Testachats dénonce le manque de clarté concernant les prix d’injection négatifs et réclame plus de transparence

Tarifs négatifs pour les contrats dynamiques et certains contrats variables
Pas moins de 450.000 ménages risquent de devoir payer pour l’électricité solaire qu’ils injectent sur le réseau. C’est ce qui ressort d’une analyse publiée ce week-end par le média flamand VRT NWS. La plupart des contrats d’injection sont variables et suivent donc les prix de gros du marché de l’électricité. Or, ces prix peuvent fortement chuter durant les périodes ensoleillées, et parfois même devenir négatifs. En 2025, la Belgique a déjà connu 229 heures où le prix de l’électricité était nul, voire négatif. Les personnes disposant d’un contrat d’électricité dynamique — dans lequel le tarif est déterminé heure par heure — doivent alors payer pour injecter de l’électricité sur le réseau.
Mais certains contrats variables sont également concernés ! En effet, pour ceux qui appliquent généralement un prix moyen mensuel, un tarif négatif peut se produire lorsque le prix moyen du marché est si bas qu’il ne couvre plus les coûts et la marge du fournisseur. Par exemple, pour le contrat « Smart variable » d’Octa+, il fallait en avril payer en moyenne 1 centime par kilowattheure injecté. Avec les mois d’été ensoleillés qui approchent, ce problème risque de s’étendre à d’autres fournisseurs également.
Manque de transparence sur les formules tarifaires
Là où le bât blesse, c’est le manque de transparence. Comme le souligne à juste titre VRT NWS, tout dépend de la formule d’indexation contenue dans le contrat d’énergie. Mais cette formule est souvent difficile à trouver et à comprendre pour les consommateurs. Elle figure sur la fiche tarifaire jointe au contrat, mais dans la pratique, elle est souvent dissimulée en petits caractères ou exprimée en termes techniques. Testachats a relevé quelques exemples de formules d’indexation dans les petites lignes des fiches tarifaires d’Octa+ et Mega :
Manipulations des prix dans les fiches tarifaires
Pour ajouter à la confusion, chez certains fournisseurs, le tarif d’injection indiqué sur la fiche tarifaire est calculé sur base d’une estimation annuelle, tandis que d’autres ne mentionnent que le prix mensuel ou trimestriel le plus récent. Cela complique la comparaison pour les consommateurs. Dans un scénario idéal, un fournisseur devrait indiquer les deux : l’estimation annuelle, pour faciliter la comparaison, et le tarif le plus récent, afin que les clients sachent à quoi s’attendre aujourd’hui.
Exemple négatif : dans sa fiche tarifaire de mai, le fournisseur Bolt mentionne un tarif d’injection basé sur le prix moyen du marché au premier trimestre 2025. Ce chiffre semble, à première vue, attractif avec une indemnité de près de 10 centimes d’euro par kWh, mais il donne une image trompeuse. En réalité, l’indemnité actuelle est bien plus basse (valeur annuelle estimée : 4,18 c€/kWh).
Exemple positif : le fournisseur Engie indique clairement à la fois les prix estimés à l’année et les prix mensuels dans ses fiches tarifaires
Tarif fixe ou variable pour l’injection ?
Un tarif d’injection fixe, qui ne suit pas les fluctuations des prix du marché, reste malheureusement assez rare. La plupart des tarifs d’injection sont variables, même lorsque le contrat de consommation (c’est-à-dire le prix de l’électricité consommée) est fixe. Cela prête à confusion : de nombreux consommateurs pensent à tort que leur tarif d’injection est, lui aussi, fixe. D’autant plus que cette information essentielle n’est pas toujours clairement mentionnée dans la fiche tarifaire. A titre d’exemple, Luminus propose des contrats à prix fixe pour la consommation, mais dans les petites lignes, on peut lire que l’indemnité pour l’électricité injectée sur le réseau est, elle, variable.
Testachats demande plus de transparence
« Les consommateurs jouant un rôle clé dans la transition énergétique, leur implication et confiance sont dès lors essentielles. C’est pourquoi il est fondamental que leurs intérêts soient placés au centre, et qu’ils soient informés de manière claire et honnête » réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats. « Nous saluons l’intention du gouvernement fédéral de standardiser les fiches tarifaires et de faciliter la comparaison des prix de l’énergie, et demandons qu’il se mette urgemment au travail. Ceci étant dit, les fournisseurs ne doivent pas attendre les actions du gouvernement pour informer correctement leurs clients » rappelle-t-elle.
Enfin, Testachats recommande aux propriétaires de panneaux solaires de consommer autant que possible leur électricité produite directement. Cela reste la stratégie la plus rentable : chaque kilowattheure consommé est un kilowattheure qu’il ne faut pas acheter à son fournisseur. Là aussi, l’organisation juge le soutien des décideurs politiques crucial, par exemple en rendant les batteries domestiques plug-and-play plus accessibles pour tous ou en réintroduisant la prime pour la gestion intelligente de l’énergie, supprimée en début d’année.
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