La troisième dose de vaccin contre le coronavirus


Maintenant que la majeure partie de la population belge a été vaccinée contre la COVID-19, on administre désormais une troisième dose de vaccin contre le coronavirus. Cette injection supplémentaire est-elle encore utile maintenant que le variant omicron a fait son apparition ? Même dans le cas où vous avez déjà été infecté ? Nous répondons à toutes vos questions dans ce dossier.
Quand nous parlons d’un vaccin supplémentaire contre le coronavirus, il s’agit d’un vaccin supplémentaire après votre vaccination de base. La vaccination de base correspond aux deux premières injections du vaccin à ARN messager de Pfizer/BioNTech ou Moderna, aux deux premières injections du vaccin à vecteur Oxford University/AstraZeneca ou à la première injection du vaccin à vecteur de Johnson & Johnson. En Belgique, le vaccin supplémentaire est administré avec une dose complète du vaccin Pfizer/BioNTech ou une demi-dose du vaccin Moderna.
Pourquoi un troisième vaccin ?
La vaccination de base permet en premier lieu la production d’anticorps. Ceux-ci reconnaissent certains éléments spécifiques du virus, à la manière d’une clé qui rentrerait dans une serrure. Les anticorps empêchent ainsi le virus de s’attacher à vos cellules et stimulent d’autres parties de votre système immunitaire afin de rendre l’agent étranger inoffensif. Si vous entrez ensuite à nouveau en contact avec le coronavirus, ces anticorps peuvent immédiatement entrer en action et empêcher que vous soyez contaminé(e). Vos anticorps jouent donc un rôle crucial dans la protection contre les contaminations. Quelques mois après la vaccination de base, votre taux d’anticorps contre le virus chute. C’est un phénomène normal après une infection ou une vaccination. Cela vous rendra plus sensible à une nouvelle infection, malgré la vaccination. On parle alors de percée de l'infection. Grâce à un vaccin supplémentaire après la vaccination de base, le nombre d’anticorps dans votre sang augmente à nouveau fortement et vous êtes à nouveau mieux protégé contre les infections. Maintenant que le variant omicron, plus contagieux, est dominant dans notre pays, cela est particulièrement important. Cependant, nous ne savons pas encore combien de temps la protection contre l'infection dure après une injection supplémentaire et si nous devrons donc faire une autre injection corona régulièrement.
Toutefois, notre système immunitaire - et notre protection contre la COVID-19 - ne repose pas uniquement sur les anticorps, bien que cela soit le sujet principal de la plupart des actualités. À long terme, nos cellules mémoires jouent un rôle beaucoup plus important, puisqu'elles restent dans notre sang beaucoup plus longtemps que les anticorps. C'est principalement ce deuxième mécanisme qui vous protège des symptômes graves, de l'hospitalisation et du décès, ce qui est finalement l'objectif principal de la campagne de vaccination. Cette protection contre les formes graves de la COVID-19 semble diminuer beaucoup moins rapidement que la protection contre l'infection. Une injection supplémentaire chez les personnes en bonne santé de moins de 65 ans sert donc principalement à augmenter la protection contre l'infection.
Nous aborderons dans ce dossier les questions suivantes relatives au troisième vaccin :
- Quelle est la différence entre un vaccin supplémentaire et un vaccin booster ?
Une injection supplémentaire est administrée aux personnes chez qui la vaccination de base n'assure pas une protection suffisante. Une injection de rappel ("vaccin booster") est un autre terme pour désigner la même injection, mais elle est administrée aux personnes chez qui la protection offerte par la vaccination de base était en soi suffisante, mais diminue avec le temps.
- Comment notre système immunitaire nous protège-t-il après une contamination naturelle ou une vaccination contre le coronavirus ?
Après une contamination naturelle ou une vaccination contre le coronavirus, notre système immunitaire se repose à la fois sur les anticorps et sur les cellules mémoires. Les anticorps interviennent surtout au niveau de la protection contre une infection au coronavirus et les cellules mémoires agissent, elles, surtout au niveau de la protection contre une forme grave de la COVID-19.
- La protection conférée par mon vaccin diminue-t-elle ?
Quel que soit le type de vaccin contre le coronavirus, la protection contre la contamination diminue après que vous avez reçu votre (vos) premier(s) vaccin(s). Les vaccins à ARN messager protègent cependant mieux que les vaccins à vecteur.
- Quand êtes-vous protégé contre une forme grave de COVID-19 ?
Il n’est actuellement pas possible de vérifier à l’aide d’un simple test si quelqu’un est ou non protégé contre une forme grave de la COVID-19.
- Un vaccin supplémentaire est-il utile pour tout le monde ?
Pour les groupes vulnérables, comme les plus de 65 ans, une injection supplémentaire est surtout utile pour maintenir un niveau élevé de protection contre les formes graves de la COVID-19. Pour les personnes en bonne santé âgées de moins de 65 ans, une injection supplémentaire augmente surtout la protection contre l'infection et la transmission du virus.
- J’ai eu la COVID-19. Dois-je alors être vacciné(e) ?
Oui. Même après une infection naturelle au coronavirus, il est conseillé de vous faire vacciner parce que la quantité d’anticorps que quelqu’un crée après une infection naturelle diffère fortement d’une personne à l’autre. Un seul vaccin à ARN messager suffit.
- Puis-je recevoir un vaccin supplémentaire avec un autre vaccin que celui que j’ai reçu lors de ma vaccination de base ?
Oui. Comme les vaccins supplémentaires sont uniquement administrés avec les vaccins à ARN messager, il se pourrait que vous receviez un vaccin différent de celui que vous avez reçu lors de votre vaccination de base. Jusqu’à présent, rien n’indique qu’un vaccin supplémentaire avec un autre vaccin que votre vaccin de base puisse présenter des risques supplémentaires. Attention : il n’est pas possible de choisir soi-même quel vaccin vous sera administré comme dose supplémentaire.
- Puis-je recevoir le vaccin contre la grippe et le vaccin supplémentaire contre le coronavirus en même temps ?
