Gare aux pièges du crédit

Face à l’inflation galopante et aux factures d’énergie délirantes, vous êtes peut-être tenté de faire appel à l'un ou l'autre emprunt pour joindre les deux bouts. Voici quelques pièges à éviter en matière de crédit à la consommation.
Introduction
C’est la crise, tout le monde le sait. L’inflation est au plus haut, le coût de la vie augmente de jour en jour, les revenus ne suivent pas toujours, sans parler du montant exorbitant de nos factures d’énergie.
La tentation est grande de faire appel au crédit pour joindre les deux bouts mais c’est rarement une bonne idée et ça finira toujours par vous coûter plus d’argent. Voici en tout cas cinq pièges à éviter:
- Utiliser une ouverture de crédit. Cette forme de crédit est l’une des plus chères sur le marché et risque de mener au surendettement.
- Regrouper plusieurs crédits en un seul. Cette solution revient beaucoup plus cher que de poursuivre le remboursement de chaque emprunt séparément.
- Répondre à une offre de crédit sur les réseaux sociaux. Ces offres sont de pures arnaques et sont donc à fuir comme la peste.
- Opter pour la formule «Buy now pay later» de, entre autres, Klarna. En dissociant l’impulsion de l’achat de l’obligation de le payer, cette formule incite vite à dépenser davantage que ce que l’on peut se permettre.
- Souscrire un crédit ballon lors de l’achat d’une voiture. Cette forme de crédit est trop risquée pour ceux dont le budget est serré.
Que faire si vous avez du mal à payer vos factures ?
Nous avons publié au plus fort de la crise énergétique différents conseils spécifiques pour ceux qui ont ou avaient du mal à payer leurs factures d’énergie, les mensualités de leur prêt hypothécaire ou leurs factures en général.
De manière générale, le mot d’ordre est de contacter avant tout le créancier (fournisseur d’énergie, télécom, fisc, prêteur…) avant la date-limite de paiement pour expliquer vos difficultés et essayer de négocier une solution, comme un paiement différé ou un plan d’échelonnement.
Avant de recourir à une forme de crédit citée dans ce dossier, voyez si vous ne pouvez pas trouver d’autres solutions. Solliciter votre épargne, par exemple. L’argent qui dort sur un compte d’épargne ne rapporte rien et se dévalue même avec la forte inflation. Il est inutile d’avoir plus de réserve que l’épargne de précaution conseillée (de 3 à 6 mois de revenus).
Par contre, si vous n’avez aucune épargne et que le total de vos remboursements mensuels, notamment la mensualité de votre prêt hypothécaire, est devenu trop important, essayez d’obtenir un report de paiement du capital durant quelques mois. Si cela ne suffit pas, rallonger la durée du prêt hypothécaire pour diminuer le montant des mensualités peut être une solution. Cela vous coûtera plus cher au final mais c’est parfois le prix à payer pour ne pas être étranglé financièrement pendant des années.
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’une réserve d’argent dans laquelle vous pouvez puiser en cas de besoin. Elle peut aller de 1250 à 5000 €, voire plus. Elle peut être liée au compte à vue ou à la carte de crédit.
Lorsqu’elle est liée à un compte à vue, l'ouverture de crédit - aussi appelée ligne de crédit - vous permet de descendre sous zéro. Vous pouvez donc dépenser de l’argent que vous n’avez pas.
Liée à une carte de crédit, l’ouverture de crédit vous permet de ne pas payer la totalité des montants dépensés en fin de mois. Vous ne devez en rembourser de mois en mois qu’une petite partie.
Dans les deux cas, vous voilà endetté.
Pourquoi est-ce à éviter ?
Vous ne devez généralement rembourser qu’un (petit) montant chaque mois. Le contrat oblige ainsi souvent à rembourser un pourcentage déterminé du crédit que vous avez utilisé, mais avec un montant minimum, de 25 € par exemple. Le prêteur vous propose souvent de le faire par domiciliation. De ce fait, le remboursement est automatiquement limité à ce minimum (sauf si vous prenez vous-même l’initiative de rembourser plus). Mais, de la sorte, il peut se passer des années avant que vous ayez apuré votre dette.
Ce que vous ne remboursez pas génère évidemment des intérêts à payer. Et cette forme de crédit est l’une des plus chères sur le marché. Pour une ouverture de crédit liée à une carte, le TAEG (taux annuel effectif global) peut aller jusqu’à 15,50 %.
L’ouverture de crédit peut aussi vous être proposée à l’occasion d’un achat à crédit important en magasin (une télé ou une machine à laver, par exemple). Plutôt que de vous proposer une "vente à tempérament" (vous payez la machine à laver en plusieurs mensualités dont le montant fixe comprend capital et intérêts), on vous propose une carte de magasin et une ouverture de crédit de 1500 € par exemple : en plus des 750 € de la machine à laver, vous pouvez donc encore dépenser 750 € pour "vous faire plaisir" dans le magasin. Sauf que vous finissez par payer 10% d’intérêt ou plus sur vos légumes.
