de la revue médicale française Prescrire, ils estiment qu'il vaut mieux attendre les résultats d'une vaste étude en cours sur l'effet du surpoids et de l'obésité sur les complications cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral...) avant de faire confiance à ce médicament.

Et chez nous ? 

Le sémaglutide n'est pas bon marché. Si on doit prendre ce médicament à vie, comme certains experts le pensent, son coût augmente rapidement et dépasse vite celui d'un bypass gastrique (un bypass gastrique coûte environ 5 000 euros à la société). En revanche, le "gain" attendu en termes de réduction des coûts médicaux et d'amélioration de la qualité de vie n'est toujours pas clair pour l'instant. Il appartient au gouvernement de mener une enquête approfondie sur cette question. 

Si cette question est mise à l'ordre du jour, c'est en définitive la Commission de remboursement des médicaments (CRM en abrégé) qui conseille le ministre de la Santé sur ce type de dossiers. Nous contestons toutefois le fonctionnement de cette commission, qui n’a pas de procédure appropriée pour empêcher l'influence indésirable des firmes pharmaceutiques sur des membres de la commission. Il va sans dire que les avis sur le remboursement doivent être rédigés en toute indépendance.

Une enquête que nous avons menée récemment a révélé que certains membres de la commission participaient à la décision en dépit d’un conflit d’intérêts, ou restaient présents lors des discussions sur le remboursement éventuel d’un médicament. Le fait que Pharma.be soit également membre de la CRM en tant qu’organisation sectorielle pose également problème. Ces représentants de l’industrie du médicament n’ont pas le droit de vote, mais ils peuvent participer aux discussions. Des rapports d’évaluation sont également gardés sous le coude, comme s’ils contenaient de lourds secrets … Inacceptable.

Qu’est-ce que le tirzépatide ? 

Un lecteur vient justement de nous poser la question. Ce médicament est plus récent encore et, selon les rumeurs, il serait aussi plus efficace.

Le tirzépatide imite artificiellement l’effet de deux hormones libérées naturellement dans les intestins après un repas. Ces hormones donnent une sensation de satiété et inhibent l’appétit.

On a récemment publié les résultats d'une étude à grande échelle sur le tirzépatide, portant sur plus de 2 500 sujets obèses (IMC moyen : 38 kg/m2) mais pas diabétiques. Ils ont reçu des injections hebdomadaires de 5 mg, 10 mg ou 15 mg de tirzépatide ou de placebo. Au bout de 72 semaines, la perte de poids moyenne chez les personnes ayant reçu 5 mg, 10 mg ou 15 mg de tirzépatide était respectivement de 15,0 %, 19,5 % et 20,9 %, contre 3,1 % dans le groupe placebo. Des effets secondaires tels que des nausées, des diarrhées et de la constipation étaient généralement légers à modérés et passagers. Cependant, le tirzépatide est encore toujours en phase de recherche et n'est pas (encore) disponible chez nous. On ignore s’il sera approuvé en Europe et pour quels patients. 

On s’attend à ce que ce médicament soit très cher, de sorte qu’il ne constituera une alternative à une réduction de l’estomac que pour les personnes dont l’IMC est supérieur à 30 kg/m2. S’il ne s’agit que de perdre quelques kilos, ce n’est donc pas une solution. Une alimentation saine et suffisamment d’exercice sont et restent d’ailleurs pour chacun le meilleur moyen de contrôler son poids.