Oui. Un vaccin contre le coronavirus peut être administré en même temps que d’autres vaccins, y compris celui contre la grippe.
- Quels sont les risques d’un vaccin supplémentaire ?
Le troisième vaccin ne semble pas comporter de risques supplémentaires par rapport à la vaccination de base.
- Un vaccin supplémentaire est-il éthiquement responsable ?
Nous évoquons dans cette section, un certain nombre de questions éthiques relatives au vaccin supplémentaire contre le coronavirus.
Au sens strict, un vaccin supplémentaire n’est pas tout à fait identique à un vaccin booster :
- Un vaccin supplémentaire est administré dans les 6 mois qui suivent la vaccination de base aux personnes pour qui elle n'offre pas de protection suffisante contre une infection au coronavirus et une hospitalisation. Il s’agit ici de personnes dont le système de défense est affaibli, par exemple un patient souffrant de rhumatisme qui prend des médicaments pour ralentir son système immunitaire. Dans la mesure où ils ne produisent pas ou pas suffisamment d’anticorps après la vaccination de base, une injection supplémentaire d’un vaccin à ARN messager peut permettre une augmentation des anticorps dans le sang et sert avant tout à renforcer la protection de base.
Il y a peu de discussion au sujet de ce groupe cible : les scientifiques s’accordent à dire qu’une injection supplémentaire peut se révéler opportune pour stimuler suffisamment le système immunitaire de ces personnes. C’est la raison pour laquelle, en septembre 2021, ce groupe de patients a été invité en priorité à recevoir un vaccin supplémentaire en plus de leur vaccination de base. Ce sont eux qui avaient le plus besoin de ce vaccin.
- Un vaccin booster est principalement destiné à prolonger la durée de la protection pour les personnes qui avaient une protection de base suffisante, mais chez qui la protection diminue avec le temps. Une injection supplémentaire augmentera principalement la protection contre l'infection.
Quand une piqûre de rappel peut-elle être administrée ?
- Si vous avez reçu une vaccination de base avec le vaccin Johnson & Johnson, vous pouvez recevoir une deuxième injection en commençant deux mois après la vaccination de base.
- Si vous avez reçu une vaccination de rappel avec le vaccin Oxford University/AstraZeneca, Pfizer/BioNTech ou Moderna, vous pouvez recevoir une troisième injection en commençant 4 mois après la deuxième injection.
Dans ce dossier, nous utilisons le terme "vaccin supplémentaire" pour désigner à la fois un vaccin supplémentaire et un vaccin booster.
D'ici mars 2022, toute personne âgée de 18 ans et plus devrait avoir eu la possibilité de recevoir une injection supplémentaire. La plupart des citoyens recevront leur vaccin supplémentaire dans un centre de vaccination. Un projet pilote est également en cours dans neuf grandes entreprises, au sein desquelles le service de santé au travail invitera les employés à faire une injection supplémentaire. Le gouvernement fait également les préparatifs nécessaires pour que la vaccination par les pharmaciens soit possible à l'avenir.
Bien que l’on se concentre souvent sur le mécanisme des anticorps, notre système immunitaire – et notre protection contre la COVID-19 – ne repose pas uniquement sur les anticorps. À long terme, nos cellules mémoires jouent un rôle beaucoup plus important, celles-ci restant présentes dans votre sang beaucoup plus longtemps que les anticorps. C’est donc surtout ce deuxième mécanisme qui vous protège contre les symptômes graves, les hospitalisations et les décès.
Lorsque notre corps entre en contact avec le coronavirus ou après l’administration d’un vaccin contre le coronavirus, notre système immunitaire réagit de deux manières différentes :
1. Le corps produit des anticorps qui reconnaîtront des éléments spécifiques du virus, à la manière d’une clé qui rentrerait dans une serrure. Ces anticorps empêchent le virus de s’attacher à vos cellules et stimulent d’autres parties de notre système immunitaire afin de rendre l’agent étranger inoffensif. Si vous entrez ensuite (à nouveau) en contact avec le coronavirus, ces anticorps peuvent immédiatement entrer en action et empêcher que vous soyez (une deuxième fois) contaminé(e). Vos anticorps jouent donc un rôle crucial dans la protection contre les contaminations.
2. En outre, à la suite de la vaccination ou d’une infection naturelle, le corps produit aussi des cellules mémoires. Il s’agit de globules blancs spécialisés qui retiennent comment ils doivent réagir face à une partie spécifique du virus. Si vous entrez en contact avec le virus après une vaccination, les cellules mémoires entrent en action et essaient d’éliminer le virus. Comme ce processus prend quelques jours, vous êtes alors bien contaminé(e) (infection de percée), mais vous ne serez la plupart du temps pas très malade, parce que votre système immunitaire est déjà entraîné contre ce virus grâce à la vaccination. Il en va de même en cas d’infection naturelle. Vous avez déjà été contaminé(e) par le passé, de sorte que vous avez produit des cellules mémoires. Si vous entrez à nouveau en contact avec le virus, il se peut que vous soyez contaminé(e) une deuxième fois (réinfection), mais, grâce aux cellules mémoires, vous ne serez probablement pas très malade.
Par conséquent, le rôle des cellules mémoires consiste surtout à empêcher la multiplication et la propagation du virus après que celui-ci a déjà envahi notre corps. Ces cellules sont donc essentiellement importantes à long terme : cette fois dans le cadre de la protection contre les formes graves de la COVID-19. Même si vous êtes à nouveau contaminé(e), il y a beaucoup moins de risques pour que vous tombiez gravement malade.
Pour de plus amples informations sur la façon dont fonctionne précisément la vaccination contre le coronavirus, veuillez consulter notre dossier relatif aux vaccins contre le coronavirus.
Vers le dossier vaccins contre le coronavirus
Quelles sont les différences en termes de réaction de défense entre l’infection naturelle et la vaccination ?
