Allergie ou intolérance alimentaire ? Méfiez-vous des tests inutiles

Plus d’une personne sur dix pense être victime d’une intolérance alimentaire. Mais ce n’est pas parce que vous ne tolérez pas tel ou tel produit alimentaire que vous y êtes également allergique. Seuls trois pour cent des Belges souffriraient effectivement d’une allergie alimentaire. Plus d’explications avec notre experte santé, Katleen Dillen.
A quoi reconnaît-on une allergie ou une intolérance alimentaire ?
Si vous souffrez souvent de problèmes intestinaux comme des maux de ventre et de la diarrhée, mais aussi d’éruptions cutanées ou de démangeaisons après avoir consommé certains aliments, il est possible que vous soyez allergique. Mais ces symptômes peuvent tout aussi bien être ceux d’une intolérance alimentaire. Ils sont en effet similaires.
Les allergies peuvent provoquer des réactions très graves, parfois même mortelles : difficultés respiratoires, paupières, lèvres, langue et gorge gonflées, chute de la tension artérielle et perte de conscience. Les symptômes peuvent même apparaître après n’avoir consommé que de petites quantités de l’aliment en question, et aussi à court terme, après quelques minutes ou quelques heures seulement.
Les symptômes d’une intolérance alimentaire, souvent plus légers, n’apparaissent souvent qu’à partir de certaines quantités. Des maux de tête et une lassitude peuvent également être le signe d’une hypersensibilité à certains aliments. Si gênante qu’elle soit, une telle intolérance n’entraîne jamais de problèmes graves.
Quelles sont les causes de l’allergie et de l’intolérance ?
L’allergie alimentaire est une réaction anormale du système immunitaire à une substance déterminée présente dans un aliment. Le système immunitaire fabrique alors ce qu’on appelle des "anticorps IgE".
L’intolérance alimentaire est toutefois bien plus fréquente que l’allergie alimentaire. Le système immunitaire n’y joue aucun rôle, et il n’y a pas de fabrication d’anticorps.
Le problème se situe généralement dans le système digestif, qui ne digère pas bien, ou pas du tout, certains aliments. C’est pourquoi on parle aussi d’hypersensibilité à tel ou tel aliment. C’est dû à un manque de certaines enzymes ou protéines.
Quelles sont les allergies et intolérances les plus courantes ?
Les principales allergies sont celles aux noix, aux cacahuètes, aux œufs, au lait de vache, aux fruits et aux légumes, au blé, au poisson et aux crustacés. Comme ces allergies peuvent avoir de graves conséquences, les 14 principaux allergènes doivent figurer sur l’étiquette des produits alimentaires préemballés.
En savoir plus sur les allergènes
Les principales intolérances alimentaires sont l’intolérance au lactose (lait et produits laitiers) et l’intolérance au blé et au gluten (maladie cœliaque). Certaines personnes réagissent également à des additifs alimentaires comme des exhausseurs de goût, des conservateurs, des colorants, des parfums et des arômes.
Peut-on faire tester son allergie ou son intolérance à certains produits alimentaires ?
Pour diagnostiquer une allergie alimentaire, votre médecin généraliste vous posera d'abord beaucoup de questions. Sur la base de cette conversation, il déterminera si un examen complémentaire par un spécialiste est nécessaire. Les tests possibles comprennent la détection des anticorps IgE dans le sang, un test cutané (prick-test)ou un test de provocation, au cours duquel vous consommez l'aliment suspect en quantités croissantes sous surveillance médicale.
Il n’existe pas de test diagnostique pour établir une intolérance alimentaire, même si toutes sortes de sites web prétendent disposer de tels tests. Certains promettent ainsi de déterminer votre intolérance à des centaines de substances à partir d’un seul de vos cheveux (avec sa racine, tout de même). Mais l’utilité de ces tests n’est pas établie.
Il se vend aussi toutes sortes d’analyses sanguines pour rechercher des anticorps IgE, mais cela non plus n’est pas la preuve d’une allergie ou d’une intolérance.
La Conseil supérieur de la santé a récemment adressé une mise en garde contre ces tests inutiles. L’interprétation de leurs résultats est en effet loin d’être simple, et n’est en outre que rarement le fait d’un médecin spécialiste. De plus, ces tests controversés sont souvent chers. Il ne vaut mieux pas y consacrer de l’argent ou de l’attention.
Y a-t-il quand même quelque chose à faire ?
Pour déterminer si vos problèmes sont oui ou non la conséquence d’une intolérance, vous pouvez tenir un journal où vous notez également les quantités consommées. Vous pouvez ensuite le présenter à votre médecin. Si nécessaire, celui-ci vous soumettra à un test d’éviction, comme un régime faible en FODMAP.
Dans une première phase d’éviction, on élimine du menu tous les ingrédients potentiellement problématiques. Après quelques semaines, ces ingrédients sont lentement réintroduits un par un, pour qu’on sache clairement si certains aliments déclenchent les problèmes.
Y a-t-il un traitement contre l’allergie ou l’intolérance alimentaire ?
Ni l’allergie alimentaire, ni l’intolérance alimentaire ne se guérissent avec des médicaments. Quand on connaît la substance qui déclenche leurs symptômes, il n’y a dès lors d’autre solution que de bannir complètement l’allergène de son alimentation. En pratique, cela signifie souvent : éplucher les étiquettes.
La réglementation européenne impose de mentionner les 14 principaux allergènes dans la liste des ingrédients de tous les produits alimentaires préemballés. Ces substances doivent être présentées dans un autre caractère, un autre style ou une autre couleur, pour être mieux remarquées.
L’allergie ou l’intolérance alimentaire est-elle dangereuse ?
Si une intolérance alimentaire n’est pas dangereuse, une allergie alimentaire peut par contre fort bien l’être. Il est dès lors important d’éliminer définitivement l’aliment problématique de l’alimentation des patients avec une allergie alimentaire prouvée (et suffisamment grave).
Ces sujets se voient généralement prescrire un médicament d’urgence. Ces cachets anti-allergiques et/ou stylo à adrénaline doivent être utilisés quand le patient entre inopinément en contact avec le produit alimentaire qui déclenche une réaction chez lui.