Inflation, pouvoir d’achat et crise agricole : une équation délicate
Panier de courses coûteux
Celui qui se penche sur l’évolution du prix des produits de base en supermarchés, ne devrait pas sauter de joie. Tout augmente. Ce sont surtout les légumes qui ont connu une énorme augmentation de prix (+ 17% en un an): oignons, carottes, chou-fleur, et pomme de terre, sont bien plus chers que l’année dernière et surtout qu’il y a deux ans.
Ces derniers mois, on a commencé à apercevoir des nouvelles plus positives: ici et là, quelques baisses de prix et promotions ont eu pour effet que les consommateurs ont pu acheter certains produits un peu moins chers. Le pain est par exemple devenu 2% moins cher que l’année passée. Mais même cette baisse est relative: le pain coûte toujours 24% plus cher qu’il y a deux ans.
Prix vs durabilité: quel est le rôle du consommateur?
Les importantes hausses de prix ont causé des maux de tête aux consommateurs au cours de l'année 2023. Le message était d'économiser, d'autant plus que la crise de l'énergie se faisait encore ressentir pour de nombreux ménages belges. Le dernier baromètre de Testachats portant sur l’année 2022 a montré que la dépense alimentation était difficile voire très difficile à assumer pour 28 % des ménages, soit une augmentation de 7 % - la plus forte – par rapport à l’année précédente. Dans ce contexte, il est logique qu'ils aient cherché, et cherchent encore, des aliments moins chers. Malheureusement, c’est souvent au rayon des produits peu sains et durables que l’on retrouve des prix bas.
Pourtant, le coût réel d’une alimentation peu saine et peu durable est bien plus élevé que celui indiqué sur le ticket de caisse du supermarché. La Food & Agriculture Organization (FAO) a calculé les coûts cachés – notamment environnementaux, pour la santé publique, etc - des systèmes alimentaires de 154 pays: 10 000 milliards de dollars. Spécifiquement pour la Belgique, près de 80% de ces coûts cachés sont liés à une mauvaise alimentation: trop pauvre en fruits et légumes, céréales complètes et fruits à coque, et trop riche en boissons sucrées, graisses saturées et viande transformée.
Bien sûr, au moment du choix en magasin, les consommateurs portent une responsabilité. Plusieurs études réalisées par Testachats et d’autres organisations de consommateurs européennes montrent d’ailleurs que de plus en plus de consommateurs sont soucieux de consommer plus durable, et sont prêts à modifier leurs habitudes alimentaires. Mais, une autre étude montre clairement que les supermarchés n’en font pas assez pour les orienter vers des produits durables et locaux. Et le greenwashing vient encore leur compliquer la tâche. Il y a un décalage entre ce que souhaitent les consommateurs, et ce que le marché leur propose. Les consommateurs ne demandent pas les prix les plus bas à tout prix.
“Il est possible de changer nos habitudes alimentaires vers un régime plus sain et durable sans que cela n’entraine forcément des hausses de prix” réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats. “Nos autorités peuvent rendre l’alimentation saine et durable fiscalement attrayante, octroyer des subsides aux agriculteurs qui investissent dans une agriculture plus durable, et réguler la publicité pour les produits peu sains. L’enjeu est de réussir un vrai shift dans notre consommation, au bénéfice de tous et toutes”.
Accès presse