Nous savons que, tant après une contamination naturelle au coronavirus qu’après un vaccin contre le coronavirus, votre organisme réagit en produisant des anticorps et des cellules mémoires, comme expliqué ci-dessus. Cette réaction de défense après une infection naturelle et après une vaccination diffère cependant en ce qui concerne :
- La quantité d’anticorps produits :
La quantité d’anticorps produits varie tant en cas de contamination naturelle qu’en cas de vaccin contre le coronavirus. Cela dépend par exemple de l’âge de la personne et d’affections sous-jacentes. Lors d’une vaccination, tout le monde se voit administrer une même dose, mais en cas de contamination naturelle, la quantité de virus à laquelle une personne est exposée et la gravité des symptômes peuvent varier. Cela rend la production d’anticorps plus variable dans le cas d’une contamination naturelle que dans le cas d’une vaccination. C’est ainsi que les patients asymptomatiques ou ne présentant que des symptômes légers produisent moins d’anticorps, et que ces derniers disparaîtraient du sang plus rapidement que chez les patients souffrant d’une forme grave de la COVID-19. En moyenne, la quantité d’anticorps produits après une infection naturelle est inférieure à celle mesurée après l’administration d’un vaccin à ARN messager, mais supérieure à celle observée après l’administration d’un vaccin à vecteur.
- L’endroit où sont produits les anticorps :
En cas de contamination naturelle, le coronavirus pénètre dans le corps par les voies respiratoires. Des anticorps y sont alors produits localement. En cas de vaccination, vous recevez une injection dans le bras. Moins d’anticorps sont alors produits localement dans les voies respiratoires. C’est pourquoi votre corps réagira probablement plus rapidement en cas d’infection naturelle si le virus pénètre à nouveau dans le corps via les voies respiratoires. Cependant, d’autres types d’anticorps dans le sang sont également impliqués dans votre système immunitaire, et nous ne savons pas encore à quel point chaque type est important. Nous ne savons donc pas exactement si, dans la pratique, cela entraîne vraiment une différence de protection dans la pratique entre l’infection naturelle et la vaccination.
- Le nombre de protéines reconnues par les anticorps :
En cas de contamination naturelle au coronavirus, les anticorps ciblent différentes sortes de protéines du coronavirus. Les cellules mémoires retiennent les informations de toutes ces protéines, disséminées à travers tout le virus. Avec les vaccins actuels contre le coronavirus, les anticorps ciblent en revanche uniquement une protéine de picots spécifique aussi appelée protéine spike. Les cellules mémoires retiennent ici uniquement les informations relatives à la production de cette protéine. C'est pourquoi il se pourrait que vous soyez ainsi mieux protégé(e) contre certains variants du coronavirus après une infection naturelle que via la vaccination. Nous disposons cependant de trop peu de données tirées de la vie quotidienne pour pouvoir émettre des jugements fiables à ce sujet.
Cela signifie-t-il qu’il me suffit d’attendre d’être contaminé(e) au lieu de me faire vacciner ? Non, ce n’est pas une bonne idée, parce que cette stratégie est très hasardeuse. Le risque d’hospitalisation ou de décès est en effet bien réel, surtout si vous souffrez de certaines affections ou que vous êtes un peu plus âgé(e). En outre, il peut arriver qu’après une contamination au coronavirus, même légère, vous gardiez longtemps des séquelles de symptômes.
Pour tous les types de vaccins contre le coronavirus, la protection contre une contamination au coronavirus diminue avec le temps écoulé depuis la vaccination de base. Cela n'est pas tant dû à l'émergence de nouveaux variants (par exemple, delta, omikron) du virus qui sont beaucoup plus infectieuses que le virus original. En effet, même si l'on considère la période précédant l'émergence du variant delta, on constate une diminution de la protection importante contre l'infection dans le temps écoulé depuis la vaccination de base. Seul le point de départ, c'est-à-dire le degré de protection offert par un vaccin contre l'infection immédiatement après la vaccination de base, était clairement plus élevé avant l'apparition du variant delta qu'après son apparition. Avec le variant omicron, non seulement le point de départ semble être plus bas qu'avec le variant delta, mais la protection semble également diminuer plus rapidement avec le temps.
La protection qu’un vaccin à ARN messager offre après la vaccination de base est sensiblement plus élevée qu’avec les vaccins à vecteur. Même six mois environ après la deuxième injection d’un vaccin à ARN messager, vous êtes encore mieux protégé(e) contre l’infection qu’après la vaccination de base avec un vaccin à vecteur.
Il est cependant très difficile d’exprimer ces constatations en pourcentages exacts. La plupart des données proviennent d’observations tirées de la vie quotidienne, on y voit que le degré de protection varie en fonction du variant du virus qui domine (alpha, delta, etc.), des caractéristiques de population étudiée, etc. Les résultats d'études bien menées, à grande échelle, ne concernent pour le moment que les vaccins à ARN messager. On y compare les infections de percées entre les groupes de personnes vaccinées et non vaccinées. Ces résultats sont plus fiables que ceux provenant d’études de données tirées de la vie quotidienne.
Il ressort de ces études, réalisée avant l'émergence du variant delta, que la protection contre une infection au coronavirus quatre mois au moins après la vaccination de base avec le vaccin de Pfizer/BioNTech est passée de près de 96 % à 84 %. Avec le vaccin de Moderna, cette protection est restée supérieure à 90 %. Bien que l’on doive attendre des études similaires sur les vaccins à vecteur, il est clair que leur degré de protection immédiatement après la vaccination de base est significativement inférieur. Pour le vaccin de Johnson & Johnson surtout, il semble que la protection contre l’infection après une dose ne soit pas suffisamment élevée et que cette protection diminue également avec le temps qui s’écoule depuis la première vaccination.
Dans une étude de données tirées de la vie quotidienne aux États-Unis chez des personnes principalement âgées, la protection contre une infection au coronavirus chutait après 6 mois de 86 % à 13 %. La protection contre le décès baissait aussi beaucoup plus fortement qu’avec les vaccins à ARN messager. Dans d’autres études, cette chute du degré de protection contre une infection est cependant beaucoup moins spectaculaire et la protection contre une forme grave de la COVID-19 baisse à peine.
