Harcèlement, contenus explicites, addiction... La protection des mineurs sur Internet est-elle suffisante?
Harcèlement, contenus violents ou à caractère sexuel, addiction, anxiété,... Les dangers d'Internet et des réseaux sociaux pour les mineurs sont nombreux. Sont-ils suffisamment protégés ? Qu'en pensent les ados ? Nous avons mené l'enquête et organisé une table ronde sur le sujet pour le savoir.
Sur cette page
- Notre enquête sur la protection des mineurs en ligne
- Quels sont les réseaux sociaux les plus utilisés par les ados en Belgique?
- Les influenceurs pèsent fortement sur le comportement des ados
- Les ados sont-ils conscients des risques sur Internet et les réseaux sociaux?
- Que savent les ados des régulations qui les protègent?
- Notre table ronde sur la protection des mineurs en ligne
Notre enquête sur la protection des mineurs en ligne
Les enfants naissent quasiment avec un téléphone dans les mains. Les écrans sont aujourd'hui omniprésents dans nos vies, et les enfants sont actifs en ligne de plus en plus tôt. Mais ils ne sont pas toujours conscients des risques qu'ils encourent et des dangers que représente Internet.
Pour évaluer la situation, nous avons interrogé près de 650 adolescents âgés de 12 à 17 ans. L'objectif était de mieux comprendre leur utilisation d'Internet et des réseaux sociaux, leurs comportements et leurs connaissances en matière de régulation. Ces résultats ont été mis en perspective par notre grande table ronde sur la protection des mineurs en ligne.
Combien de temps les ados passent-ils sur Internet ?
Un premier constat concerne le temps passé en ligne. Les répondants passent en moyenne plus de 3 heures par jour sur Internet. Et un répondant sur cinq (21 %) y passe même plus de 4 heures par jour.

Un constat inquiétant, d'autant plus que 53 % des ados estiment que leurs notes à l'école baissent à cause du temps qu'ils passent sur Internet. D'autres effets sont visibles au niveau de leur bien-être :
- 59 % des ados se rendent sur les réseaux sociaux dès qu'ils en ont l'opportunité.
- 44 % s'ennuient s'ils ne peuvent pas y avoir accès.
- 37 % ressentent de l'anxiété s'ils ne reçoivent pas de notification ou des messages pendant une période prolongée.
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Quels sont les réseaux sociaux les plus utilisés par les ados en Belgique?
La quasi-totalité des participants confirme avoir utilisé au moins un réseau social ou plateforme durant les douze derniers mois. La grande majorité des ados belges (80 %) utilisent au moins quatre plateformes différentes. En tête des plus populaires, on retrouve WhatsApp (94 %), YouTube (89 %) et Instagram (84 %). Elles sont suivies par Snapchat (65 %), Facebook (63 %) et TikTok (47 %).
Fait notable, beaucoup de répondants ont commencé à utiliser ces différents réseaux avant l'âge de 13 ans, l'âge minimum actuellement requis.
Vers le haut de la pageLes influenceurs pèsent fortement sur le comportement des ados
En ce qui concerne les influenceurs, on peut dire qu'ils n'ont jamais aussi bien porté leur nom puisqu'ils... influencent fortement les comportements des adolescents :
- 7 adolescents belges sur 10 (71 %) suivent plusieurs influenceurs sur les réseaux sociaux.
- 7 adolescents belges sur 10 (69 %) qui suivent un influenceur ont déjà acheté un produit ou un service à la suite de leurs recommandations.
Une part minoritaire seulement (38 %) se dit capable de reconnaitre les contenus sponsorisés sur base (très) régulière. Il en va de même pour d'autres catégories de contenus :
- seuls 44 % disent pouvoir reconnaitre régulièrement des fausses photos.
- seuls 43 % disent pouvoir reconnaitre régulièrement des fausses vidéos.
- seuls 42 % disent pouvoir reconnaitre régulièrement des fausses informations.
- seuls 39 % disent pouvoir reconnaitre régulièrement des faux textes.
Les adolescents ont-ils conscience de la présence des algorithmes ?
Quant aux algorithmes, véritables influenceurs invisibles, leur présence est perçue de manière moins marquée.
Vers le haut de la pageLes ados sont-ils conscients des risques sur Internet et les réseaux sociaux?
Plus de la moitié des ados (55 %) se disent bien informés sur les risques liés à leurs activités en ligne et comment s'en protéger (56 %). Cela étant, 17 % des répondants indiquent qu'ils ne sauraient pas comment réagir s'ils étaient la victime de cyberharcèlement.
