Le dépistage du cancer du sein : avantages et inconvénients
Le dépistage du cancer du sein vise à sauver des vies. Mais il présente aussi certains risques et inconvénients, dont les femmes ne sont pas toujours conscientes.
Le dépistage du cancer du sein vise à sauver des vies. Cependant, il présente aussi certains risques et inconvénients, dont les femmes ne sont pas toujours conscientes.
Ce dossier présente plus d'informations à ce sujet, pour vous aider à vous former une idée plus réaliste de ce que l'on peut attendre du dépistage.
Nous abordons notamment les points suivants :
Quel est le risque de développer un cancer du sein ?
Quel est le risque d'en mourir ?
Combien de vies le dépistage peut-il sauver ?
Quels sont ses inconvénients et quelles sont ses limites ?

Le dépistage du cancer du sein vise à sauver des vies. Cependant, il présente aussi certains risques et inconvénients, dont les femmes ne sont pas toujours conscientes.
Ce dossier présente plus d'informations à ce sujet, pour vous aider à vous former une idée plus réaliste de ce que l'on peut attendre du dépistage.
Nous abordons notamment les points suivants :
Quel est le risque de développer un cancer du sein ?
Quel est le risque d'en mourir ?
Combien de vies le dépistage peut-il sauver ?
Quels sont ses inconvénients et quelles sont ses limites ?

Toute intervention médicale présente deux facettes : les bénéfices que l'on peut en retirer, mais également des risques et des inconvénients. Ceux-ci aussi doivent faire l'objet d'une information correcte, pour que les patients puissent décider en connaissance de cause s'ils souhaitent ou non subir l'intervention. C'est le principe du consentement éclairé. Un principe que l'on a tendance à perdre de vue quand il s'agit du dépistage de maladies.
Or, le dépistage s'adresse à des personnes sans symptômes, en bonne santé jusqu'à preuve du contraire. Leur présenter objectivement non seulement les avantages, mais également les risques auxquels le dépistage peut les exposer, est donc si possible encore plus important que pour d'autres interventions médicales. De ce point de vue, l'information actuellement fournie aux femmes invitées à participer au dépistage mammographique du cancer du sein laisse encore à désirer (2010-2011). Les lettres d'invitation et les brochures qui les accompagnent mettent unilatéralement l'accent sur les avantages et tendent à minimiser, voire à passer sous silence les limites, les inconvénients et les risques.
Pour pallier ces lacunes, nous vous proposons ici des informations complémentaires, qui vous aideront à mieux comprendre ce qu'est le dépistage, en quoi il peut être utile et quels sont ses inconvénients.
Le dépistage systématique bisannuel du cancer du sein organisé par les Communautés s'adresse aux femmes de 50 à 69 ans. Pour cette catégorie d'âge, il y a consensus pour dire que que les avantages du dépistage semblent l'emporter sur ses inconvénients.
Dépister une maladie, c'est examiner des personnes qui ne présentent pas de symptômes, pour voir si, peut-être, elles ont quand même la maladie en question. Le dépistage s'adresse donc à des personnes de prime abord en bonne santé.
En matière de dépistage du cancer du sein, le but est de détecter et de traiter un éventuel cancer à un stade précoce. Contrairement à une idée répandue, le dépistage ne vise pas à prévenir le cancer du sein. Cest simplement un outil de détection.
Depuis une dizaine d'année, en Belgique, les Communautés organisent un dépistage systématique.
Tous les deux ans, les femmes concernées se voient proposer une invitation pour un examen radiographique des seins (mammographie) dans un centre agréé.
Ce dépistage gratuit n'est actuellement offert qu'aux femmes de 50 à 69 ans. On estime que c'est dans cette tranche d'âge que le dépistage a le mieux démontré son utilité et que, pour ces femmes, les avantages l'emportent sur les inconvénients.
Sur base des données disponibles, il ne semble actuellement pas recommandable de proposer ce dépistage à des femmes plus jeunes. Avant 50 ans, la balance entre risques et bénéfices paraît plutôt négative, pour des raisons variées.