Bien que les résultats de l'étude ne soient pas encore concluants, il a été décidé dans notre pays d'inviter les personnes n'ayant reçu qu'une seule injection du vaccin Johnson & Johnson à recevoir une seconde injection du vaccin ARNm au moins deux mois après leur première injection.
Il n’existe pas actuellement de test simple et fiable pour vérifier si vous êtes ou non protégé contre une forme grave de la COVID-19. Les scientifiques étudient combien de temps vous restez protégé(e) contre une forme grave de la COVID-19 en mesurant combien de personnes au quotidien se retrouvent encore hospitalisées ou décèdent après une infection naturelle ou une vaccination. Ces études de données tirées de la vie quotidienne comportent toutefois toute une série de limites, il est donc difficile d’en tirer des conclusions.
La prise de mesure de la quantité d’anticorps contre le coronavirus dans votre sang à l’aide de (auto-)tests sérologiques présente généralement peu d’intérêt pour le consommateur. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les tests sérologiques ne font pas de distinction entre les différents types d’anticorps. Après une vaccination ou une infection naturelle, tous les types d’anticorps produits ne peuvent pas réellement désactiver efficacement le virus. Dès lors, si un tel test sérologique indique que vous avez des anticorps contre le coronavirus, cela ne veut pas automatiquement dire que ce sont les bons anticorps qui peuvent efficacement désactiver le virus. Ensuite, nous ne connaissons pas la quantité exacte d’anticorps nécessaire pour être suffisamment protégé. Enfin, les anticorps présents dans votre sang donnent davantage une indication sur la protection contre l’infection que sur la protection contre une forme grave de la COVID-19. Des mesures de la production de cellules mémoires donneraient une meilleure idée de la protection contre une forme grave de la COVID-19. Malheureusement, ces mesures sont beaucoup plus complexes, il n’est donc certainement pas réalisable de les effectuer à grande échelle.
L’absence d’une méthode de mesure simple ne facilite pas le travail des scientifiques qui étudient combien de temps dure la protection après une infection naturelle ou une vaccination, et à quel degré. C’est pourquoi ils se basent surtout sur des études qui examinent à quelle fréquence la contamination survient encore parmi les personnes entièrement vaccinées (une infection de percée) ou les personnes qui avaient déjà subi une infection au coronavirus (une réinfection). Une telle infection de percée ou réinfection peut indiquer une protection qui baisse après une certaine période, très probablement en raison d’une baisse de la quantité d’anticorps. Il peut être important de suivre ces paramètres parce que, en tant que société, nous voulons maintenir le nombre de personnes contaminées et la circulation du virus aussi bas que possible afin de restreindre autant que possible l’ampleur et l’impact de mesures de quarantaine et de congés maladies.
Le paramètre le plus pertinent tiré de la vie quotidienne est cependant la protection contre une forme grave de la COVID-19, à savoir le nombre de personnes souffrant de symptômes graves de la COVID-19, malgré une infection naturelle ou une vaccination complète. Ce paramètre est capital parce qu’il reflète l’objectif principal de la campagne de vaccination et de toutes les mesures prises contre le coronavirus : protéger la population contre une hospitalisation ou un décès. Les cellules mémoires semblent jouer un rôle essentiel dans ce type de protection.
De telles observations tirées de la vie quotidienne connaissent toutefois aussi certaines limites. Les données récoltées grâce au suivi de certains groupes dans la vie quotidienne sont en effet influencées par différents facteurs externes. Ainsi, une augmentation de réinfections ou d'infections de percées peut être due à une baisse de la protection au fil du temps, mais peut aussi être la conséquence d’un nouveau variant face auquel le système immunitaire est moins résistant. Les quatrième et cinquième vagues, avec une forte augmentation des infections, ne peuvent certainement pas être attribuées uniquement à la baisse du nombre d'anticorps dans notre sang. La montée en puissance des variants delta et omicron, l'assouplissement des mesures sanitaires et l'augmentation des contacts entre les personnes, maintenant que nous passons plus de temps à l'intérieur, jouent également un rôle important.
Pourquoi, à l'origine, un vaccin supplémentaire était destiné uniquement à certains groupes cibles ?
Au départ, une injection supplémentaire n'était proposée qu'à certains groupes cibles. En effet, dès le départ, la campagne de vaccination avait pour principal objectif de protéger contre les formes graves de la COVID-19. En effet, elles peuvent entraîner une hospitalisation, voire la mort, et ainsi surcharger notre système de soins de santé.
Il apparaît clairement que certains groupes cibles sont plus sensibles aux formes graves de la COVID-19, que les vaccins leur offrent une protection moindre contre les formes graves de la COVID-19 ou que cette protection diminue plus rapidement avec le temps. C'est pourquoi une dose supplémentaire avait d’abord été recommandée pour ces groupes. Il s’agit en l’occurrence :
• Des personnes atteintes de certains troubles immunitaires graves, comme les personnes atteintes de maladies inflammatoires traitées par immunosuppresseurs ou les personnes atteintes de cancers du sang ou d'autres tumeurs malignes qui sont ou ont été sous traitement actif au cours des trois dernières années.
Pour eux, une injection supplémentaire est utile pour obtenir une meilleure protection de base contre les infections et les formes graves de la COVID-19. Il n'y a aucun doute là-dessus. Le vaccin supplémentaire qu'ils ont reçu en septembre 2021 est considéré comme faisant partie de leur vaccination de base. En février 2022, ces personnes seront à nouveau invitées pour un rappel, qui servira à maintenir un niveau élevé de protection contre l'infection et les formes graves de la COVID-19.
• Des résidents des centres résidentiels de soins, des apparts-service, des centres de soins de jour, des maisons de soins pour personnes handicapées ou ayant des problèmes psychiatriques et des centres psychiatriques pour personnes âgées.
