Les vaccins contre le VRS sont-ils vraiment efficaces et quels sont les risques?


Les premiers vaccins contre le virus respiratoire syncytial (VRS) sont disponible depuis 2023. Qu'est-ce que le VRS ? Qui sont les personnes à risque ? Quelle est l'efficacité des vaccins et médicaments disponibles ? S'ils représentent un important pas en avant pour la santé publique dans la lutte contre ce virus, des améliorations sont encore nécessaires.
Sur cette page
- Le virus respiratoire syncytial (VRS), c'est quoi ?
- Quels sont les symptômes du VRS?
- Qui sont les personnes à risque face au VRS?
- Les premiers vaccins contre le VRS disponibles sur le marché
- Beyfortus, un médicament préventif contre le VRS
- Des solutions efficaces et transparentes pour la vaccination contre le VRS en Belgique
- Faut-il se faire vacciner contre le VRS ? Vos questions les plus fréquentes
- Conclusion : que penser des nouveaux vaccins contre le VRS ?
Le virus respiratoire syncytial (VRS), c'est quoi ?
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est à l'origine d'une infection très courante et contagieuse des voies respiratoires (supérieures). L'infection est saisonnière, les contaminations s'étalant de début octobre à fin mars, avec un pic durant l'hiver.
Comment se propage le VRS ?
Le VRS se transmet très facilement et se propage donc rapidement. Il se propage dans l'air via la toux, les éternuements, la salive ou encore lorsqu'on se mouche. La contamination peut se faire par contact avec une personne infectée ou des surfaces contaminées.
Le VRS présent dans les gouttelettes de mucus nasal reste infectieux sur les surfaces solides à température ambiante pendant environ 6 à 12 heures. Sur les vêtements, les mouchoirs en papier ou les mains, le virus est inactivé plus rapidement, généralement en moins d'une heure.
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Quels sont les symptômes du VRS?
Chez la plupart des adultes et des enfants, les symptômes se limitent à ceux d'un simple rhume (nez bouché, écoulements nasaux, toux sèche, éternuements, légère fièvre, maux de gorge). L'infection disparait d'elle-même, sans traitement spécifique, après 2 à 8 jours.
Pour atténuer les symptômes, vous pouvez libérer vos voies nasales, bien vous hydrater, aérer les pièces, utiliser un humidificateur, éviter l'exposition à la fumée de tabac, utiliser des médicaments qui dilatent les voies respiratoires, ou encore réaliser des séances de kinésithérapie pour dégager les mucosités.
Chez les personnes vulnérables, l'infection peut s'aggraver et entraîner des problèmes respiratoires (respiration accélérée, difficile, superficielle ou sifflante) et une forte toux. Chez les enfants, d'autres symptômes peuvent également se développer, comme une infection de l'oreille, de la déshydratation ou encore une diminution de l'appétit.
Vers le haut de la pageQui sont les personnes à risque face au VRS?
Il y a plusieurs publics à risque, comme les prématurés et les nourrissons de moins de 2 ans (mais principalement de moins de six mois), les personnes âgées et les personnes qui souffrent de problèmes de santé (affections pulmonaires ou cardiaques, obésité, diabète, affections rénales chroniques, immunité réduite, etc.). Chez ces personnes, le VRS peut s'étendre aux voies respiratoires inférieures (trachée, bronches, bronchioles, alvéoles), et ainsi provoquer des complications aiguës (bronchiolite ou même pneumonie).
Les enfants et les nourrissons
Les infections aiguës concernent le plus souvent les jeunes enfants. En Belgique, environ 14 500 enfants de moins de 5 ans contractent le VRS chaque année, et entre 3 200 et 3600 doivent être hospitalisés. La plupart des enfants connaissent leur première infection au VRS dans la première année de leur vie, et presque tous les enfants ont déjà été infectés par le VRS lorsqu'ils atteignent l'âge de deux ans.
Notez que la moitié des cas d'infections et trois quarts des hospitalisations concernent des enfants de moins de 2 ans. Ainsi, 85 % des enfants de moins d'1 an qui sont hospitalisés à cause du VRS développent par la suite une bronchiolite, une infection des plus petites voies respiratoires qui peut avoir des conséquences graves pour les jeunes patients. Pour les enfants âgés de 1 à 5 ans, le taux est de 31 %. Pour cette tranche d'âge, les complications les plus fréquentes sont une pneumonie (51 %) et l'asthme (60 %).
Les réinfections sont par ailleurs fréquentes, voire annuelles pour certains. Durant l'enfance, elles sont généralement moins graves que la première infection et se limitent à une infection des voies respiratoires supérieures.