La nouvelle génération semble également plutôt prudente, puisque 93 % disent faire attention aux contenus qu'ils partagent en ligne. Notons aussi que 87 % des répondants vérifient l'identité des personnes qui souhaitent les suivre, 68 % adaptent les paramètres de confidentialité de leurs applications.
Les parents protègent-ils leurs ados sur Internet ?
Les parents ont évidemment un rôle capital à jouer au niveau de l'information et de la prévention.
À ce titre, 89 % des ados interrogés indiquent que les parents leur imposent des règles ou des restrictions afin de réguler leurs activités en ligne, et notamment :
- contrôle du profil ou des contenus publiés (41 %) ;
- besoin de demander la permission pour acheter un produit/installer une appli (35 %) ;
- temps d'écran limité (33 %) ;
- régler les paramètres de confidentialité (33 %) ;
- interdiction d'utiliser certaines apps/plateformes (28 %).

Malgré tout, 16 % des adolescents reconnaissent utiliser des outils ou des stratégies qui leur permettent de contourner ces restrictions.
Quels sont les dangers auxquels les ados s'exposent sur le web ?
Sur l'année écoulée, 54 % des répondants ont fait face à au moins une menace potentielle. Si les ados vivants dans les grands centres urbains sont plus exposés, ceux qui mettent en place certaines stratégies pour se protéger font face à moins de menaces.
Vers le haut de la pageQue savent les ados des régulations qui les protègent?
Mais finalement, en manière de protection et de régulation, quel est l'avis des premiers concernés ?
Une très grande majorité des répondants (78 %) estime qu'il devrait y avoir des restrictions pour éviter aux mineurs d'accéder à certains contenus, et 60 % pensent que les réglementations actuelles sont suffisantes pour les protéger. Pourtant, le contrôle imposé n'est pas toujours perçu selon de la même manière selon sa source :
- D'un côté, 71 % des répondants sont d'accord pour dire que c'est à leurs parents de décider des types de contenus auxquels ils peuvent accéder en ligne.
- D'un autre côté, 59 % estiment que le gouvernement ne devrait pas pouvoir décider ce que les mineurs peuvent ou non faire en ligne.
Il est également intéressant de voir que le comportement des adultes influence celui des enfants et adolescents. Ainsi, 72 % des ados interrogés estiment que les adultes devraient commencer par limiter leur temps d'écran avant de le demander à leurs enfants.
Quelles mesures sont les plus utiles pour protéger les ados ?
Enfin, parmi les mesures existantes, nous avons demandé aux répondants s'ils pensaient qu'elles étaient vraiment utiles dans le cadre de la protection des mineurs en ligne.
Vers le haut de la pageNotre table ronde sur la protection des mineurs en ligne
Testachats a organisé une table ronde en présence :
- d'une classe d'élèves de quatrième secondaire ;
- de la ministre du Numérique, Vanessa Matz ;
- de la directrice générale de la Ligue des Familles (Madeleine Guyot) ;
- d’une représentante des entreprises du numérique (Gwenaëlle Mercier) ;
- d’un professeur de droit (Antoine Delforge) ;
- d’une pédopsychiatre (Dr Sophie Maes).
L'un des principaux débats concernait l'interdiction des réseaux sociaux en dessous d'un certain âge. Pour la ministre Matz, il convient non seulement de mettre en place des outils réellement efficaces de contrôle de l’âge, mais aussi de mettre les plateformes face à leurs responsabilités en utilisant le cadre réglementaire existant lorsque celles-ci ne protègent pas suffisamment les mineurs.
Les intervenants soulignaient toutefois que le temps du "Far West numérique" est loin derrière nous. Aujourd'hui, les plateformes sont tenues de respecter un nombre important de balises. Il convient désormais de doter les autorités des moyens suffisants pour faire respecter les réglementations existantes. Un constat que ne partage pas la pédopsychiatre Sophie Maes. Elle souligne qu’entre 25 et 50 % des jeunes de 13 à 25 ans souffrent de troubles anxieux ou dépressifs. Une situation qui ne doit pas être ignorée.
L'avis de Testachats en matière de protection des mineurs en ligne
"Nous avons voulu participer à ce débat de société fondamental que constitue la protection des mineurs en ligne", explique Julie Frère, porte-parole de Testachats. "Nos résultats et la table ronde que nous avons organisée donnent la parole aux jeunes, qui sont les premiers concernés. Ils doivent être au centre de cette discussion. Aucune mesure ne peut réellement fonctionner si elle ne prend pas en compte leur point de vue, et ne suscite pas leur adhésion", estime-t-elle.
Le gouvernement De Wever veut autoriser la reconnaissance faciale : un danger pour la vie privée ?
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