Comment repérer les fake news en santé?


Pour prendre de bonnes décisions, nous avons besoin d’informations correctes. Il n’en va pas autrement pour notre santé. Malheureusement, nous sommes bombardés de toutes parts d’informations erronées sur internet.
Les "fake news" ou fausses informations peuvent sans problème faire le tour du monde, dans les domaines commercial, idéologique ou politique. Dans d’autres cas, il s’agit d’imprécisions involontaires ou de journalisme de caniveau.
Délibérées ou non, les informations erronées peuvent occasionner de nombreux dégâts lorsqu’on les prend pour argent comptant, tant pour votre compte en banque que pour votre santé. Aussi est-il important de reconnaître les signaux d’alarme.
Etes-vous en mesure de distinguer les vraies infos des fausses? Testez-vous avec notre quiz.
Ces questions constituent un fil conducteur:
- Est-ce de l’information ou du marketing?
- S’agit-il d’un site web fiable?
- S’agit-il d’un véritable expert qui parle?
- L’analyse dont il est fait référence apporte-t-elle vraiment la preuve requise?
- Les faits ont-ils déjà été vérifiés?
Le sites web, les périodiques et les journaux sont tenus de signaler clairement le caractère commercial du « native advertising »; c'est-à-dire de la publicité déguisée en information. Cette publicité prend plusieurs formes:
- les annonces
- les publicités
- les publireportages
- les publicités sous forme de contenu éditorial (advertorial)
- les promotions
- les contenus qui finissent par "offert par (...)"
- les contenus qui finissent par "réalisé en étroite collaboration avec (...)"
- les contenus qui finissent par "powered by (...)"
- …
Les articles accompagnés d'un tel avertissement doivent naturellement être pris avec des pincettes. Les firmes ne vont jamais s’exprimer contre leur propre intérêt.
Parfois, de tels avertissements ne sont pas affichés, alors que le contenu a vu le jour en collaboration avec une entreprise. Dans ce cas, vous devez être attentif aux signaux d’alerte, comme dans ces cas de figure:
- l’article est publié par une « rédaction », alors que dans les autres articles, le nom d’un journaliste apparaît
- l’article est publié à 0:00h
- une publicité est faite pour une marque
Ci-dessous, un exemple de publicité déguisée en article, identifiable grâce aux avertissements « Publi-redactionnel » et « par Sérélys ».
Si vous ne connaissez pas la source, examinez la page « à propos de nous ». Demandez-vous pourquoi ils publient cet article. Y a-t-il peut-être un intérêt commercial en jeu?
Les sites web fiables sont des sites d’organisations indépendantes et impartiales (comme Test Achats et infosante.be).
Certains sites web qui propagent de fausses informations, comme sante-nutrition.org et santeplusmag.com, ont la réputation d’être de faux sites d’information. Comment pouvez-vous vérifier cela?
- Googlez l’URL avec un mot clé comme « fausse info », « fake news » ou « hoax ». Si vous voyez apparaître de nombreux avertissements dans les résultats de recherche, vous savez ce qu’il en est.
- Surfez sur le Décodex de Le Monde ou mediabiasfactcheck.com pour vérifier la fiabilité de votre source. Malheureusement, tous les sites n’y sont pas évalués.
- Examinez attentivement le site web sur lequel vous êtes. La caractéristique de ces faux sites d’information est qu'ils se profilent comme une source « d’information différente » et ont recours à un langage et des illustrations à lourde charge émotionnelle. Vous y trouverez souvent différentes théories du complot.
Il va sans dire qu’il vaut mieux éviter de tels sites.
Intensifier la crédibilité d’un message en faisant parler un expert est une stratégie bien connue.
Posez-vous donc les questions suivantes:
- Cet expert existe-t-il vraiment? Tentez de trouver sa photo dans Google Images ou Tineye et procédez à une recherche par image inversée. Les vendeurs de fausses informations utilisent souvent des photos en stock ou des photos d’autres personnes pour incarner un pseudo-« expert ».
- Cette personne ou organisation a-t-elle réellement tenu ces propos? Vérifiez toujours le site web ou le média social officiel de l’expert ou de l’organisation citée en question (ex. Twitter). Prenez éventuellement contact. Ce ne serait pas la première fois que des propos seraient attribués à une personne qui ne les as jamais tenus.
- La personne ou l’organisation invoquée est-elle réellement un expert du domaine concerné? Parfois, des « spécialistes » sont mis en évidence, alors qu’ils relèvent plutôt de la catégorie des charlatans. Effectuez une recherche Google, éventuellement combinée à un mot clé comme « quack » et soyez attentif aux avertissements.
Prenez l’exemple du professeur Romuald Cappelaere, prétendu spécialiste sur le plan de la biologie moléculaire, qui vend un produit miracle permettant de mieux entendre. Sa photo est une photo de stock. Ce professeur n’existe pas.

Renvoyer vers une étude scientifique est également une stratégie bien connue pour intensifier la crédibilité d’une information.
Si la source de l'étude en question ne peut être déterminée avec précision, soyez très prudent. Ce ne serait pas la première fois qu’une source mentionne une étude qui n’a jamais eu lieu.
Une référence concrète est-elle disponible? Recherchez éventuellement l’étude en question via Pubmed ou Google scholar. Bien souvent, un résumé de l’étude est disponible et consultable gratuitement. Le contenu de cet « abstract » correspond-il à ce qui est mentionné dans l’article? Ce n’est pas toujours le cas. Les diffuseurs de fausses informations savent comme personne tirer les résultats des études de leur contexte.
Évaluer si une étude corrobore véritablement une allégation n’est pas chose aisée pour un non-initié. Sachez au minimum:
- qu’une seule étude ne suffit jamais à corroborer une allégation;
- que les conclusions que l'on retire d'une étude sur des cellules ou des animaux ne peuvent pas simplement être généralisées à l’homme;
- qu'un rapport ne prouve pas nécessairement un lien causal;
- qu'il faut toujours avoir l’esprit critique par rapport aux études sponsorisées;
- que les études ont souvent des limites méthodologiques, vous empêchant de tirer des conclusions;
- que nombreux sont ceux qui se livrent à du « cherry picking »: mentionner uniquement des études confirmant leur point de vue, tandis qu’il en existe également d’autres qui vont dans le sens contraire.
Vérifiez toujours si l’étude mentionnée n’a pas été retirée (« retracted ») en raison de manquements trop importants. Sur Pubmed, vous pouvez voir apparaître une « Retraction notice ».
Cette étude a récemment été retirée en raison de manquements trop importants.

La personne à laquelle vous adressez vos questions a peut-être déjà été screenée par un factchecker. Assurez-vous-en.
Quelques conseils:
- Googlez le sujet en même temps qu’un mot clé comme « factcheck » et examinez les résultats. Essayez également avec d’autres mots clés comme « mythe », « scam », « hoax », « evidence ».
- Voyez si vous trouvez des résultats avec le Fact Check Explorer de Google.