La maladie est fatale pour un petit nombre d'entre eux : après la malaria, le VRS est la deuxième cause de décès chez les nourrissons à l'échelle mondiale, avec 100 000 décès par an.
Les personnes âgées
Chez les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes de santé, le VRS peut provoquer une maladie respiratoire aiguë, des symptômes grippaux ou une pneumonie. Il peut également aggraver des pathologies déjà présentes. En Europe, 250 000 personnes âgées de plus de 65 ans atteintes du VRS sont hospitalisées chaque année, et 17 000 d'entre elles décèdent.
Vers le haut de la pageLes premiers vaccins contre le VRS disponibles sur le marché
Si la crise sanitaire a empêché la propagation du virus respiratoire syncytial, elle nous a aussi empêchés de développer notre immunité, nous rendant plus vulnérables à la sortie des confinements. Lors de l'hiver 2022-2023, le VRS faisait ainsi partie d'une triple épidémie en compagnie de la grippe et du Covid-19. Cette convergence a notamment contribué à l'engorgement des hôpitaux.
Cette situation a stimulé la recherche d'un vaccin contre le VRS, ou plutôt la course entre géants de l'industrie pharmaceutique. La commercialisation d'un vaccin pourrait être des plus lucratives : le marché pourrait valoir près de dix milliards de dollars d'ici 2030.
Lancées dans les années 1960, les recherches aboutissent aujourd'hui, et deux produits ont débarqué sur le marché à l'automne 2023. Un troisième, développé par Moderna, pourrait également bientôt être mis sur le marché.
Le vaccin de GSK
Fin avril 2023, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a rendu un avis positif pour l'Arexvy. Développé par GSK, il s'agit du tout premier vaccin contre le VRS destiné aux plus de 60 ans. Il est disponible en Belgique depuis la mi-août 2023.
Quel est le prix d'Arexvy ?
Le vaccin de GSK coûte environ 200 €, mais un remboursement partiel est possible pour certaines personnes de plus de 65 ans. Si vous êtes éligible, vous ne devrez payer que 12,50 € (ou 8,50 € si vous bénéficiez de l'intervention majorée).
Votre éligibilité au remboursement dépend de votre état de santé ou de votre séjour dans un établissement de soins. Les conditions de remboursement ne sont pas tout à fait identiques à celles des groupes pour lesquels la vaccination est recommandée.
Le vaccin de Pfizer
Fin juillet 2023, l'EMA a rendu un avis positif pour l'Abrysvo. Développé par Pfizer, il est non seulement destiné aux nourrissons dès la naissance et jusqu'à leurs six mois (ce sont les femmes enceintes qui reçoivent l'injection du vaccin), mais aussi aux plus de 60 ans. Il est disponible en Belgique depuis janvier 2024.
Quel est le prix d'Abrysvo ?
Le vaccin de Pfizer n'est pas donné : environ 183 €. Qui plus est, vous ne bénéficiez d'aucun remboursement de l'INAMI. Depuis le 1er janvier 2025, il peut être remboursé par l'assurance maladie obligatoire (INAMI), à condition que vous répondiez aux critères suivants :
- Vous êtes enceinte et vous devez accoucher pendant la saison du VRS, qui s'étend généralement de septembre à mars.
- En tant que bénéficiaire, vous recevrez une seule dose par grossesse entre la 28ème et la 36ème semaine de grossesse.
- Pour être remboursée, vous devez faire remplir un formulaire de demande par votre médecin et le soumettre au médecin-conseil.
Si vous ne satisfaites pas à ces trois critères, vous devrez pour l'instant payer le prix plein sans bénéficier d'un remboursement. En Wallonie comme en Flandre, le vaccin Abrysvo n'est pas fournit gratuitement.
Les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé sur les vaccins contre le VRS
Les deux vaccins réduisent le risque d'infection par le VRS entraînant des maladies (graves) des voies respiratoires inférieures. Ils ont été approuvés par l'EMA dans le cadre d'une procédure accélérée, car ils sont considérés comme étant d'une importance majeure pour la santé publique.
Le Conseil Supérieur de la Santé a quant à lui donné son avis sur les groupes à haut risque pour lesquels le vaccin peut être utile. Il estime que les données concernant l'efficacité des vaccins sont relativement limitées, notamment en ce qui concerne les formes les plus graves de la maladie, en particulier chez les personnes à risque.
Toutefois, étant donné le danger que représente le VRS au sein des groupes à risque, et en l'absence d'un traitement antiviral efficace, le CSS estime que le vaccin contre le VRS peut être proposé, sur base individuelle, pour les personnes immunodéficientes (peu importe leur âge) et pour celles de plus de 60 ans qui présentent au minimum un facteur de risque pour des infections graves du VRS. Il n'est pas recommandé aux personnes de 60 ans en bonne santé. Par facteur de risque, le CSS entend :
- Affections respiratoires chroniques.