Quant à recommander le dépistage systématique au-delà de 70 ans, les données manquent pour affirmer que c'est vraiment utile (mais continuer passé 70 ans n'est pas interdit).
Précisons encore que le dépistage de 50 à 69 ans s'adresse à des femmes sans risque accru particulier. On peut envisager d'autres modalités pour des femmes appartenant à des catégories à risque élevé (par exemple en raison d'antécédents familiaux de cancer du sein à un âge jeune). Leur médecin proposera souvent de commencer des examens réguliers beaucoup plus tôt. Ces dépistages particuliers ont des risques et inconvénients qui leur sont propres, mais que nous ne pouvons développer ici.

Tous les deux ans, les femmes reçoivent une invitation pour un examen radiographique gratuit des seins.
Sur 100 femmes, environ 90 ne seront jamais confrontées à un diagnostic de cancer du sein.
On dit souvent qu'environ une femme sur 10 sera atteinte d'un cancer du sein, soit un risque de 10%. En d'autres termes : sur 100 femmes, environ 90 ne seront jamais confrontées à un diagnostic de cancer du sein.
Ce risque de 1 sur 10 correspond en fait au risque cumulé sur toute une vie, dans l'hypothèse d'une espérance de vie de 80 ans. Il semble plus réaliste de présenter le risque en fonction de l'âge que l'on a.
A 50 ans, le risque d'un diagnostic de cancer du sein dans les 10 ans peut être estimé à approximativement 2,38%. En d'autres termes : sur 100 femmes de 50 ans, 2 à 3 développeront un cancer du sein dans les 10 ans et 97 à 98 pas.
Si l'on a 60 ans, le risque peut être estimé à 3,45%. En d'autres termes : sur 100 femmes de 60 ans, 3 à 4 développeront un cancer du sein dans les 10 ans et 96 à 97 pas.


Le cancer du sein frappe environ une femme sur 10.
Autrement dit, 9 femmes sur 10 y échappent
Le cancer du sein fait toujours de nombreuses victimes, mais son diagnostic n'est pas synonyme d'un arrêt de mort. Même sans dépistage, la majorité des femmes chez qui l'on détecte un cancer peuvent être traitées efficacement.
Le risque de mourir suite à un diagnostic de cancer du sein a progressivement diminué ces vingt dernières années. Une des raisons est l'amélioration des traitements, mais le dépistage aussi a sans doute contribué à cette évolution favorable. Après un diagnostic de cancer du sein, on peut estimer les chances de survie à environ 75% (une moyenne statistique, qui ne renseigne bien sûr pas sur le pronostic réel de chaque cas individuel). En d'autres termes, sur 4 femmes confrontées à un diagnostic de cancer du sein, 3 pourront être traitées efficacement.

Les femmes qui développent un cancer du sein et risquent donc d'en mourir restent une relative minorité. Quand on passe en revue les causes de décès chez la femme, le cancer du sein vient finalement loin derrière les maladies cardiovasculaires. On peut estimer à environ 4% le risque cumulé sur toute une vie de mourir à cause du cancer du sein. En d'autres termes, environ 4 femmes sur 100 mourront d'un cancer du sein et 96 d'autre chose. Ce risque de 4% correspond au risque cumulé sur toute une vie. Comment les choses se présentent-elles en fonction de l'âge réel que l'on a ? Le tableau en donne une idée.

Autrement dit, sur 1000 femmes âgées de 50 ans, environ 8 mourront d'un cancer du sein dans les 10 ans et 992 pas. Sur 1000 femmes de 60 ans, environ 10 mourront d'un cancer du sein dans les 10 ans et 990 n'en mourront pas.

Un diagnostic de cancer du sein n'est pas synonyme d'un arrêt de mort.
Le dépistage tient un peu d'une loterie. La majorité des participantes n'y gagnent rien. La probabilité que vous soyez une des gagnantes est faible. Mais pour les quelques gagnantes, le gain est bien sûr énorme.