• De toutes les personnes âgées de 65 ans et plus
Pour les personnes en bonne santé de plus de 65 ans et les résidents des établissements de soins, une dose supplémentaire est particulièrement utile pour maintenir une protection élevée contre les infections et les formes graves de la COVID-19. En effet, la quantité d'anticorps diminue plus rapidement chez les personnes âgées que chez les jeunes, le risque d'infection augmentant donc plus rapidement. La protection contre les formes graves de la COVID-19 diminue également un peu plus rapidement chez les personnes de plus de 65 ans que chez les plus jeunes. En outre, ces groupes sont plus sensibles à une évolution sévère de la COVID-19 et ont déjà été gravement touchés plus tôt au cours de la pandémie. C'est pourquoi, à la fin du mois de septembre 2021, le gouvernement a décidé d’administrer un vaccin supplémentaire à ces groupes par mesure de précaution.
• Du personnel soignant
Pour le personnel soignant, un vaccin supplémentaire ne servait pas tant à les protéger contre les formes graves de la COVID-19 qu’à les protéger contre l'infection. S'ils sont moins infectés, il y a moins de risque qu'ils transmettent le virus à des patients vulnérables. Ce vaccin supplémentaire permettra également de réduire le nombre de travailleurs de la santé qui devront s'absenter ou être mis en quarantaine à cause de la COVID-19.
• De toutes les personnes (quel que soit leur âge) qui ont reçu une injection du vaccin Johnson & Johnson comme vaccin de base
Pour ceux qui ont reçu une vaccination de base avec le Johnson & Johnson, une injection supplémentaire servira à augmenter et à maintenir la protection contre l'infection et les formes graves de la COVID-19.
Pourquoi une dose vaccinale supplémentaire pour tout le monde ?
Pourquoi le Conseil supérieur de la santé et le gouvernement ont-ils changé leur fusil d'épaule entre fin octobre 2021 et fin novembre 2021 ? Car la quatrième vague a montré de manière douloureuse que les nombreuses infections, les congés maladie qui les accompagnent et les mesures de quarantaine ont également un impact considérable sur notre société. Pensez à la fermeture de classes ou d'écoles, à la suppression de certains services de transport public, etc. La protection contre l'infection et la transmission du virus est donc également devenue un objectif important de la campagne de vaccination, en plus de la protection contre les formes graves de la COVID-19. Ce dernier objectif devient de plus en plus important, car le variant omicron - le grand coupable de cette cinquième vague - semble être plus contagieux mais moins pathogène que le variant delta. Cependant, nous ne devons pas oublier que, même si seul un petit pourcentage de personnes infectées se retrouve à l'hôpital, un tsunami d'infections peut toujours entraîner une surcharge de notre système de soins de santé.
Dans le cas du variant omicron, les picots du virus, que le virus utilise pour pénétrer dans notre corps, ont été modifiés à de nombreux endroits par rapport au virus original. Cependant, les anticorps que nous avons dans le sang après avoir été vaccinés avec les vaccins actuels reconnaissent les picots du virus original. Les vaccins actuels protègent donc moins bien contre l'infection par le variant omicron que par le variant delta, ce qui a été confirmé par les premières études réalisées dans la vie quotidienne. De plus, la protection offerte par les vaccins actuels contre l'infection semble diminuer plus rapidement avec l'omicron qu'avec le delta.
Cependant, une injection supplémentaire booste cette protection. C'est ce que montre, par exemple, une étude du Royaume-Uni. La protection contre l'infection par omicron est passée de 65-70 % 2-4 semaines après la deuxième injection avec un vaccin à ARNm à environ 10 % après 20-24 semaines. Une injection supplémentaire avec un vaccin à ARNm a porté cette protection à environ 65 % 2 à 4 semaines après la troisième injection. La durée de cette protection doit être étudiée de manière plus détaillée mais il semble qu'elle diminue plus rapidement que dans le cas du variant delta. Dans l'étude susmentionnée, ce pourcentage est tombé à environ 40% à partir de 15 semaines après l'injection supplémentaire. Nous ne pouvons pas encore donner une réponse fiable à la question de savoir si d'autres vaccins seront nécessaires après le vaccin supplémentaire et si nous passerons à une injection anuelle contre le coronavirus, à l'instar du vaccin contre la grippe. En Israël, les premières études sont déjà en cours sur l'utilité éventuelle d'une quatrième injection. Toutefois, l'Organisation mondiale de la santé et l'Agence européenne des médicaments ont indiqué que continuer à administrer des injections supplémentaires à tous les adultes ne constitue pas une stratégie viable à long terme.
La bonne nouvelle c'est que cette injection supplémentaire semble également réduire le risque qu'une personne infectée transmette le virus à d'autres personnes. Les résultats préliminaires d'une étude danoise indiquent, par exemple, qu'une personne infectée qui a reçu une injection supplémentaire a environ 30 % moins de chances de transmettre le virus aux membres de sa famille qu'une personne infectée qui a été vaccinée mais n'a pas eu de rappel. Toutefois, la durée de cette protection doit également être étudiée de manière plus détaillée.
De plus, une injection supplémentaire assure également une meilleure protection contre les formes graves de la COVID-19. Dans l'étude britannique évoquée précédemment, par exemple, la protection contre l'hospitalisation due à l'omicron était passée de 70-75 % deux semaines après la vaccination de base avec un vaccin à ARNm à environ 30 % plus de six mois plus tard. Une injection supplémentaire a porté cette protection à environ 90 % deux semaines après la troisième injection. La durée pendant laquelle cette protection reste élevée doit être étudiée plus avant.
Maintenant que presque toutes les infections se produisent avec le variant omikron - qui est moins pathogène que les variants précédents - la protection supplémentaire contre les formes graves de la COVID-19 semble être particulièrement importante pour les personnes de plus de 65 ans. C'est ce que montrent les données de notre pays pour la période du 10 au 23 janvier 2022, au cours de laquelle omikron a été responsable de 97,8 % de toutes les infections. Ces données confirment que les personnes de plus de 65 ans ont le plus grand risque de se retrouver à l'hôpital. S'ils sont entièrement vaccinés, le risque diminue d'à peine 2 % par rapport à ceux qui ne sont pas vaccinés. En revanche, une injection supplémentaire réduit le risque de 76 % par rapport aux personnes non vaccinées. Chez les plus de 65 ans, la piqûre supplémentaire est donc particulièrement importante pour réduire leur risque d'hospitalisation. Dans le cas des 18-64 ans, le risque d'hospitalisation est en tout cas beaucoup plus faible. La vaccination de base réduit ce risque de 66 % par rapport aux personnes non vaccinées ; une injection supplémentaire n'a pratiquement aucun effet sur ce risque. Pour cette tranche d'âge, une injection supplémentaire est particulièrement importante pour réduire le risque d'infection : la vaccination de base réduit le risque de 22 %, mais ceux qui ont reçu une injection supplémentaire ont 62 % moins de chances d'être infectés que ceux qui n'ont pas été vaccinés.