- Faiblesses cardiaques chroniques.
- Affections rénales chroniques.
- Diabète.
- Obésité sévère (IMC de 40 ou plus).
- Système immunitaire affaibli.
- Les fumeurs actifs.
- Les personnes qui ont déjà fait un AVC.
- Les personnes en institution (hôpital, centre, etc.)
Idéalement, l'injection doit être effectuée en septembre-octobre. Une prescription est nécessaire, et le vaccin n'est pas remboursé. Le Conseil ne se prononce pas encore sur l'intérêt d'une vaccination annuelle (et donc à effectuer à nouveau l'année prochaine), étant donné que les informations manquent concernant la durée de la protection offerte par les vaccins. Il ne s'est également pas prononcé sur le vaccin présentant la meilleure protection.
Le Conseil Supérieur de la Santé a donné deux recommandations pour protéger les bébés contre le VRS :
- administrer le vaccin à la mère durant la grossesse ;
- administrer l'anticorps monoclonal nirsevimab (Beyfortus) à l'enfant.
Il ne précise laquelle de ces options il privilégie.
Le vaccin de Moderna en développement
Autre géant pharmaceutique, Moderna travaille également sur un vaccin contre le VRS. Baptisé mResvia, il s'agit d'un vaccin à ARN messager.
En juin 2024, le Comité des médicaments à usage humain de l'EMA a recommandé d'approuver une autorisation de commercialisation de ce produit en Europe. Il basait son avis sur des essais cliniques randomisés de phase 2 et de phase 3 testant l'efficacité du vaccin par rapport à un placebo. Ils montraient l'efficacité du vaccin dans la prévention des infections des voies respiratoires inférieures chez les personnes de plus de 60 ans.
Il s'agit du premier vaccin à ARN messager ciblant un pathogène à recevoir un avis positif du Comité depuis celui contre le Covid-19.
Vers le haut de la pageBeyfortus, un médicament préventif contre le VRS
Beyfortus est un anticorps monoclonal qui fournit des anticorps à l'organisme. Il ne s'agit pas d'un vaccin puisque les vaccins apprennent à l'organisme à fabriquer ses propres anticorps.
Quel est le prix de Beyfortus ?
Ce médicament est excessivement cher, le prix officiel étant d'environ 777 € par dose. Fort heureusement, les parents ne doivent pas supporter ce coût seuls puisque l'INAMI prend à sa charge une bonne partie de la facture. Mais elle le fait uniquement sous certaines conditions et après approbation de votre mutuelle. Vous ne devez alors plus payer que 12,1 €, ou 8 € si vous bénéficiez d'un remboursement supplémentaire.
Selon les calculs, le traitement des bébés en bonne santé et à terme coûterait environ 80 millions €/an. Un expert de l'INAMI s'interroge sur le bien-fondé de cette approche, car le remboursement de bébés en bonne santé à un prix aussi élevé n'est pas rentable. Par conséquent, lorsque les prix sont si élevés, les entreprises offrent souvent une réduction et un système de remboursement temporaire est convenu, mais le prix réel n'est pas divulgué. Le coût exact de l'assurance maladie reste secret.
En résumé, les parents paient un petit montant pour le médicament grâce à l'intervention de l'INAMI, mais les coûts réels de l'assurance maladie restent inconnus en raison des accords conclus dans le contrat secret entre l'INAMI et le fabricant.
Vers le haut de la pageDes solutions efficaces et transparentes pour la vaccination contre le VRS en Belgique
L'approche choisie en Belgique en matière de vaccination contre le VRS n'est pas idéale.
Il existe deux manières de protéger les nourrissons du VRS, et le médicament Beyfortus est a priori bien plus coûteux pour l'INAMI que le vaccin Abrysvo. Le prix que les citoyens paient pour la vaccination contre le VRS reste partiellement secret.
Une approche plus efficace aurait consisté à évaluer les deux produits ensemble et à décider de leur remboursement. En examinant les coûts et les avantages du médicament et du vaccin dans le cadre d'une seule évaluation, des coûts auraient pu être évités.
Vers le haut de la pageFaut-il se faire vacciner contre le VRS ? Vos questions les plus fréquentes
Faut-il vacciner les enfants contre le VRS ?
Le vaccin de Pfizer est un vaccin pédiatrique, mais il doit être administré aux femmes enceintes vers la fin de la grossesse. Ces vaccins visent à transmettre des anticorps à travers le placenta afin que les bébés soient protégés contre la maladie infectieuse dès la naissance. C’est par exemple aussi le cas pour le vaccin contre la coqueluche.