Participer au dépistage réduit le risque de mourir d'un cancer du sein. Toutefois, pour pouvoir évaluer l'intérêt réel du dépistage, il faut au moins savoir de combien il peut réduire ce risque. La réponse à cette question varie beaucoup selon les sources. Pour certains, le dépistage réduit la mortalité par cancer du sein de 30%, voire plus. D'autres avancent des réductions plus modestes, par exemple 15%, voire moins.
Mais que signifie vraiment une telle réduction du risque ? Cela dépend bien sûr du risque de base de mourir d'un cancer du sein. Une estimation qui semble réaliste pour la Belgique, pour les femmes ciblées par le dépistage, est que, sans dépistage, 1,9% d'entre-elles finiraient par mourir d'un cancer du sein. Supposons maintenant que le dépistage réduise ce risque de 22%, une hypothèse qui n'est ni trop optimiste ni trop pessimiste. Si l'on réduit de 22% un risque de base de 1,9%, on obtient un risque de 1,5%.
En d'autres termes, sans dépistage, sur 1000 femmes de plus de 50 ans, 19 finiraient par mourir d'un cancer du sein (1,9%). Avec dépistage, et si participation à chaque session bisannuelle, seulement 15 meurent (1,5%). Soit 4 vies sauvées par 1000 participantes...

On dit que "le dépistage permet de sauver des milliers de vies". A supposer qu'il puisse sauver 4 femmes par 1000 participantes, on arrive à 400 vies sauvées si 100 000 femmes participent. En tant qu'individu, la probabilité que vous soyez une des 99 600 femmes qui n'en retireront aucun bénéfice est évidemment plus élevée que la probabilité que vous soyez une des 400 femmes sauvées grâce au dépistage.
Le dépistage trouve non seulement les cancers dangereux, mais également un certain nombre de cancers qui ne se seraient sinon jamais manifestés.
On pense souvent que, si rien n'est fait, toute anomalie baptisée "cancer" va continuer à se développer pour finalement tuer son "hôte". Ce n'est pourtant pas toujours le cas : certains cancers ne vont pas progresser plus avant et rester dormants. En outre, certains évoluent assez lentement pour que finalement la personne décède d'autre chose.
Des lésions à l'évolution indécise
De nombreuses personnes meurent avec l'un ou l'autre cancer, mais pas à cause de ce cancer, qui ne s'est jamais manifesté. En ce qui concerne le cancer du sein, certains pensent que jusqu'à 14% des femmes pourraient avoir un cancer qui ne se manifestera jamais. D'autres arrivent à des estimations beaucoup plus basses... ou plus élevées. Mais personne ne conteste l'existence de ces cancers "non problématiques".
Cela concerne surtout un type particulier de lésions, les carcinomes canalaires in situ (CCIS), qui représenteraient actuellement au moins 20% des cancers détectés au dépistage. Pour certains scientifiques, les trois quarts de ces carcinomes canalaires in situ ne vont pas évoluer vers un cancer invasif potentiellement mortel, d'autres penchent plutôt pour la moitié. Le problème est que les médecins ne sont généralement pas en mesure de prédire l'évolution d'un CCIS trouvé au dépistage.
En pratique, tous sont donc traités. Le plus souvent par une opération qui sauvegarde au maximum l'intégrité du sein (tumorectomie), parfois par une ablation totale (mastectomie). La femme subira fréquemment aussi une radiothérapie, voire une chimiothérapie. Le traitement des carcinomes canalaires in situ est sans nul doute une bonne chose pour les femmes chez qui la lésion allait sinon connaître une évolution fatale, mais ne l'est pas pour les autres, qui sont traitées inutilement.
Surdiagnostic de cancers invasifs ?
Certains chercheurs évoquent même un surdiagnostic de cancers invasifs. C'est évidemment le cas s'il était écrit dans les étoiles que la femme devait de toute façon mourir d'autre chose, comme d'un infarctus ou d'un accident (ce que bien sûr nul ne saurait prédire). Mais il y a aussi des études qui suggèrent que certains cancers invasifs dépistés par mammographie peuvent régresser.
Peut-on chiffrer le nombre de cancers invasifs dépistés qui constituent des diagnostics en excès ? Les estimations sont extrêmement variables. Pour certains, cela n'existe pour ainsi dire pas. D'autres aboutissent à des conclusions pour le moins dérangeantes, avec des estimations comme quoi plus de 30% des cancers invasifs dépistés chez les femmes de 50 à 69 ans pourraient être surdiagnostiqués.