Mais il n’y a pas que le taux d’intérêt qui pose problème. Le danger est aussi que vous risquez de tomber dans un endettement structurel. Mettons par exemple que votre acompte mensuel d’énergie ait fort augmenté et que vous ayez du mal à le payer. Si vous puisez chaque fois dans votre ligne de crédit pour ce faire, vous n’arriverez plus à rembourser la ligne de crédit. Et vous continuerez à payer 15,50% d’intérêts.
Autre inconvénient majeur : s’il s’agit d’une ouverture de crédit sans date de fin, comme pour la plupart des contrats, ou d’une ouverture de crédit sur plus de cinq ans, la ligne de crédit doit être remise à zéro de temps à autre. En d’autres termes, vous devez avoir complètement remboursé votre dette à une date déterminée. C’est ce qu’on appelle le "zérotage". Certains consommateurs ne sont pas attentifs à cette échéance et, le jour où ils n’ont pas les moyens de rembourser en une fois leur dette, ils contractent rapidement un nouveau crédit pour échapper aux problèmes liés au non-respect du zérotage. Cela aussi contribue à pousser des gens dans la spirale de l’endettement.
Les conséquences du non-respect des règles liées à une ouverture de crédit peuvent être très sérieuses
- L’ouverture de crédit est bloquée et vous n’obtenez plus un cent.
- Vous êtes prié de rembourser en une fois la dette en cours.
- D’autres montants vous sont encore facturés : une pénalité et des intérêts de retard.
- Vous êtes enregistré dans la liste des mauvais payeurs auprès de la Centrale de Crédits aux Particuliers, ce qui sera un sérieux obstacle à l’obtention d’un nouveau crédit où que ce soit.
Plus d’info sur les ouvertures de crédit dans notre dossier consacré à ce type de crédit.
Vous avez peut-être plusieurs crédits en cours : maison, voiture, ouverture de crédit… En principe, avant de vous accorder ces différents crédits, le prêteur a dû vérifier si vos revenus étaient suffisants pour que vous puissiez les rembourser. Mais une perte d’emploi, le toit de la maison qui doit absolument être réparé, un accident de voiture en tort, tout cela peut suffire à mettre vos finances sérieusement en péril. Et quand vous n’arrivez plus à faire face à plusieurs crédits différents, il est fréquent qu’on vous propose un regroupement de crédit.
De quoi s’agit-il ?
Plutôt que de rembourser p. ex. 1530 € pendant encore 15 ans pour votre emprunt hypothécaire, 428 € pour votre prêt auto et 100 € pour votre ouverture de crédit, soit 2 058 € par mois, on vous propose une seule mensualité de 1 675 €. Comment? en regroupant tous vos crédits en un seul crédit hypothécaire sur 20 ans.
Pourquoi est-ce à éviter ?
Rembourser 1 675 € plutôt que 2 058 € chaque mois, voilà qui paraît bien séduisant. Mais en fait ce n’est pas du tout intéressant. D’abord parce que les taux d’intérêt sont à la hausse. Ensuite parce que le crédit auto que vous auriez remboursé en 4 ans, vous allez l’apurer seulement en 20 ans, ce qui signifie 16 ans d’intérêt en plus! Votre maison ne sera pas payée dans 15 ans mais dans 20 ans. Là aussi, 5 années d’intérêts en plus.
Et ce n’est pas tout. Techniquement, vous aurez contracté un nouvel emprunt qui aura servi à rembourser les emprunts existants. Or, le remboursement anticipé d’un emprunt engendre des frais (indemnité de remploi). Et comme il s’agit d’un nouvel emprunt hypothécaire, vous paierez aussi des frais de dossier, de notaire, une nouvelle inscription hypothécaire, la radiation de l’ancienne...
Bref, dans notre exemple, le regroupement de crédit coûtera quelque 100 000 € de plus que si vous continuez à rembourser les différents prêts séparément.
Si vous avez un besoin d’argent urgent et impérieux, vous commencerez sans doute par vous adresser à votre banque pour obtenir un crédit à la consommation qui prendra la forme d’un crédit auto pour acheter une voiture, d’un crédit rénovation pour faire des travaux ou encore d’un prêt personnel si vous empruntez sans raison définie. Avant de vous accorder le crédit, le prêteur a l’obligation de vérifier votre capacité de remboursement. L’adage «on ne prête qu’aux riches» a ceci de vrai qu’un prêteur sérieux ne vous prêtera de l’argent que s’il est sûr que vous pourrez le rembourser. L’adage "on ne prête qu’aux riches" a ceci de vrai qu’un prêteur sérieux ne vous prêtera de l’argent que s’il est sûr que vous pourrez le rembourser.
De quoi s’agit-il ?
Les réseaux sociaux pullulent d’annonces pour des crédits faciles à obtenir: "crédit en 24 h", "crédit sans justificatif", "crédit facile et rapide", etc. Des offres qui s’adressent clairement aux personnes qui auraient du mal à emprunter de l’argent par la voie classique.