Quelle est l'efficacité des vaccins contre le VRS ?
Lors des essais cliniques, l'injection du vaccin de GSK a permis de réduire le risque (avec 83%) de maladie des voies respiratoires inférieures chez les plus de 60 ans. L'efficacité monte à 94 % pour la prévention des formes graves.
Pour le vaccin de Pfizer, deux groupes ont été testés. Chez les femmes enceintes (24 à 36 semaines de grossesse), le vaccin a montré son efficacité pour lutter contre les formes graves des infections des voies respiratoires inférieures contractées dans les 180 jours suivants la naissance. Le risque chutait de 82 % pendant les trois premiers mois chez les nourrissons, et de 69 % pour ceux âgés de six mois. En éliminant les formes graves, l'efficacité était de 50 %. Il convient de garder à l'esprit qu’il ne s’agit que de pourcentages relatifs. Le risque absolu d'infection grave par le VRS est faible pour cette catégorie de patients. Il faut vacciner environ 80 femmes enceintes pour empêcher l'apparition d'un seul cas de forme aiguë du VRS.
Pour le groupe des 60-69 ans, le vaccin de Pfizer a montré une efficacité allant jusqu'à 67 % en matière de protection contre les affections des voies respiratoires inférieures liées au VRS.
Quels sont les effets secondaires possibles ?
Dans l'ensemble, le vaccin de GSK était bien toléré par les patients, avec des effets secondaires modérés : douleur à l'endroit de l'injection du vaccin, fatigue, douleurs musculaires et maux de tête.
Pour celui de Pfizer, les femmes enceintes ressentaient également des douleurs à l'endroit de l'injection, des douleurs musculaires et des maux de tête. Chez les plus de 60 ans, l'effet secondaire le plus fréquent était une douleur localisée à l'endroit de l'injection.
Le médicament préventif contre le VRS est-il efficace ?
Un médicament commercialisé sous le nom de Synagis a pour objectif de limiter les complications liées au VRS de manière préventive. Il s'agit d'un anticorps monoclonal destiné aux nourrissons qui présentent des risques élevés de développer des formes aiguës, afin de limiter les risques s'ils sont exposés au virus.
Il ne reste toutefois présent dans l'organisme que durant un mois, les injections sont donc mensuelles durant la saison du VRS. Une procédure contraignante et coûteuse, raison pour laquelle il est réservé aux nourrissons à haut risque comme les prématurés, les enfants de moins de deux ans qui présentent des affections cardiaques ou pulmonaires, ou encore des faiblesses immunitaires. Ils bénéficient de cinq injections remboursées par saison.
Un second médicament, le Beyfortus, a été approuvé par l'Union européenne fin 2022. Il est toutefois toujours en phase d'essais cliniques. S'il n'est pas encore répandu, il présente l'avantage de nécessiter moins d'injections.
Comment peut-on prévenir une infection du VRS ?
La prévention est essentielle, surtout pour les personnes à haut risque. Pour limiter efficacement la propagation du virus, il convient de respecter une bonne hygiène : lavage fréquent des mains, se protéger le nez et la bouche en cas de toux ou d'éternuements, utiliser des mouchoirs en papier jetables, éviter les contacts rapprochés avec une personne contaminée, et maintenir un environnement propre et désinfecté.
Existe-t-il un traitement pour les personnes infectées par le VRS ?
Bien que les recherches en la matière durent depuis longtemps, il n'existe à l'heure actuelle aucun médicament pour soigner les personnes atteintes du VRS. Votre organisme se débarrassera de l'infection grâce à la production d'anticorps dans les 10 jours. La plupart des infections au VRS ne nécessitent pas de traitement spécifique.
Pour soulager certains symptômes, pensez à vous moucher, boire beaucoup, aérer les pièces, utiliser un humidificateur, éviter de fumer ou de vous exposer au tabac, faire des aérosols, etc.
Quant à une hospitalisation, elle n'est nécessaire qu'en cas d'infection grave. C'est par exemple le cas si le VRS entraîne une oppression thoracique et/ou des problèmes d'alimentation chez un nourrisson. L'hospitalisation doit permettre de gérer les fluides et d'assurer une oxygénation adéquate.
Il n'existe aucune preuve convaincante de l'efficacité d'un traitement à base de corticostéroïdes, d'immunoglobulines ou de médicaments antiviraux. Les infections bactériennes secondaires sont plus fréquentes dans les infections sévères à VRS, en particulier chez les patients ventilés. Les antibiotiques ne sont recommandés qu'en cas d'infection bactérienne avérée.
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