La vaccination de base pour tous reste une priorité
Même si une injection supplémentaire pour tout le monde offre une protection supplémentaire contre les formes graves de la COVID-19, l'infection et la transmission du virus, nous ne devons pas oublier que l'augmentation de la couverture vaccinale - en d'autres termes, convaincre les adultes non vaccinés de se faire vacciner - reste la mesure la plus efficace dans la lutte contre les formes graves de la COVID-19. Environ 25-30% des hospitalisations et des admissions dans les unités de soins intensifs dans notre pays peuvent être attribuées à des personnes non vaccinées, bien que ce groupe ne représente que 10 % de la population adulte. Pour éviter une hospitalisation, force est de vacciner 50 personnes non vaccinées de plus de 65 ans, selon un calcul effectué aux États-Unis avant l'apparition du variant omicron. Toutefois, il faudrait administrer 481 injections supplémentaires aux personnes vaccinées âgées de plus de 65 ans pour obtenir le même résultat. Pour les plus jeunes, ce chiffre est beaucoup plus élevé. En outre, nous ne devons pas perdre de vue qu'il existe encore de nombreux pays dans le monde où les groupes vulnérables n'ont pas encore reçu la vaccination de base. Nous discuterons de cette question éthique ailleurs dans ce dossier.
Le vaccin modifié arrive trop tard
Si les vaccins actuels sont moins protecteurs contre le variant omicron, est-il plus sage d'attendre un vaccin adapté avant de procéder à une injection supplémentaire ? Non, car il est peu probable que de tels vaccins adaptés voient le jour dans un avenir proche. Les fabricants de vaccins y travaillent, mais le processus, y compris les études nécessaires, prendra au moins plusieurs mois. Comme le variant omicron se répand rapidement, ces vaccins modifiés arriveront de toute façon trop tard pour endiguer la cinquième vague.
Nous pouvons toutefois nous demander dans quelle mesure un vaccin adapté sera encore nécessaire par la suite, si une très grande partie de la population développe une immunité par le biais d'une infection naturelle par le variant omikron.
Bien qu’il y ait beaucoup de chances pour que vous soyez tout aussi bien protégé contre le coronavirus après une infection naturelle que les gens qui ont été vaccinés, la quantité d’anticorps que les personnes contaminées produisent après l’infection peut fortement varier selon les individus. Si vous contractez la COVID-19 sans symptômes ou avec de légers symptômes seulement, vous produisez alors moins d’anticorps. Ceux-ci disparaissent aussi plus rapidement de votre sang que dans le cas de quelqu’un qui développerait une forme grave de la COVID-19. En outre, nous ne savons pas avec certitude combien de temps vous restez protégé(e) après une infection naturelle et si les groupes à risque sont aussi bien protégés que les autres. C’est pourquoi il est conseillé de vous faire vacciner même après une infection naturelle au coronavirus.
En outre, une combinaison d’infection et de vaccination offre la meilleure protection possible contre le coronavirus. Plusieurs études de données tirées de la vie quotidienne montrent que cette combinaison d’infection et de vaccination réduit le risque de deuxième infection. Le vaccin donne en effet une sorte d’élan à votre système immunitaire, en termes de production à la fois d’anticorps et de cellules mémoires. La quantité d’anticorps produite après une infection et une dose d'un vaccin à ARN messager est plus élevée par rapport à quelqu’un qui aurait reçu deux doses d’un vaccin à ARN messager et qui n’aurait pas contracté la COVID-19. L’administration d’un deuxième vaccin après une infection naturelle et un premier vaccin à ARN messager ne semble pas entraîner d’impact supplémentaire ou en avoir peu sur la production d’anticorps ou de cellules mémoires. Si vous avez déjà été contaminé au coronavirus, vous pouvez davantage souffrir d’effets secondaires (bras douloureux à la hauteur de l’injection, maux de tête, fatigue, etc.) que les gens qui n’ont jamais été contaminés.
C’est de là que vient la stratégie actuellement appliquée par de nombreux pays d’Europe et qui consiste à ne vous vacciner qu’une seule fois après une contamination au coronavirus. En Belgique, le Conseil supérieur de la Santé a cependant recommandé avant l’été 2021 d’administrer malgré tout deux vaccins aux personnes qui avaient déjà été contaminées, quitte à être trop prudent. Nous estimons que ce n’est pas une bonne décision, car avec une autre stratégie, plusieurs doses auraient pu être épargnées et celles-ci auraient pu être données aux pays qui n’ont pas du tout de vaccins pour administrer la première injection à leurs groupes à risque.
Nous disposons malheureusement de moins de données relatives au degré et à la durée de la protection après une contamination naturelle qu’après une vaccination. Cela s’explique par le fait que les études relatives à la protection que vous développez après une infection naturelle se basent sur des observations de la vie quotidienne, et celles-ci ont certaines limites. Il y a en outre tout simplement moins d’études consacrées à ce sujet, entre autres parce que les autorités se concentrent surtout sur le suivi des gens vaccinés, et beaucuoup moins de celui des gens qui ont été contaminés naturellement.
Combien de temps suis-je protégé(e) après une contamination naturelle au coronavirus ?