Certains "cancers" trouvés au dépistage ne se seraient sinon jamais manifestés.
Deux vies sauvées versus 1 diagnostic en excès... ou versus 20 ? Les estimations sont fort divergentes.
Même si le surdiagnostic est un réel problème, on ne doit pas perdre de vue qu'en contrepartie le dépistage permet de sauver des vies. Un programme de dépistage efficace, quel qu'il soit, est probablement impossible sans un certain nombre de diagnostics en excès. Toutefois, on aimerait savoir comment le nombre de diagnostics inutiles se rapporte au nombre de vies sauvées. Si la probabilité d'avoir la vie sauve grâce au dépistage était par exemple 100 fois plus grande que le risque de subir un diagnostic inutile, peu de gens y trouveraient à redire.
Qu'en est-il ?
Prenons d'abord une estimation optimiste. Selon le britannique Stephen Duffy, les bénéfices en termes de vies sauvées sont deux fois plus importants que les inconvénients en termes de surdiagnostic. Pour un diagnostic inutile, il y a selon lui deux femmes qui, grâce au dépistage, éviteront de mourir d'un cancer du sein. Une femme peut donc se dire ceci : "Si je participe au dépistage et si l'on trouve un cancer, la probabilité que cela me sauve la vie est deux fois plus grande que la probabilité qu'il s'agit d'un cancer qui ne m'aurait jamais causé de problèmes." Voilà pour les optimistes.
Que disent les pessimistes ? La branche norvégienne de la Cochrane Collaboration (organisation internationale qui analyse les effets des interventions de santé) estime que, pour une femme sauvée grâce au dépistage, il y en a dix qui sont diagnostiquées et traitées alors que ce n'était pas nécessaire. Dans cette hypothèse, pour une femme cela veut dire ceci : "Si je participe au dépistage et si l'on trouve un cancer, la probabilité qu'il s'agit d'un cancer qui ne m'aurait jamais causé de problèmes est dix fois plus grande que la probabilité que cela me sauve la vie."
Les invitations et les brochures relatives au dépistage suggèrent qu'il permet des traitements moins radicaux que si l'on avait attendu que le cancer soit diagnostiqué suite à l'apparition de symptômes. La réalité est un peu plus nuancée.
Il est exact qu'un certain nombre de femmes qui, sinon, auraient dû subir une ablation totale, peuvent, grâce au dépistage, être traitées par une opération moins mutilante.
Pourtant, le nombre absolu d'ablations totales du sein augmente avec le dépistage.
Comment est-ce possible ?
Plus on cherche, plus on trouve. On trouve donc également plus de lésions cancéreuses qui n'auraient sinon jamais causé de problèmes. Au Royaume-Uni, pour la période 1998-1999, on a détecté environ 1500 cas de carcinomes canalaires in situ. Ce nombre n'a fait qu'augmenter avec la généralisation du dépistage : près de 3 500 cas pour la période 2007-2008. Les CCIS sont le plus souvent traités par une opération préservant le sein (tumorectomie).
Mais de 1998 à 2008, le pourcentage de femmes avec un diagnostic de CCIS traitées par tumorectomie est resté plus ou moins constant, aux alentours de 70%. Comme le nombre total de CCIS découverts et traités à fortement augmenté, le nombre absolu de femmes traitées par mastectomie a donc logiquement également augmenté, passant en 10 ans de moins de 500 à plus de 900. Le constat est le même dans d'autres pays : même si la majorité des CCIS dépistés sont traités par une opération épargnant le sein, du fait que le dépistage en trouve de plus en plus, le nombre absolu de CCIS traités par une ablation totale augmente.
Paradoxalement donc, le dépistage semble en pratique déboucher sur un plus grand nombre d'ablations totales. Dont certaines probablement inutiles, tous les CCIS n'évoluant pas vers un cancer invasif dangereux.
