Botox et "fillers": ce que les médecins ne vous disent pas au sujet de ces traitements antirides

Nous avons visité 33 centres esthétiques
Avec l’âge, la peau s’affine et perd de son élasticité. L’hypoderme perd ses tissus adipeux, ce qui provoque un affaissement des joies et des coins de la bouche. Les lèvres deviennent moins pulpeuses. Et les rides font leur apparition. Ces signes de vieillissement en dérangent plus d’un. Les crèmes anti-rides ? Elles ne font pas beaucoup plus qu’hydrater votre peau. Un lifting ? Plutôt invasif. C’est pourquoi certains préfèrent se faire injecter de la toxine botulique (mieux connue sous le nom de botox) et des fillers dans le visage. De quoi s’agit-il ?
Ne vous attendez pas à retrouver vos vingt ans si vous en avez quarante. Si ces « injectables » peuvent temporairement réduire vos rides et rajeunir votre visage, ce ne sont pas des produits miracles. Par ailleurs, tout le monde n’est pas éligible, il faut tenir compte d’éventuelles complications. Et le prix ? La note peut vite s’avérer salée.
Les cliniques de médecine esthétique font-elles preuve de suffisamment de transparence à ce sujet ? Pas toutes, montre notre enquête-mystère.
Deux clientes-mystères se sont présentées pour des conseils
Nous avons cherché, sur Google, trois cabinets esthétiques par province (+ Bruxelles), qui proposent des traitements au botox et aux fillers. Ceux qui figuraient en haut des résultats de notre recherche ont reçu la visite d’une de nos deux clientes-mystères (âgées respectivement de 45 et 50 ans). Elles se sont renseignées sur les avantages et inconvénients de ces traitements, ainsi que sur le coût. Précisons qu’elles s’en sont tenues à cet entretien informatif.
Plusieurs points problématiques
Tous les dispensateurs de soins chez qui nous nous sommes rendus se sont montrés transparents sur leurs tarifs. Ils ont aussi clairement indiqué avec quels produits ils travaillent (uniquement des marques connues), et que l’effet du botox et des fillers est temporaire. Nous avons cependant noté quelques manquements :
- Quatorze n’ont pas posé suffisamment de questions concernant les antécédents médicaux de nos clientes-mystères. Il existe pourtant un certain nombre de cas où le botox et les fillers sont déconseillés, ou pour lesquels une extrême prudence s’impose.
- La plupart des prestataires ont mentionné quelques complications fréquentes pendant l’entretien. Cependant, beaucoup ont passé sous silence celles présentant les risques les plus gênants ou graves. Des 31 centres qui proposent un traitement au botox, 11 n’en ont pas assez dit sur le risque d’affaissement temporaire de la paupière ou du sourcil. Parmi les 21 cabinets qui proposent un traitement aux fillers, un tiers n'a pas évoqué le risque d'occlusion vasculaire. Ces sujets doivent être abordés lors d'une première consultation.
- Beaucoup de cliniques appliquent des prix dégressifs lorsque le traitement concerne plus d’une zone du visage. Ce qui permet parfois d’économiser des centaines d’euros. Certains médecins offrent la gratuité de la consultation si l'on souscrit directement un traitement. Ou un tarif particulièrement avantageux si on vient à trois personnes. C’est interpellant car de tels accords/réductions sont en principe interdits dans un cabinet médical. Cela peut entraîner des sur-traitements.
- Huit cliniques ont remis une attestation de soins pour la mutuelle, donnant droit à un remboursement allant de 10,08 à 27,53 €. Les médecins ont utilisé le code de nomenclature d'une consultation ordinaire. Ce qui n’est légalement pas autorisé lorsque le but d’une consultation est purement esthétique, comme c’était le cas dans notre scénario.
Davantage de raisons de sourciller
- Les médecins ne doivent visiblement suivre aucune formation spécialisée pour pouvoir injecter du botox et des fillers. Ces traitements ne se limitent pourtant pas à de simples injections. La plupart des problèmes résultent d’une utilisation inappropriée.
- Vous pensez peut-être que les firmes doivent tester la sécurité des fillers cosmétiques et que l’Agence des médicaments (AFMPS) assure une supervision? Ce n’est malheureusement toujours pas le cas à l’heure actuelle.
Des mesures, SVP !
- Des exigences de formation plus sévères pour pouvoir injecter du botox et des fillers en tant que médecin. Une publication au Moniteur révèle que les pouvoirs publics avaient déjà l’intention de s’en occuper en 2013... avant de repousser le sujet aux calendes grecques.
- Qu’il soit mis un terme au système des tarifs dégressifs (plus il y a d’injections, plus le client économise). Une telle politique des prix a sa place en grande surface, pas dans un cabinet médical. Pareil pour les autres réductions et accords pouvant mener à un sur-traitement.
- Il n’est pas normal de faire participer financièrement le contribuable pour des conseils esthétiques. Nous demandons à l’INAMI de communiquer clairement à tous les médecins qu’un remboursement n’est pas admis pour les consultations à but strictement esthétique. Il semblerait que tous n’en aient pas été informés.
- Au vu de la popularité grandissante des traitements aux fillers, le SPF Santé publique et l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) devraient intervenir pour mieux contrôler la qualité des fillers cosmétiques dans notre pays.
Cet échantillon est un instantané qui ne permet pas de généraliser. Il donne cependant un aperçu de la situation dans le secteur. Nous avons envoyé une lettre contenant un feedback personnel à chaque clinique esthétique visitée.