Acomptes illégaux, fraude fiscale et commentaires dénigrants : Testachats dévoile les pratiques accablantes du secteur des augmentations mammaires


Des pratiques illégales
Plusieurs dispositions légales encadrent le secteur de la chirurgie esthétique : par exemple, les acomptes et autres « engagements financiers », tels que des frais d'annulation pour les patientes hésitantes sont strictement interdits. La chirurgie esthétique ne peut pas non plus faire l’objet de publicités. Ces obligations sont (en théorie) assorties de peines allant jusqu'à six mois d’emprisonnement et 40.000 euros d'amende. Pourtant, les résultats de la dernière enquête de Testachats sont accablants :- Dans 16 des 19 cliniques, les enquêtrices ont dû payer un acompte allant de 500 euros à 3.500 euros. Pour 7 cliniques, ce paiement devait être effectué dans les deux semaines suivant la première consultation, et dans une clinique, le paiement devait avoir été versé dans les 24 heures;
- 7 cliniques facturaient des frais d'annulation élevés. En fonction du délai d'annulation, ces frais pouvaient s'élever au montant total de l'opération! Les consommatrices hésitantes étaient donc incitées à procéder à l’intervention;
- 7 cliniques utilisaient des slogans, des publicités ou des emails avec des offres limitées dans le temps, par exemple pour la Saint-Valentin et la Fête des Mères.
Exemples d’offres limitées envoyées à notre enquêtrice :
De plus, dans deux cliniques, l’enquêtrice pouvait se faire opérer avant le délai légal de réflexion de 15 jours. Dans une clinique, elle aurait même pu passer sous le bistouri après seulement cinq jours.
Sept médecins ont en outre délivré une attestation mutuelle pour la consultation, permettant un remboursement partiel par la mutuelle, ce qui n‘est pas autorisé pour les opérations esthétiques. Lors d'une précédente enquête sur le botox en 2021, Testachats avait également constaté ce type de fraude. Par ailleurs, un médecin a suggéré de réaliser la moitié de l'opération « au noir », tandis qu’un autre a suggéré de classer la procédure comme « reconstructive » pour éviter la TVA.
Un manque d’informations
Outre les pratiques illégales, les informations sur les complications possibles et la durée de vie limitée des implants en silicone étaient clairement insuffisantes. Seules trois des 19 cliniques ont fourni des informations écrites solides sur l’intervention et ses risques, mais lors des consultations, aucune clinique n'a abordé toutes les complications potentielles.
Par contre, certains médecins ont bien insisté sur ce qui n'allait pas avec les seins des femmes participant à l'étude. On leur a souvent dit que leurs seins tombaient trop, les qualifiant de « poches dégonflées » et de « seins d’œufs de Pâques ». Une enquêtrice a dû entendre que « son mari serait content après l'intervention » et qu'« il pourrait bien en profiter ».
« Cette enquête démontre de graves dysfonctionnements dans les cliniques esthétiques », affirme Julie Frère, porte-parole de Testachats. « De nombreuses enquêtrices ont été poussées à croire qu'elles devaient absolument subir une intervention sur leur poitrine, et les méthodes employées pour les convaincre sont tout simplement choquantes. Nous avons relevé de nombreuses infractions, révélant un manque flagrant de contrôle. Nous avons déjà écrit à l’Ordre des Médecins et à l’Association de Chirurgie Plastique, pour leur demander quelles mesures seraient prévues pour rappeler leurs membres à l’ordre. Par ailleurs, nous avons également alerté le SPF Économie, le SPF Santé publique, l’INAMI et le SPF Finances pour les cas de fraude que nous avons pu constater », conclut-elle.
Accès presse