Pourquoi est-ce à éviter ?
Au mieux, vous obtiendrez un crédit à un taux désavantageux, au pire vous tomberez sur de vrais escrocs qui, au lieu de vous prêter de l’argent, vous en feront perdre.
L’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) met régulièrement le public en garde contre les activités de prêteurs non agréés proposant de faux crédits aux consommateurs. La loi prévoit en effet que tout prêteur en Belgique doit être agréé par la FSMA; celle-ci publie leur liste sur son site.
N’empruntez jamais auprès d’un prêteur non agréé. Ces escrocs promettent des crédits à des conditions très avantageuses sans vérifier si l’emprunteur est un mauvais payeur ou s’il a déjà contracté d’autres emprunts. Si vous donnez suite à son offre, l’escroc vous demandera généralement de lui verser un certain montant qu’il justifie comme étant des frais de dossier ou une assurance quelconque. Et devinez quoi? Une fois cette somme versée, le faux prêteur disparaît dans la nature et vous voilà avec encore plus d’ennuis qu’auparavant.
Bref, retenez toujours qu’une offre de crédit trop belle pour être vraie (montant très élevé au regard de votre situation financière, taux d’intérêts extrêmement faible, durée de remboursement exceptionnellement longue, etc.)… n’est pas vraie. En cas de doute, tapez le nom du prétendu prêteur dans les moteurs de recherche usuels. Cela vous permettra peut-être de découvrir des témoignages de personnes déjà approchées. Restez cependant vigilants car il s’agit parfois de témoignages faussement positifs susceptibles d’émaner du prêteur lui-même pour gagner la confiance des consommateurs.
De quoi s’agit-il ?
Au moment de faire un achat online, vous ne payez pas tout de suite (vous pouvez le faire mais vous n’êtes pas obligé). Vous pouvez différer le paiement durant maximum 30 jours (Klarna) ou 60 jours (KBC-CBC). Et cela, gratuitement.
L’intérêt est que vous pouvez attendre de recevoir votre commande avant de la payer. Et que si vous décidez de retourner l’article, vous ne devez pas attendre le remboursement: votre obligation de paiement sera suspendue et même annulée si le commerçant confirme le retour du produit et annule le paiement. C’est en tout cas ce que Klarna promet. Jusque-là, ça semble plutôt intéressant.
Pourquoi est-ce à éviter ?
Le danger de cette formule est qu’elle dissocie l’impulsion de l’achat de l’obligation de le payer: j’ai envie, je commande, et on verra bien plus tard comment payer. Sauf que si on ne paie pas après 30 jours, il y aura un premier rappel (gratuit), puis un deuxième rappel qui sera facturé entre 2 et 13 € selon le montant du paiement en retard, et un troisième rappel facturé entre 4 et 17 €. Ainsi, pour un achat de 60 €, les 3 rappels vous coûteront 17 €. Et si vous ne payez toujours pas, Klarna peut vous réclamer un intérêt de retard de 12 % l’an et une indemnité forfaitaire de 15 % du montant de la facture, avec un minimum de 40 € par facture. Pour cet achat de 60 €, les frais se montent donc déjà à 57 €, sans compter les intérêts de retard.
Et comme Klarna s’adresse essentiellement à un public jeune (en principe, il faut avoir 18 ans, mais bon…) qui n’a pas forcément encore des revenus très stables, le risque est réel de dépenser plus qu’on ne devrait se le permettre.
D’une manière générale, le crédit auto est un crédit à la consommation qui est peu cher. Mais le montant emprunté est parfois élevé et une mensualité de 650 € pour une voiture d’environ 30 000 €, c’est trop pour de nombreux budgets. Le concessionnaire propose dès lors parfois une autre formule de crédit à la consommation: un crédit ballon.
De quoi s’agit-il ?
Vous payez des mensualités beaucoup moins élevées mais vous devez payer un gros montant (le "ballon") à la fin du contrat. Par exemple, pour cette même voiture de 30000 €, vous payez un acompte de 20 % (vous devez donc déjà disposer de 6 000 €), puis vous payez chaque mois uniquement les intérêts et une partie du capital emprunté (45 % dans notre exemple) et, au bout des 4 ans, vous payez le ballon, soit 35 % du prix de la voiture, ce qui fait tout de même 10 500 €.
Pourquoi est-ce à éviter ?
Si vous n’êtes pas en mesure de payer le ballon en une fois, vous pourrez généralement revendre le véhicule au concessionnaire, mais vous voilà alors sans voiture. Pire encore, si la voiture n’est pas en excellent état ou si vous avez dépassé le kilométrage fixé dans le contrat, vous ne pourrez même pas rendre le véhicule: vous serez obligé d’acquitter le ballon, pour lequel vous serez peut-être obligé d’emprunter. Et là, le taux d’intérêt risque d’être autrement plus élevé.
Le crédit ballon est donc clairement une formule risquée, trop risquée si vous avez un budget serré.