L’origine unique des miels souvent douteuse

On paie beaucoup plus cher un miel produit à partir du nectar d’une seule variété florale ou d’une région bien précise. Pour savoir si ce surplus demandé est bien légitime, nous avons passé 28 échantillons de ces miels au microscope. Il s’avère que plus de la moitié diffère des normes légales sur un ou plusieurs points.
3 x du vieux miel dans des pots neufs
Le miel est un produit naturel qui doit être vendu frais et non transformé, conformément à un arrêté royal du 19 mars 2004. Sa qualité se détériore s’il est chauffé ou conservé trop longtemps, ce qui peut être mis facilement en évidence en labo. Trois des échantillons testés ne satisfaisaient pas à la norme.
5 x des sucres étrangers au miel
Le miel ne devrait contenir aucun sucre issu d’autres sources que le nectar ou le miellat. Or 5 des miels testés contenaient un faible pourcentage de mélasse bon marché provenant du maïs ou de la betterave sucrière.
11 x des pollens d’autres plantes
Selon la réglementation belge, l’étiquette peut mentionner une plante de laquelle il est tiré en (grande) partie et à laquelle il emprunte ses principales caractéristiques. Cette description trop vague ouvre la porte aux abus, comme le montre nos analyses des 21 miels testés et issus d’une seule fleur. 11 d’entre eux ne possédaient pas les caractéristiques exigées pour mériter le titre de miel monofloral.
7 x des pollens d’autres régions
Si une indication géographique apparaît sur l’étiquette, le miel doit alors être produit uniquement à partir du nectar de cette région. 7 échantillons contenaient du pollen d’autres provenances. Pour la production industrielle, ces pollens étrangers peuvent éventuellement provenir d’un autre miel passé auparavant par la même citerne ou les mêmes conduites. Mais cette explication ne peut être évoquée pour la production de miel mis en pot manuellement.
Un miel honnête s’il vous plaît !
Il est regrettable qu’un produit naturel comme le miel ne soit pas mieux protégé par les autorités. Sur les 28 miels monofloraux et régionaux analysés, 16 présentaient des manquements en termes de fraîcheur, d’authenticité des sucres ou de justesse de la mention de l’origine botanique et géographique. Les 12 échantillons qui s’en sortent avec les honneurs prouvent pourtant qu’il est tout à fait possible de commercialiser un produit qui répond à toutes les conditions en vigueur.
Nous avons déposé une plainte auprès du SPF Economie au sujet des 16 produits (voir dans l'album photo ci-dessous) qui ne satisfont pas aux exigences. Nous demandons des normes plus strictes de la part des autorités et réitérons notre demande en faveur de l’adoption, en Belgique, des normes européennes pour le miel.