Il existe un très faible risque de développer un cancer à cause des mammographies répétées. Toutefois, comparé au nombre de vies sauvée grâce au dépistage, ce risque peut sans doute être considéré comme négligeable.
La mammographie utilise des rayons X. Ceux-ci peuvent eux-mêmes entraîner des cancers. On peut donc se demander si les mammographies régulières ne sont pas dangereuses. La question est parfois abordée dans les informations officielles à l'attention des femmes invitées au dépistage.
Sur le site de la Communauté française (www.lemammotest.be- 2010) on trouve l'explication suivante :
"Les appareils modernes sont conçus de telle sorte qu'ils ne présentent pas - dans le cadre d'un usage habituel - de danger pour la santé. (...) il ne faut nullement vous inquiéter."
La brochure diffusée en Flandre ("Naar je borsten laten kijken? Zeker weten!" - 2010) n'est guère plus explicite. On y lit que le risque que les radiations provoquent un cancer du sein chez les femmes de 50 à 69 ans est très limité et que les avantages du dépistage sont bien plus importants.
Qu'en est-il ?
Plus on est jeune au moment d'entamer un dépistage, plus le risque augmente. Ce qui est une des raisons pourquoi il n'y a actuellement pas de recommandation officielle pour un dépistage avant l'âge de 50 ans.
En 2002, le Centre international de Recherche sur le Cancer calculait que les mammographies induiraient 1 à 5 décès par cancer du sein parmi 100 000 femmes participant au dépistage bisannuel à partir de 50 ans.
Selon une évaluation de 2005 du Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE), le chiffre serait plutôt de 1 à 1,5 décès par 100 000 femmes. Mais 1 ou 5, cela reste effectivement un risque très faible.
En outre, le risque d'un cancer induit par le dépistage doit être considéré par rapport au nombre de vies que l'on espère pouvoir sauver. L'estimation de ce rapport "nombre de vies sauvées versus nombre de cancers radio-induits" varie selon les auteurs.
Pour les plus optimistes, 1 cancer radio-induit est le prix à payer pour éviter à 700 femmes de mourir d'un cancer du sein. Pour d'autres, le nombre de vies sauvées est plus modeste : 50 femmes sauvées pour 1 cancer radio-induit. Mais, dans les deux cas, le risque reste très limité par rapport aux nombre de vies que l'on peut sauver en contrepartie.

L'irradiation due aux mammographies peut en théorie provoquer des cancers.
Un résultat faux positif engendre de l'anxiété, voire des problèmes psychologiques. Ceux-ci disparaissent le plus souvent une fois que les examens complémentaires révèlent que ce n'était qu'une fausse alerte. Mais le retentissement négatif sur la qualité de vie peut parfois perdurer plusieurs mois.
La mammographie peut donner des résultats dits faux positifs. Cela veut dire que les radiologues examinent l'image et disent : "Tiens, il y a là quelque chose de suspect", alors qu'en fait il ne s'agit pas d'un cancer.
La mammographie en tant que telle ne permet pas de déterminer si ce que l'on voit est ou non une lésion cancéreuse. Pour le savoir, il faut des examens complémentaires.
On estime que, si 100 femmes qui n'ont pas le cancer subissent pour la première fois une mammographie, environ 5 sont confrontées à un résultat faux positif. Ce risque diminue ensuite, car on dispose alors d'une mammographie de référence. Un risque inférieur à 5 sur 100 peut sembler faible. Cependant, il s'agit là du risque lors de chaque mammographie individuelle. Or, le dépistage signifie que l'on est examinée tous les deux ans, pendant 20 ans. Le "risque cumulé" de résultat faux positif est donc plus élevé. Selon les uns, 1 femme sur 5 sera un jour rappelée pour des examens complémentaires qui seront finalement rassurants, pour d'autres 1 femme sur 3.
Comme, parmi les femmes qui participent au dépistage, très peu ont un cancer, la majorité des mammographies de prime abord "positives" se révèlent finalement être des résultats faux positifs. On peut estimer que sur 10 femmes avec un résultat dit positif, seulement une à trois ont effectivement un cancer ("vrai positif").
Les autres sont inquiétées à tort et subissent des examens complémentaires inutiles.