Le suivi de la protection après une infection naturelle est limité dans le temps, il en résulte que nous disposons seulement de données relatives à une période de 10 mois. Par ailleurs, la protection contre une deuxième contamination au coronavirus semble assez stable : certaines études n’ont mis en évidence aucune preuve d'une diminution de la protection à mesure que le temps s’écoule depuis la première contamination. Il existe même une étude qui observe une très bonne protection jusqu’à un an après la contamination. Dans cette étude, la plupart des patients ont été gravement malades et ceux-ci ont en général une réponse immunitaire plus puissante et donc, une meilleure protection contre une nouvelle contamination. Nous disposons cependant de trop peu d’informations relatives à l’impact des variants, comme le variant delta et le variant omicron, sur la durée de la protection.Malgré ces études, le risque d’une nouvelle contamination peut effectivement augmenter au fil du temps. C’est plausible compte tenu de l’augmentation de la contamination après la vaccination (infections de percées) et de la production essentiellement similaire d’anticorps et de cellules mémoires après la contamination et/ou la vaccination.
Quand êtes-vous bien protégé(e) ?
La protection contre une deuxième contamination (réinfection), après une infection naturelle, est bien mais pas parfaite, comme c'est également le cas pour la protection après une vaccination. Selon les études, elle varie de 80 à 95 %. Si une réinfection survient malgré tout, les symptômes sont la plupart du temps plus légers ou il s’agit même d’une infection asymptomatique.Malheureusement, la plupart des études fournissent uniquement des informations sur la résistance que des adultes en bonne santé de moins de 60 ans développent contre le coronavirus. Nous ne savons pas exactement si la protection contre une réinfection est moins bonne parmi les gens souffrant d’affections sous-jacentes comme une pression sanguine élevée ou des affections pulmonaires. Il existe bien des indications que les personnes de plus de 65 ans soient moins bien protégées contre une nouvelle contamination au coronavirus, comme après une vaccination.
La plupart des études ont évalué la protection contre le coronavirus original et le variant alpha. Nous disposons donc de très peu d’informations qui nous indiqueraient dans quelle mesure la protection développée tient bon face aux nouveaux variants tels que le variant delta. Il semble que la protection contre une infection au variant delta soit moindre, et d'autant plus avec le variant omicron. Ce variant, tout comme les vaccins, semble contourner partiellement l'immunité construite pour les variants précédents.
Vous ne pouvez pas choisir le vaccin que vous recevez lors de votre vaccination supplémentaire. Comme les injections supplémentaires ne sont administrées qu'avec les vaccins à ARN messager, il se peut que vous receviez un vaccin différent de celui utilisé pour votre vaccination de base, mais ce n'est pas un problème. Toute personne qui reçoit une injection supplémentaire avec un vaccin différent de celui utilisé pour la vaccination de base sera au moins aussi bien, voire mieux, protégée que celles qui ont reçu le même vaccin. En outre, une injection supplémentaire avec un vaccin à ARNm après une vaccination de base avec un vaccin vectoriel stimule davantage la production d'anticorps que le scénario inverse.
Risques
Rien ne prouve à ce jour qu'une injection supplémentaire d'un vaccin différent de celui utilisé pour la vaccination de rappel poserait des problèmes de sécurité. Le profil des effets secondaires semble être similaire à celui de la vaccination de base, quel que soit le type de vaccin de base et de vaccin de rappel. Toutefois, les données sont à nouveau insuffisantes pour pouvoir se prononcer sur des effets secondaires rares ou des effets secondaires qui ne se manifestent qu'à long terme.
Grâce à des années d’expérience au niveau mondial avec toutes sortes de vaccinations, nous savons que notre système immunitaire n’est pas surchargé en cas de plusieurs vaccinations à court terme. Peu importe que des vaccins soient administrés simultanément ou séparément, notre corps sera tout aussi bien protégé. Les effets secondaires seront aussi similaires. C’est pourquoi, dans le schéma vaccinal de base, les jeunes enfants reçoivent déjà depuis des années plusieurs vaccins au même moment.
Vaccin contre le coronavirus et vaccin contre la grippe
En ce qui concerne les vaccins contre le coronavirus, nous n’avons pas encore beaucoup d’expérience en matière d’administration simultanée avec d’autres vaccins. Les résultats d’une étude menée au Royaume-Uni indiquent que l’administration simultanée d’un vaccin contre le coronavirus et d’un vaccin contre la grippe n’entraîne pas de diminution de la réaction du système immunitaire par rapport à une administration distincte. Le profil des effets secondaires était aussi similaire.
Sur la base de cette étude et de l’expérience acquise avec des vaccins autres que ceux contre le coronavirus, le Conseil supérieur de la Santé a décidé que les vaccins contre le coronavirus pouvaient être administrés sans tenir compte du timing d’autres vaccins, donc y compris en même temps qu’un autre vaccin. Cela vaut aussi bien pour le vaccin contre la grippe que pour d’autres sortes de vaccins, comme les vaccins pneumococciques, les vaccins tétaniques, etc. Cet avis a également été émis dans d’autres pays comme les États-Unis et la France. Si plusieurs vaccins sont administrés simultanément, ils doivent toutefois être injectés à un autre endroit dans le muscle ou dans différentes parties du corps. De manière générale, on recommande d’injecter le vaccin contre le coRonavirus dans le bras droit (Right en anglais), et le vaccin contre l’infLuenza dans le bras gauche (Left en anglais).
La recommandation qui préconisait au départ d’espacer de 14 jours au moins un vaccin contre le coronavirus et un autre vaccin n’est donc plus d’application. Ce conseil était uniquement une mesure de précaution afin de pouvoir distinguer les effets secondaires des vaccins contre le coronavirus − qui étaient à l’époque encore nouveaux − de ceux d’autres vaccins. Entre-temps, des milliards de gens ont déjà été vaccinés avec un vaccin contre le coronavirus, de sorte que nous connaissons désormais bien le profil des effets secondaires. C’est pourquoi l’intervalle de 2 semaines a été supprimé.
Vaccin contre le coronavirus et vaccinations de base chez les enfants et les adolescents
Chez les enfents et les adolescents qui doivent encore recevoir des vaccins du calendrier de vaccination de base (par exemple contre le papillomavirus humain, contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche), un vaccin contre le coronavirus peut aussi être administré en même temps qu’un tel vaccin. Il est toutefois important de savoir que les plus jeunes peuvent développer des effets secondaires plus violents que les plus âgés après la vaccination. S’il faut choisir entre un vaccin contre le coronavirus et un/d’autre(s) vaccin(s) du calendrier de vaccination de base, ces derniers ont priorité.
