Qualité des liquides de vapotage: du pain sur la planche

Depuis notre publication consacrée aux boutiques de vapotage l’an dernier, nous nous sommes intéressés de près aux cigarettes électroniques. Nous tenons à vous tenir informés des conclusions et des développements dans ce domaine.
L'étude récente de Sciensano (l’ancien Institut Scientifique pour la Santé Publique) sur la qualité des liquides de vapotage est très pertinente pour les vapoteurs (utilisateurs de cigarettes électroniques) en Belgique. Les résultats confirment ce dont nous nous sommes déjà plaints : il y a trop peu de contrôles de qualité.
Les chercheurs ont analysé 246 liquides de vapotage achetés entre 2013 et 2018. Ces derniers ont constaté que la qualité de ces produits s’est améliorée ces dernières années, depuis l’introduction de la nouvelle directive européenne sur les produits du tabac. Toutefois, certains problèmes persistent.
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Nicotine: étiquette vs réalité
Certains produits ne contenant prétendument pas de nicotine en contiennent quand même des traces. Et dans certains produits avec nicotine, la teneur réelle est légèrement supérieure ou inférieure aux indications reprises sur l’étiquette.
Du point de vue sanitaire, ce n’est peut-être pas dramatique, mais cela en dit long sur la précision du processus de fabrication.
L’étude de Sciensano laisse entendre que les différences sur ce plan sont moins fréquentes qu’il y a quelques années. C’est une bonne nouvelle, mais cela peut encore être amélioré.
- Liquides sans nicotine contenant quand même de la nicotine:
- 2018: 3 des 16 échantillons (19%) (traces)
- 2017: 1 des 19 échantillons (5%) (traces)
- 2016: 11 des 24 échantillons (46%)
- Liquides avec nicotine dont la teneur en nicotine s’écarte de plus de 10% de la valeur reprise sur l’étiquette:
- 2018: 9 des 53 échantillons (17%)
- 2017: 4 des 38 échantillons (11%)
- 2016: 10 des 34 échantillons (30%)
Substances préoccupantes
Positif: aucun produit acheté en 2018 ne contenait des substances organiques volatiles (comme le benzène) pouvant être nocives. C’est une amélioration: dans les échantillons achetés en 2016, elles étaient encore détectées dans 10% des produits. Il est néanmoins possible que ces substances se forment encore lors de l’évaporation des liquides de vapotage. Les chercheurs n’ont pas testé ce point.
Ils ont néanmoins trouvé du diacétyle et de l’acétylpropionyle. Ces arômes sont des exemples de substances ne présentant aucun danger lorsqu’elles sont ingérées, mais potentiellement nocives lorsque vous les inhalez. Elles confèrent un goût de beurre aux liquides de vapotage. Leur inhalation a déjà été corrélée avec des affections respiratoires.
Dans 55% et 27% d'échantillons analysés respectivement de 2017 et 2018, les chercheurs ont trouvé l’une de ces substances ou les deux. Il s’agit des saveurs suivantes: chocolat, noix, caramel et cake.
Des règles plus strictes et davantage de contrôles svp
Le diacétyle et l’acétylpropionyle sont potentiellement nocifs et ne sont pas nécessaires à la production d’un liquide de vapotage. Pourtant, ils y sont encore et toujours ajoutés.
La loi stipule toutefois que les fabricants, en dehors de la nicotine, ne peuvent pas ajouter de substances qui, tant à l’état chauffé que non-chauffé, présentent un danger pour la santé de l’homme.
Mais c’est là que le bât blesse, car cette loi est très vague. Le diacétyle et l’acétylproprionyle ne sont pas explicitement interdits. Il n’existe aucune liste d’ingrédients autorisés. Il n’existe aucun test standardisé obligatoire permettant aux fabricants de démontrer que leur produit est le plus sûr possible. Les fabricants peuvent choisir eux-mêmes la façon dont ils testent leurs produits. Et nous devons leur faire confiance sur ce plan. En outre, cette loi s’applique uniquement aux liquides de vapotage contenant de la nicotine. Pour les produits sans nicotine, il n’existe aucun arrêté royal...
Il est clair qu’il reste encore pas mal de pain sur la planche en matière de réglementation.