Souvent, on peut se contenter d'examens non invasifs (palpation du sein, nouveaux clichés, échographie...), dans d'autres cas il faut prélever des cellules ou des tissus à l'intérieur du sein, pour les examiner au microscope. Il existe diverses méthodes de prélèvement : ponctions à l'aiguille fine, microbiopsies, macrobiopsies... Quoi qu'en disent certains, ces examens ne sont pas par définition toujours indolores. Ils peuvent aussi laisser une cicatrice, plus ou moins discrète selon le type de prélèvement pratiqué. En Belgique, en 2007, près de 1% des mammographies de dépistage ont été suivies d'une ponction ou d'une biopsie, dont environ la moitié se sont finalement révélées rassurantes.

Les résultats faux positifs entraînent des examens complémentaires inutiles.
Même après une mammographie rassurante, il faut voir un médecin si l'on note des signes pouvant suggérer la présence d'un éventuel cancer.
Il arrive que les radiologues ne voient rien d'anormal, alors qu'en réalité un cancer est présent. Il est alors question d'un résultat de test "faux négatif".
Puisque la mammographie rate certains cancers, des cancers peuvent toujours se manifester et être diagnostiqués après une mammographie rassurante. On parle de cancers d'intervalle (parce que se manifestant dans l'intervalle entre deux mammographies). Il est bien sûr également possible que le cancer n'était effectivement pas présent lors de la mammographie, mais a commencé à se développer peu après.
Les cancers ratés au dépistage et qui se manifestent avant la prochaine mammographie sont souvent des cancers agressifs à développement rapide. C'est un des paradoxes du dépistage : il trouve surtout des cancers à développement lent, d'un pronostic plus favorable, et rate surtout des cancers plus dangereux, à développement rapide.
Ces cancers d'intervalle ratés à la mammographie représenteraient de 10 à 25% des cancers diagnostiqués parmi les femmes qui participent au dépistage systématique. Pour les femmes concernées, la participation au dépistage n'a pas été utile.
Le principal risque d'une mammographie rassurante à tort est que, si une femme note des symptômes qui devraient l'inciter à voir un médecin, elle se dise : "Je viens d'avoir une mammographie. Il n'y avait rien. Je n'ai donc pas à m'inquiéter."
Même après une mammographie négative (c'est-à-dire de prime abord rassurante), il faut toujours voir un médecin si l'on note certains signes : nodule au niveau du sein ou des aisselles, écoulement de sang à partir du mamelon, rétraction du mamelon, modification de la taille du sein...
Dans certains cas, le diagnostic précoce ne change rien au pronostic. En d'autres termes : sans dépistage, le résultat, positif ou négatif, aurait été le même.
Le fait que l'on découvre un cancer à la mammographie ne change pas nécessairement toujours quelque chose au pronostic. Certaines femmes qui seront sauvées l'auraient également été si le cancer avait été découvert plus tard, suite à des symptômes.
D'autres mourront quand même, le cancer ayant été découvert trop tard, malgré les mammographies régulières. D'autres encore mourront de tout autre chose, par exemple d'un soudain infarctus.
Dans de tels cas, le résultat du dépistage est que la femme est confrontée plus tôt à un diagnostic de cancer du sein, sans que cela ne change rien au résultat.
Les optimistes estiment que, pour 1 femme sauvée grâce au dépistage, il y en a 5 pour qui le diagnostic précoce ne change rien à l'issue. Les plus pessimistes estiment que ce rapport est de 1 à 22.
Le fait que certaines femmes sont confrontées plus tôt à un diagnostic de cancer du sein, sans que cela modifie l'issue, est le plus souvent considéré comme un inconvénient du dépistage : la femme est transformée plus tôt en patiente cancéreuse, sans que cela lui confère un quelconque avantage en termes de santé.
Mais est-ce nécessairement toujours seulement négatif ?
On peut supposer que, parfois, cela permet de prendre plus tôt certaines décisions positives importantes, comme se réconcilier avec des personnes avec qui l'on était en froid depuis des années.