Un vaccin supplémentaire contre le coronavirus peut fournir une protection supplémentaire contre l'infection, la transmission du virus et les formes graves de COVID-19 pour certaines personnes. Cependant, une injection supplémentaire entraîne également des effets secondaires possibles. En général, la fréquence et la nature des effets secondaires après une troisième vaccination avec un vaccin à ARN messager ou une deuxième vaccination avec un vaccin de Johnson & Johnson sont comparables à celles observées après la vaccination de base avec le même vaccin. Il s’agit surtout d’effets secondaires liés à l’activation du système immunitaire, comme des douleurs à la hauteur du site d’injection, de la fatigue ou de la fièvre. Après l’injection supplémentaire avec un vaccin à ARN messager, on a plus souvent observé des glandes lymphatiques enflés que lors de la vaccination de base avec un tel vaccin. Des effets secondaires sont apparus plus souvent après une injection avec un vaccin de Moderna qu’après une injection avec un vaccin de Pfizer/BioNTech, tout comme lors de la vaccination de base. Les effets secondaires étaient la plupart du temps légers ou modérés et de courte durée.
Nous ne disposons cependant pas encore d’un suivi suffisant pour pouvoir nous prononcer sur des effets secondaires rares (comme une inflammation du péricarde ou du myocarde) ou des effets secondaires qui ne se manifesteraient qu’à long terme. Pour de plus amples informations sur les effets secondaires connus des vaccins contre le coronavirus actuellement approuvés, consultez notre dossier consacré aux vaccins contre le coronavirus.
Vers le dossier vaccins contre le coronavirus
Au cours de l'été 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé aux pays riches d’attendre avant d’entamer l’administration d’un vaccin supplémentaire. En repoussant celle-ci jusqu’à la fin de l’année 2021 au moins, on disposerait de davantage de vaccins pour les plus vulnérables ailleurs dans le monde qui n’avaient pas encore reçu de vaccination de base. Cela aurait permis d’augmenter le taux de vaccination mondial.
Cet appel était la énième tentative de l’OMS pour répartir les vaccins de manière (plus) équitable entre tous les pays, comme cela avait été initialement prévu au niveau international.
COVAX a été créé au printemps 2020, il s’agit d’une initiative commune de l’OMS et de quelques organisations internationales. Plus de 190 pays y ont pris part. Il était convenu d’acheter 2 milliards de vaccins d’ici fin 2021 et de les répartir entre les pays participants. Cela aurait suffi pour protéger dans chaque pays les principaux groupes à risque – selon les estimations un cinquième de la population mondiale. Alors que le stock nécessaire de vaccins était déjà disponible pour ce faire en mai 2021, celui-ci a été épuisé pour plus des trois quarts par dix pays à peine. Les pays riches avaient en outre commandé un volume de vaccins qui leur permet de vacciner complètement leur population, et ce plusieurs fois. Et, en ce qui concerne les laboratoires pharmaceutiques, ils semblent donner la priorité dans leurs conclusions de contrats et leurs livraisons à ces pays qui mettent le plus d’argent sur la table.
Lors de l’Assemblée mondiale de la santé – la réunion annuelle de l’OMS qui s’est tenue fin mai 2021 –, l’OMS a exhorté les États à faire don de vaccins le plus vite possible à COVAX, afin de rehausser ainsi les chiffres dramatiquement bas dans les pays plus pauvres. D’ici la fin septembre 2021, 10 % au moins de la population devait être entièrement vaccinée partout dans le monde, c’est ce qui avait été décidé. De très nombreux pays ont promis leur soutien, mais ils ont finalement malgré tout décidé d’utiliser les vaccins eux-mêmes. D’abord pour la vaccination des adolescents, qui courent eux-mêmes peu de risque de contracter des problèmes de santé graves. Ensuite pour administrer un vaccin supplémentaire à certains groupes à un moment où on ne savait pas encore avec certitude si cette mesure était opportune. Même maintenant que ce vaccin supplémentaire semble présenter des avantages pour certains groupes, le bénéfice global en termes de santé est inférieur à ce qu’il aurait été si ces vaccins avaient été administrés parmi des groupes à risque ailleurs dans le monde qui n’ont pas encore reçu de vaccin ou n’ont été que partiellement vaccinés. Début novembre 2021, on a administré par jour 6 fois plus de vaccins supplémentaires dans le monde que de premières ou de deuxièmes injections de la vaccination de base dans les pays à faibles revenus.
Par solidarité, faut-il refuser la dose supplémentaire de vaccin ?
Si vous choisissez de refuser votre vaccin supplémentaire, cela ne signifie pas automatiquement que votre vaccin aboutira dans des pays plus défavorisés. La démarche consistant à leur faire parvenir des vaccins relève en effet d’un choix politique et non individuel.
Pour de telles décisions, dans notre pays, les responsables politiques se sont laissé guider par les avis scientifiques du Conseil Supérieur de la Santé (CSS). Nous déplorons que leur recommandation en faveur d’une dose supplémentaire pour les différents groupes cibles ne mentionne aucun calcul de l’impact estimé de ce vaccin supplémentaire sur notre système de santé. De tels chiffres devraient en effet permettre d’objectiver ce que nous pouvons en attendre en termes de bénéfice pour la santé, par rapport au gain que ces vaccins pourraient représenter dans des pays pauvres.
Dans son avis, le CSS n’évoque en outre pas suffisamment les risques qu’implique ce « nationalisme du vaccin ». Plus le nombre de personnes contaminées augmente (au niveau mondial), plus il y a de risques que de nouveaux variants apparaissent, potentiellement plus contagieux, plus dangereux ou plus résistants aux vaccins. Les chercheurs ont calculé qu’une répartition plus équitable des vaccins constituait la meilleure manière de prévenir le développement de nouveaux variants. Il se pourrait donc bien que le choix de conserver le plus possible de vaccins pour sa propre population se retourne contre nous à la manière d’un boomerang.