5 à 10% des cancers du sein sont dus à une mutation héréditaire. Le plus souvent, celle-ci porte sur les gènes BRCA1 et BRCA2. Leur mutation multiplie le risque de cancer du sein et des ovaires et augmente le risque d’autres cancers.
Environ 2 personnes sur 1000 seraient porteuses d’une mutation de l’un de ces gènes. Lorsque l’un de ses parents est porteur, l’enfant a une chance sur 2 d’en hériter.
Quel est le risque encouru?
En Europe, environ 1 femme sur 10 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie. Chez les porteuses d'une mutation d'un gène BRCA, plus de la moitié des femmes développeront un cancer du sein (60% si elles portent une mutation du BRCA1 et 50% si c’est une mutation du BRCA2).
Quant au risque "normal" de cancer ovarien, il est d’environ 1% seulement. Chez les femmes porteuses d'une mutation du gène BRCA2, le risque est de 15% et avec une mutation du gène BRCA1, il passe même à 45%. Or le cancer des ovaires est difficile à traiter et souvent mortel. Cinq ans après le diagnostic, plus de la moitié des patientes sont décédées.
À qui recommande-t-on le test?
Si une personne a plusieurs parents proches souffrant d’un cancer du sein, des ovaires ou des deux, sur plusieurs générations, et que ceux-ci ont souvent été diagnostiqués avant 50 ans, elle a un haut risque de cancer du sein et on recommande généralement un test génétique.
Si vous avez des raisons de penser que vous pourriez être porteuse d'une mutation génétique de type BRCA, consultez votre médecin pour en savoir plus. L’évaluation du risque individuel et de la nécessité ou non de passer un test génétique doit être assurée, en consultation, par un professionnel compétent, qui prodiguera un conseil approfondi et tiendra compte des préférences de la patiente. En Belgique, 8 centres de génétique sont officiellement reconnus (voir liste en fin de page).
En quoi consiste le test?
Les 8 centres génétiques reconnus se sont mis d'accord pour prélever un panel de 20 gènes. Ils recherchent en priorité les mutations BRCA, mais aussi 3 autres connues pour augmenter le risque de cancer du sein et des ovaires en cas de mutation : CHEK2, PALB2 et TP53. Les autres gènes sont conservés à disposition d’une recherche scientifique ultérieure.
Si quelqu'un consulte sans être atteint d’un cancer, on recommande qu’il demande à un membre de sa famille atteint de se présenter (le dépistage doit idéalement commencer par l’analyse d’une personne atteinte).
Réalisé dans l’un des centres officiels belges, le test coûte environ 1000 euros, mais le patient est presque totalement remboursé lorsqu’il est reconnu à haut risque.
Liste des centres de génétique de référence Belgique
1. Centre de Génétique Humaine, CHU LiègeDomaine universitaire du Sart Tilman Bât B35, 4000 Liège
Tel. : 04 242 52 52
Site internet
2. Centrum Medische Genetica - Universitair ziekenhuis Gent
Kliniek voor Kinderziekten “C Hoofdt”
De Pintelaan 185, 900 Gent
Tel.: 09 332 36 03
Site internet
3. Hôpital Erasme - Université Libre de Bruxelles
Service de Génétique Médicale
Route de Lennik 808, 1070 Bruxelles
Tel. : 02 555 64 30
Site internet
4. Centrum Medische Genetica - UZ Brussel
Laarbeeklaan 101, 1090 Brussel
Tel. : 02 477 60 71
Site internet
5. Cliniques universitaires Saint-Luc – Université catholique de Louvain
Avenue Hippocrate 10, 1200 Bruxelles
Tel. : 02 764 11 11
Site internet
6. Centrum Menselijke Erfelijkheid – KULeuven
Herestraat 49, 3000 Leuven
Tel. : 016 34 59 03
Site internet
7. Centrum Medische Genetica - Universiteit Antwerpen
Prins Boudewijnlaan 43 Bus 6
2650 Edegem tel. +32 3 275 97 74
Site internet
8. Institut de Pathologie et de Génétique
Avenue Georges Lemaître 25, 6041 Gosselies
Tel. : 071 47 30 47
Site internet